INTERVIEW
« Les plans d'aide régionaux sont victimes de leur succès »
Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA 63, et Henry Ferret, président des JA 63, reviennent sur leurs échanges avec le Conseil régional concernant les retards de traitement et de paiement des demandes d'aides FEADER et DJA.
Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA 63, et Henry Ferret, président des JA 63, reviennent sur leurs échanges avec le Conseil régional concernant les retards de traitement et de paiement des demandes d'aides FEADER et DJA.
Mercredi 3 avril, la FNSEA-JA 63 a rencontré Fabrice Pannekoucke, vice-président de la Région AuRA en charge de l'agriculture, pour faire le point un an après sa reprise de compétence de l'agriculture. Quelles problématiques avez-vous fait remonter ?
Sabine Tholoniat : Nous avons abordé la question du fonctionnement et du traitement des dossiers co-financés par l'Europe (FEADER), pour faire suite aux nombreux témoignages de professionnels concernant des retards de traitement et de paiement. Or, de nombreux investissements ont été réalisés par les agriculteurs qui comptaient sur ces financements. Nous avons demandé que cette situation soit réglée au plus vite.
Henry Ferret : Côté DJA, nous avons signalé que plus de 200 dossiers, dont une centaine date de l'ancienne programmation, sont en attente du règlement de leur acompte. Nous avons également fait remonter les difficultés d'accès à l'aide bâtiment rencontrées par la plupart des éleveurs bovin viande installés en zones de plaine, qui sont peu à atteindre le taux d'éligibilité minimal fixé à 30 points. Au sein d'une filière où le cheptel et la production reculent, nous avons rappelé qu’il était important de les soutenir afin qu'ils continuent d'investir et maintiennent la viabilité de leurs exploitations pour les futurs repreneurs.
Quelles réponses le Conseil régional vous a-t-il adressées ?
S.T. : En fait, la Région ne s'attendait pas à ce que le programme rencontre un tel succès. Les 24 dispositifs FEADER ouverts par la Région pour la période 2023-2027 croulent sous les demandes. Par ailleurs, des milliers de dossiers datant de la précédente programmation AuRA (2018-2022) restent encore à traiter d'ici la fin de juin 2025. La Région a promis de faire au plus vite, mais les délais de traitement restent incertains. Par ailleurs, aux vues du nombre de dossiers, le budget alloué par la Région à l'agriculture, bien qu'il soit le plus important de France, risque d'être dépassé. L'Auvergne-Rhône-Alpes s'étant engagée à aider ses agriculteurs à investir dans des outils neufs, compétitifs, pour conserver une agriculture dynamique, prévoit d'octroyer une rallonge. D'autres mesures pourraient être prises dans les mois à venir.
H.F. : Concernant les 200 dossiers DJA, la Région s'est engagée à régler la totalité des acomptes avant l'été 2024. Sur l'aide bâtiment, les taux d'éligibilité à l'aide bâtiment ne baisseront pas, et risquent même d'augmenter car l'enveloppe ne suffira sûrement pas à satisfaire toutes les demandes. Toutefois, la Région a pris bonne note des points de vigilance soulevés au sujet du secteur bovin viande des zones de plaine, dont elle n'avait pas conscience puisque la majorité des éleveurs non éligibles n'avaient naturellement pas déposé de demande.
Qu'en est-il au niveau départemental ?
S.T. : La Région s'est dite consciente des difficultés rencontrées par ses agriculteurs, sur l'ensemble du territoire et dans chaque département. Elle a réaffirmé que la profession agricole (FNSEA-JA et Chambre d'agriculture) était un interlocuteur de premier ordre, et que les déclinaisons départementales ne seront pas oubliées.
H.F. : Le bilan de cette première année a été impacté par de nombreux bouleversements. Néanmoins le Conseil régional se montre à l'écoute, s'intéresse et s’investit pleinement dans son agriculture, toutes filières confondues.
Lire aussi -> De jeunes agriculteurs freinés dans leur installation