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Les Salers corréziennes au Sommet de Cournon

Après avoir occupé l’affiche du SIA, la race salers est mise à l’honneur au Sommet de Cournon en octobre prochain. Cette race est originaire du Cantal et la Corrèze, en bonne voisine, héberge de nombreux élevages de la belle acajou.


Notre département compte aujourd’hui 100 élevages de salers contre 65 en 2010.
« Les nouveaux éleveurs de cette race rustique sont bien accueillis par les plus anciens et ils trouvent leur place » explique Jean-François Matthieu, le président du Syndicat des Éleveurs Salers de la Corrèze. Une belle entrée en matière pour aller à la rencontre de deux éleveurs corréziens. L’un bien installé, à la tête d’un solide cheptel et habitué des concours : Nicolas Gane en Gaec avec son frère Olivier. Le second, en début de diversification, avec 8 têtes salers pour l’instant qui complètent un élevage ovin en sélection et en viande : Romain Ferrière.


Romain, le rugbyman


Le jeune homme de 26 ans, récemment papa, évolue comme 2e ou 3e ligne au club de Naves- Lagraulière. « J’ai toujours voulu m’installer comme agriculteur, explique Romain, et pour ce faire j’ai passé un bac pro CGEA à l’ EPLEFPA de Saint Yrieix la Perche. J’ai ensuite travaillé chez un fabricant d’aliments pendant deux ans, puis, j’ai intégré le service exploitation des routes du Conseil Départemental au centre d’exploitation de Bugeat. Mais au bout de deux ans, on m’a signalé qu’une exploitation presque voisine de celle de ma mère était à vendre à Uzerche. »


C’est là que commence l’aventure pour l’agriculteur. Le cédant a vendu son cheptel de limousines bio plein air et Romain s’installe sur la ferme en janvier 2022. Il est maintenant à la tête d’un cheptel de 550 brebis : 60 suffolks et autant de charolaises, 250 limousines, toutes en sélection, le reste en suffolk viande qu’il écoule en passant par une coopérative à destination d’un supermarché à Seilhac ou bien dans les petites boucheries locales. Typiquement du circuit court !


Romain exploite 110 hectares. Il a dû enlever les barbelés existants de l’ancien exploitant et poser du grillage léger (ursus) pour ses brebis qui se sauvent facilement, « surtout les limousines » ajoute-t-il. Mais deux parcelles souvent visitées par les sangliers étaient difficiles à maintenir avec l’ursus. Et au fil des rencontres l’idée de se diversifier en salers va prendre corps : « Elles sont bien plus attachantes que les brebis, depuis le début je les élève quasiment comme des petits chiens, je passais beaucoup de temps avec elles tous les jours à les caresser et à leur parler » dit le jeune agriculteur. Ce qui l’a décidé ? « Elles sont rustiques et solides, elles vivent dehors et elles n’ont pas besoin de granulés en complément ». Ces mots-là on les entend de tous les éleveurs de la race salers et c’est bien ce qui, entre autres, la défini).
 

Au programme de l’élevage Ferrière : acheter une quinzaine d’autres salers réservée auprès d’un élevage du cantal. Mais pour l’instant Romain va amener Tamara, génisse qui va concourir pour la catégorie 24-30 mois au Sommet de l’élevage, mais aussi des brebis : Il a en effet déjà remporté de nombreux prix avec ces dernières. Il vient d’ailleurs d’endosser pour la première fois le rôle de juge pour les ovins lors du comice d’Espartignac. Il vient aussi d’apprendre « avec beaucoup de plaisir » qu’il sera présent au Festival de l’élevage de Brive.
 

Nicolas et Olivier Gane, sous le fier regard du papa


Le papa, Jean-Claude, s’était installé en 1977 avec une vingtaine de truies et 9 vaches laitières prim holstein, puis des salers en laitières. C’est certainement là que « l’histoire d’amour » avec cette race a débuté dans cette famille de Saint-Julien-au-Bois en Xaintrie. Car c’est vraiment la passion et l’attachement que l’on sent chez les trois hommes en se promenant avec eux à travers champs au milieu de leurs bêtes. Il faut dire qu’elles sont belles avec leur poil frisé et leurs fines cornes à l’ombre des arbres par cette chaude après-midi d’été nous regardant passer d’un air paisible ! Jean-Claude le dit : « c’est la race la plus belle et la meilleure, elles font leurs petits toutes seules dans les prés ! Sur 100 vêlages, on perd en moyenne un seul veau » . Nicolas complète plus posément : « il faut les surveiller tous les jours quand même mais c’est vraiment une race rustique qui ne craint ni le froid, ni la neige, mais un peu plus l’humidité. On se souvient d’une campagne de publicité avec des affiches qui disaient : dormez tranquille, élevez des Salers. »


C’est en 2006 que Nicolas et Olivier, respectivement âgés aujourd’hui de 43 et 49 ans, reprennent l’exploitation familiale en Gaec. Pourtant si Olivier, lui, a passé un diplôme agricole, Nicolas était plus hésitant au départ et se destinait à être peintre en bâtiment. Et puis, il a finalement passé un BPREA en formation adulte à Cornil.


Ils commencent par 24 hectares et en ont aujourd’hui 150 tout en location. En 2007 ils construisent leur stabulation. Cette année un nouveau bâtiment va voir le jour recouvert de panneaux photovoltaïques et financé par un tiers investisseur, afin de « pouvoir rentrer le reste du troupeau » expliquent les éleveurs. En effet le fameux Trésor, âgé de 2 ans et demi, reste dehors toute l’année. Il va défendre les couleurs des Gane au Sommet où ses propriétaires espèrent le podium. En 2009 ils sont arrivés 3e au prix d’honneur (1 mâle et 4 femelles représentants un élevage) avec la vache Bichette. Cette dernière est maintenant âgée de 18 ans et son dernier veau n’a qu’un an : on peut la voir paître en compagnie de sa fille Harmonie âgée de 13 ans. En 2022, lors du concours national salers à Brive elle est arrivée 4e de sa section vache âgée. Le Gaec Gane est à la tête d’un troupeau de 100 mères, de 20 génisses de 12 à 24 mois, de 17 génisses de 2 à 3 ans et d’une dizaine de taureaux. Une partie des broutards est gardée pour la reproduction et le reste est vendu pour l’Italie. Olivier et Nicolas ont été contactés dernièrement par une société d’export afin de vendre aux enchères leurs reproducteurs. Pour l’instant les deux frères revendent par la station d'évaluation de la race Salers dans le cantal.
 

Quant à savoir si le fils d’Olivier ou le fils et la fille de Nicolas reprendront un jour la suite de leurs pères et grand-père, seul l’avenir le dira. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter à ces trois éleveurs passionnés, ainsi qu’aux autres corréziens et à leurs magnifiques acajous, le meilleur pour ce Sommet de l’élevage.

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