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Les sols agricoles, solution pour l'avenir

Un peu délaissées au profit de la recherche de productivité nécessaire après la seconde guerre mondiale, les pratiques de protection des sols connaissent un fort développement depuis une dizaine d'années. Pour l'agriculteur, leur mise en oeuvre nécessite cependant d'accepter la complexité et d'intégrer ces techniques dans un système d'exploitation plus global.

© J.-C. Gutner

« De mon point de vue d'agriculteur, la vie du sol n'est pas un objectif en soi, c'est un outil de plus à son arsenal », explique Samuel Bouquet, agriculteur venu témoigner de ses pratiques au débat sur les sols organisé par l'APCA, l'Inra et les éditions France Agricole le 11 mai. Cet exploitant en Seine-Maritime a mis en place un certain nombre de pratiques pour lutter contre l'érosion et la chute du taux de matière organique : réduction du labour, optimisation des cultures intermédiaires, strip-till, redécoupage des parcelles... Car « pour se passer de travailler le sol, il faut qu'il soit nourri et actif biologiquement », rappelle Matthieu Archambeaud, auteur du livre « Les sols agricoles, connaissance, observation et amélioration », un guide pratique pour permettre aux agriculteurs de mieux connaître leurs sols et les moyens de les préserver. Enjeu de tout temps pour les agriculteurs qui se doivent de transmettre un patrimoine encore productif, la problématique de la conservation des sols connaît néanmoins un regain d'intérêt, poussée par la réglementation qui impose la couverture des sols, mais aussi par la volonté de réduire les coûts de production, à travers par exemple les techniques culturales simplifiées. Sans compter qu' « avec la qualité des nouveaux outils de biologie, on est peut-être à l'aube d'une nouvelle période », précise Jérôme Balesdent, chercheur et spécialisé dans la matière organique des sols. Il ne faut cependant pas oublier que « le changement de pratique est inhérent à un risque, particulièrement dans le contexte économique du moment », nuance Samuel Bouquet. Dans sa région, la moisson tardive réduit le choix des espèces possibles pour réaliser un couvert, il faut raisonner à l'avance en fonction de l'interculture, avec en outre « toujours cette peur que le couvert ait un impact sur les cultures à forte valeur ajoutée ».

Dépasser la complexitéEn effet, « quand on parle d'agroécologie, les principes sont très simples, mais on s'aperçoit quand on essaye de les mettre en pratique au quotidien que c'est très compliqué. Si on ne détruit pas au bon moment, ça ne s'appelle pas un couvert mais une adventice, et en plus on l'a payée ! » précise Matthieu Archambeaud. Une complexité qui rend le changement de pratiques difficile, car il faut les adapter à la spécificité de chaque exploitation. La force des agriculteurs, souligne néanmoins Guy Vasseur, président de l'APCA, « c'est qu'ils sont tous ingénieux et cherchent en permanence des solutions quand les problèmes se posent ». « On est vraiment dans une phase où l'ensemble du collectif et des agriculteurs qui observent et qui expérimentent vont faire émerger des innovations et peut-être aller plus loin, nous aider à mieux comprendre les résultats de la recherche fondamentale », estime Jérôme Balesdent. L'avantage, c'est qu'une fois cette complexité apprivoisée, les résultats se font sentir. L'Inra utilise d'ailleurs le terme « plante de service » à la place de « couvert », pour mettre en avant la fonction. « C'est le degré de liberté de demain », insiste Christian Huyghe, directeur scientifique adjoint de l'Inra, qui entrevoit avec optimisme toutes les perspectives offertes par les sols dans le développement de l'agriculture. Guy Vasseur en est également convaincu : le président de l'APCA rappelle que les sols restent « le coeur de métier » des chambres d'Agriculture. Ces dernières sont d'ailleurs engagées dans le programme 4 pour 1 000 initié par le ministre de l'Agriculture pour stocker davantage de carbone dans les sols. « Développer la matière organique, c'est assurer plus facilement l'avenir », conclut Guy Vasseur.

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