L'été de la révolte, l'hiver de la colère
Réunis en conseil d'administration, en début de semaine dernière, la FRSEA Massif central et les JA ont appelé leur troupe à la mobilisation, face à trois sujets majeurs, qui s'ils ne sont pas résolus rapidement risquent de conduire les agriculteurs droits dans le mur.
En ce début 2016, la situation des agriculteurs du Massif central est grandement fragilisée. La succession de crises économiques, sanitaires et climatiques ont fortement détériorée les situations de bon nombre d'entre eux. Suite aux mobilisations syndicales d'envergue de l'été, en septembre 2015, le gouvernement annonçait 600 millions d'euros d'aide à l'élevage.
La profession s'interroge aujourd'hui sur la destination de ces fonds : « Le fond d'allégement des charges est d'un niveau insuffisant et la mise en oeuvre de l'année blanche patine ».
Même constat, sur la mise en oeuvre du fonds calamités et des soutiens spécifiques liés aux conséquences de la FCO, annoncés en octobre.
« Pour la FCO, après avoir subit une perte de 200 EUR/animal, les éleveurs n'ont pas touché un seul centime ! », s'agace Patrick Bénézit, président de la FRSEA Massif central. Sur la question de la sécheresse, « de nombreux départements du Massif central ne sont pas reconnus au niveau du réel impact du phénomène climatique de 2015. Des engagements avaient pourtant été pris pour revoir la situation au mois de janvier ».
Pour les professionnels, le gouvernement ne peut pas continuellement dire et se dédire. Sur le terrain, les situations dramatiques se multiplient. La pullulation des rats taupiers dans certaines zones est un motif de colère supplémentaire qui demeure pour l'heure avec peu de réponse.
2016, engagements non tenus !
Cerise sur le gâteau, pour la FRSEA Massif central, « le vol de 255 millions d'euros du fond de réserve calamités (alimenté par tous les agriculteurs) opéré en décembre par les pouvoirs publics ! Les mêmes pouvoirs publics incapables de verser l'intégralité des aides PAC dont le paiement du solde est sans cesse repousse par une administration française dépassée ».
Bilan, non seulement les mesures d'urgence promises ne sont pas sur les comptes des agriculteurs mais en plus, « leur caisse de gestion de calamités a été littéralement pillée ».
Jugeant la situation intolérable et d'autant plus explosive dans un contexte où les prix des produits agricoles sont à la peine, les agriculteurs du Massif central comptent bien se faire entendre par la mobilisation syndicale. Des manifestations devraient être organisées dans chaque département tout au long de la semaine en cours et à venir.
Sophie Chatenet
« Arrêtons le massacre sur les prix »
Les professionnels du Massif central estiment plus que nécessaire que les cartes soient rebattues au niveau de l'Europe. Lait, porc, viande bovine, céréales... Rien ne va plus sur les prix. « Si la seule logique est de mettre en concurrence les pays européens entre eux, on ne tiendra pas longtemps », estime Patrick Bénézit. Le salut agricole, le Massif central l'envisage par la construction d'un projet alternatif européen. « Il faut absolument réorienter la politique européenne vers la gestion de marché », martèle Yannick Fialip, président de la FDSEA de Haute-Loire et de la section régionale laitière.