Les règles d’or de la salle de traite
Parce que le trayeur passe de nombreuses heures dans sa salle de traite, fonctionnalité et confort doivent primer lors du choix de l’outil et avant son installation.
La salle de traite est utilisée en moyenne plus de 1 000 heures par an. Si elle n’est pas automatisée, c’est l’outil le plus manipulé par le producteur, bien avant son tracteur. Le choix du type de salle de traite et de ses équipements doit être «mûrement réfléchi». Dans le cas contraire, la moindre petite erreur peut transformer l’endroit en une salle de torture. Eliane Teissandier, conseillère bâtiment à l’EDE du Puy-de-Dôme rappelle les règles d’or d’une salle de traite fonctionnelle et confortable. Elle insiste d’ailleurs sur un point : « parfois il vaut mieux laisser de côté les gadgets inutiles et privilégier le confort ».
Quelle salle de traite pour moi et mon troupeau ?
C’est la première question à se poser. La construction d’un bâtiment neuf ou la rénovation d’une salle de traite offriront plus ou moins de possibilités. Chaque type d’équipement propose son lot de fonctionnalités, de confort et d’inconvénients.
La salle de traite en épi, le modèle le plus classique et le plus répandu, est aussi le moins cher. Il permet une parfaite visualisation de la vache dans son ensemble mais augmente les risques de coups de pieds.
La salle de traite par l’arrière ne possède pas ce défaut et offre une meilleure visualisation de la mamelle (moins de la vache entière). Eliane Teissandier prévient : «c’est un système où l’éleveur se salit davantage, je conseille toujours d’aller visiter ces équipements pendant les heures de traite. Car ce n’est pas adapté à tout le monde».
Les modèles rotatifs, bien moins nombreux et beaucoup plus coûteux, sont recommandés pour les troupeaux supérieurs à 90 vaches. Ces systèmes ont l’avantage de ne pas créer d’effet cohue aux entrée et sortie des animaux et donc d’augmenter la cadence de la traite.
Les règles d’or
Quel que soit le système choisi, plusieurs règles doivent être appliquées.
La première d’entre elles concerne la circulation des animaux dans les deux sens. «Elle doit être optimale. Les vaches doivent entrer et sortir sans peine. Il n’y a rien de plus désagréable pour l’éleveur que des animaux qui hésitent sans cesse !» Eliane Teissandier conseille donc de porter une attention particulière aux aires d’attente et aux couloirs de sortie. «Il faut éviter les recoins, les points sombres, limiter les marches ; une vache montera sans difficulté mais aura des problèmes pour descendre. D’ailleurs la hauteur des marches ne doit pas excéder 15 cm. Les surfaces doivent accrocher sous les pattes». Sur un équipement neuf, la conseillère bâtiment recommande vivement l’installation d’une sortie rapide qui, comme son nom l’indique, permet une évacuation instantanée des animaux après la traite.
La seconde règle d’or, et non des moindres, concerne le confort du ou des intervenants. La salle de traite doit être suffisamment éclairée. D’expérience, Eliane Teissandier ne conseille guère les puits de lumière «souvent recouverts de toiles d’araignées et donc inutiles». A contrario, elle invite les éleveurs à baisser la hauteur des néons. «Il faut ajuster leur position selon la taille de l’éleveur pour le placer juste au-dessus de sa tête ; prévoir tout de même une hauteur suffisante pour laisser passer le bonnet à pompon en hiver !»
Suivant sa position géographique, l’éleveur doit également veiller à conserver un minimum de chaleur dans la salle de traite. «L’idéal est un rideau ou un toit modulable réalisé avec quelques chevrons et des plaques d’isolants. Attention à ne pas trop couper la lumière naturelle». Et en été, l’installation d’un système de brumisation permet de maintenir la fraîcheur et de faire fuir les mouches.
Une hauteur modulable
Le plus grand défaut commun à toutes les salles de traite est la hauteur des quais. Dans les Gaec et les exploitations employant des salariés, le trayeur n’est jamais le même. «La hauteur du quai de la salle de traite est calculée en fonction de la taille de l’éleveur. Mais si l’associé ou l’employé font 10 cm de moins ou de plus que lui, ils seront dans une situation inconfortable». Les douleurs dans les épaules et les bras sont caractéristiques de cette problématique.
La traite est une tâche longue et répétitive (plus de 1 000 heures par an) alors le moindre inconfort peut se transformer en douleur chronique. Depuis plusieurs années maintenant, Eliane Teissandier encourage les éleveurs à installer des fonds de salle de traite réglables. «Selon l’intervenant, on peut le baisser ou le monter pour qu’il travaille à sa hauteur. J’ai même rencontré un éleveur qui, selon son état de fatigue, le réglait chaque jour différemment». Cet équipement demande un investissement d’environ 10 000€. «Entre porte-monnaie et troubles musculo-squelettiques, il faut choisir. Le prix qui n’est pas mis dans le confort sera mis chez un kiné !»