Aller au contenu principal

Les livres à lire pour bien aborder le salon de l’agriculture

Alors que le Salon de l’agriculture ouvre ses portes samedi 22 février Porte de Versailles à Paris, focus sur deux livres qui explorent différentes facettes de l’agriculture.

Une moissonneuse dans un champ de blé
Une moissonneuse dans un champ de blé
© Gabriel Omnès

Destiné à devenir un brillant avocat pour les grandes entreprises de l’énergie du CAC40, Thimothée Dufour a pris fait et cause pour la défense du monde agricole. Tout a commencé quand Fabien Le Coidic, éleveur bio de vaches bretonnes pie noir, contacte le jeune avocat par le biais d’une connaissance commune. Les voisins néo-ruraux de cet éleveur ne voulaient pas entendre parler de son projet d’installation à Adainville, dans les Yvelines. Ils y ont mis les formes, en allant jusqu’à déposer des lettres de menace dans sa boîte aux lettres, courageusement signées « Vos voisins ». Pis. L’exploitation de Fabien Le Coidic est totalement stigmatisée, les voisins allant jusqu’à pointer « une forme d’élevage rétrograde et cruelle », alors même que les vaches paissent dans les prés. Le sang de l’avocat, petit-fils d’agriculteur, ne fait qu’un tour, bien décidé à prouver que les campagnes, loin d’être des espaces aseptisés, sont au contraire des territoires économiques et sociaux bien vivants et que l’agriculture y a toute sa place… Mais parfois, cela ne suffit pas, comme l’a prouvé le procès de Vincent Verschuere qui a finalement été condamné à verser 106 000 € de dommages et intérêts à ses voisins qui avaient porté plainte pour nuisances sonores et olfactives. Le pire dans cette affaire que Thimothée Dufour déroule avec force détails dans son livre est que parmi les dix plaignants, quatre ont depuis vendu leur maison à bon prix.
Soldat du droit
L’ouvrage rédigé avec la collaboration du président de l’association française des journalistes de l’agriculture et de l’alimentation (AFJA) et journaliste au Figaro, Éric de La Chesnais, relate les procès les plus emblématiques qu’il a eus à traiter ces dernières années. La question de fond que pose Thimothée Dufour est la suivante : veut-on encore de nos agriculteurs en France ? Car les mêmes personnes qui prônent la qualité des produits et les circuits courts sont les mêmes qui refusent un atelier de canards, une stabulation, un abattoir ou des moutons paissant dans les prés à quelques encablures de chez eux.
Ces velléités sociétales se conjuguent avec des réalités tout aussi cruelles que sont les lois, décrets, règlements, circulaires, françaises ou européennes qui viennent entraver un peu plus chaque jour l’activité agricole en France… Ce livre respire l’ode à la campagne, aux paysans, au dur labeur et à la concorde (utopique ?) entre agriculteurs, ruraux et citadins. L’agriculture vient de se trouver son soldat du droit et un défenseur passionné de leur cause, en tout temps, tous lieux, en la personne de Thimothée Dufour. 

La prédation, toujours d’actualité

Plus proche de la Lozère, un agriculteur s’est découvert des velléités d’écriture avec la parution de son livre, « Le Festin des loups » en 2024. Olivier Maurin, a commencé son combat dans les années 2010, lorsque son troupeau ovin a été attaqué sur le mont Lozère. Maire de Prévenchères depuis 2020, il n’en a pas pour autant oublié sa bataille, même s’il a décidé de la mener, « pour l’instant », avec des mots.
Entre 2010 et 2020, il aura été de toutes les manifestations contre le loup, et participé à de nombreuses réunions tant départementales que nationales sur le sujet pour tenter d’alerter le grand public sur cette problématique qui « impacte les éleveurs au quotidien, et met à mal une économie de territoire ». Au-delà du loup, il apporte aussi régulièrement son soutien aux agriculteurs prédatés par l’ours, notamment. 
Éleveur de brebis, président de la filière IGP Élovel, Olivier Maurin tient à son territoire et à sa profession. Et s’il avoue une « certaine fatigue d’un combat sans fin », son livre dessine aussi toute la passion qu’il ressent pour un métier qu’il a choisi après des études qui auraient pu le mener sur d’autres voies. Ce livre aura pris près de cinq ans entre les premières ébauches et l’édition finale.
« Le retour du loup est un symbole », note l’auteur, qui souhaite, à travers ses lignes, porter la voix des milliers de sans-voix des territoires ruraux. « Abandonnés par l’État et culpabilisés par un discours écologiste simpliste, les éleveurs et les bergers français sont incapables de défendre leur métier. Ils renoncent même à transmettre cette vie de passion à leurs enfants », détaille Olivier Maurin. Engagé depuis des années, l’auteur défend l’excellence de la production du paysan qui aime ses bêtes et sa terre. Maire d’une commune rurale, il sait que l’arrivée d’un loup, c’est du sang et des larmes, et le mépris des administrations. Cet ouvrage est une invitation à sortir du dogmatisme « pro-loup » ou « anti-loup ». Agriculteur, Olivier Maurin livre ici ce que sont sa vie et celle de ses pairs. Il tente aussi de proposer des solutions concrètes pour une coexistence prospère des mondes sauvage, agricole et citadin.
 

En pratique

  • La défense est dans le pré, Thimothée Dufour, Éditions du Rocher, 19,90 €.

  •  Le festin des loups, Olivier Maurin, Éditions Première Partie, 18,50 €.

Les plus lus

Les associés du Gaec de la Cartalade avec Emmanuel Grange de chez DeLaval devant les 3 robots fraichement installés.
3 robots de traite nouvelle génération pour gagner en souplesse de travail

À Mercoeur, les 5 associés du Gaec de la Cartalade ont fait le choix de traire un troupeau de 150 vaches montbéliardes à…

vaches de races limousines dans un pré.
Aide au vêlage : 200 € par vêlage financés par la Région Auvergne-Rhône-Alpes

Destinée à encourager la recapitalisation du cheptel bovin viande dans la région, cette aide au vêlage ouvrira à partir de…

nombreuses personnes autour d'un robot de traite.
Robot et pâturage : mission possible !

Le robot de traite ne rime pas forcément avec stabulation intégrale. À Vic-sur-Cère, éleveurs et techniciens ont partagé…

“Je veux pouvoir aller aux vaches en baskets !”

Chez les Noyer, à Saint-Martin-Cantalès, on ne lésine pas avec la propreté des vaches, de la stabulation et de la salle de…

vaches charolaises dans un pré.
Provision élevage : Comment les éleveurs peuvent bénéficier de cette mesure fiscale obtenue par le syndicalisme FNSEA-JA ?

La nouvelle provision élevage, déductible du résultat imposable, peut permettre aux éleveurs bovins d’économiser, dans les…

Dissolution de Gaec : quand les associés ne font plus société

Le nombre de dissolutions de Gaec pour cause de mésentente est en légère augmentation. S’ils font parler, ces cas restent…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière