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Les marchés forestiers à des niveaux historiques

La coopérative forestière Unisylva clôture l’année 2021 sur un bilan positif grâce à un contexte exceptionnellement favorable au bois, entre augmentation des prix et recul des importations.

Les propriétaires forestiers ont le sourire. «C’est du jamais vu depuis plus de 30 ans.» Lors de l’assemblée générale de la section Auvergne d’Unisylva, Benoît Rachez, directeur adjoint de la coopérative forestière, ne tarit pas d’éloges sur les résultats de la structure. En 2021, les prix du bois ont flambé suite à un fort accroissement de la demande. «Les marchés sont extrêmement bons encore aujourd’hui et sur tous les produits.» Qu’il s’agisse du bois charpente ou de l’emballage, ils jouissent d’effets structurels, tels que l’évolution des réglementations favorisant notamment la construction avec des matériaux renouvelables. Ce nouvel engouement pourrait dans un avenir proche inciter les propriétaires forestiers à revenir à une gestion productive de la forêt.

 

Un contexte national influencé par l’international

C’est une année record qui s’est écoulée pour Unisylva. La coopérative forestière aux 12 962 adhérents et 374 517 hectares, clôture 2021 et débute 2022 sur des chiffres longtemps rêvés dans «un contexte exceptionnel» pour Benoît Rachez. Unisylva enregistre de ce fait, l’un des plus haut chiffres d’affaires de son histoire : 68,8 millions d’euros. Décomposé, ce résultat repose majoritairement sur l’augmentation de la demande en bois charpente « la réglementation RE2020 sur la rénovation des bâtiments aidant». Les constructeurs font de plus en plus appel à ce matériau renouvelable, élaboré à partir de résineux. Or, l’approvisionnement via les pays de l’Europe de l’est et du nord est mis à mal à la fois par les effets conjoncturels de la pandémie et le dépérissement de certains boisements sous le coup de l’alliance réchauffement climatique et développement de scolytes (voir article ci-dessous). «Les marchés mondiaux sont déséquilibrés provoquant une hausse des prix et des sources d’approvisionnements différentes comme la France.» L’effet ne s’arrête pas au bois charpente mais concerne également l’ensemble de l’industrie du feuillus et des résineux ainsi que les bois destinés à l’emballage (palettes, cartons, papiers...).

 

L’Auvergne-Rhône-Alpes profite de ce rebond

Ce contexte haussier profite bien évidemment à l’Auvergne. La section régionale d’Unisylva termine 2021 sur un volume de commercialisation en augmentation de 19% et un chiffre d’affaires de près de 20 millions d’euros. «Ce dernier a pris +22% par rapport à 2020, surtout parce que les volumes commercialisés sont plus importants et pas uniquement parce que les prix ont augmenté» souligne Nicolas De Menthier, président de la section.

Ce contexte favorable à la production sylvicole est-il appelé à durer ? « Nous sommes très confiants » affirme Benoît Rachez. Les premiers chiffres de 2022 montrent une demande toujours soutenue dans l’ensemble des domaines et surtout sur l’emballage du fait de la guerre.

« La Russie, la Biélorussie et l’Ukraine représentent 20 % des importations de bois résineux dont une très grande part est dédiée à l’emballage. Le conflit n’étant malheureusement pas appelé à cesser du jour au lendemain, les tensions actuelles sur les marchés vont perdurer. »

Toute médaille a cependant son revers et le marché sylvicole n’en est pas exempté. À force de difficultés d’approvisionnements sur les charpentes et de délais à rallonge, « les clients commencent à voir leurs carnets de commandes s’amoindrir ». À cela s’ajoute la peur de la pénurie et le stockage en masse de bois, « sans incidence sur les prix pour l’instant». Unisylva et bien d’autres coopératives et syndicats forestiers encouragent les propriétaires depuis de nombreuses années à ré-investir et entretenir leurs forêts. Le marché actuel est une motivation supplémentaire mais garde à ne pas répondre trop vite à l’appel de la sirène... Le directeur-adjoint d’Unisylva exhorte ses adhérents à rester « vigilants sur le maintien de l’équilibre des marchés et la gestion durable des forêts ».

 

Les forêts de résineux dépérissent

Les résineux subissent de plein fouet les évolutions climatiques qui les rendent vulnérables aux attaques de parasites. Les scolytes, de petits coléoptères ravageurs, pullulent près des arbres fragiles et affectionnent les températures comprises entre 17°C et 40°C. Les boisements d’épicéa sont particulièrement touchés du fait de leur sensibilité accrue aux hausses de températures et aux sécheresses. Le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il touche l’ensemble de l’Europe. La pullulation a commencé en France sur la région Grand Est et s’étend désormais sur la quasi-totalité des forêts d’épicéas, de la moitié nord de la France (Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France, Normandie) à l’Auvergne Rhône-Alpes. «Si on caricature la situation, tous les boisements en dessous de 1 000 m d’altitude sont touchés» précise Philippe Regad agent à l’ONF. Selon l’office national des forêts, «ces peuplements sont condamnés d’ici 30 à 40 ans».

MC


 

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