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Les éleveurs creusois engagés dans le sanitaire depuis 70 ans

Depuis 1953, le Groupement de Défense Sanitaire du Cheptel Creusois, devenu GDS Creuse, œuvre pour l’amélioration sanitaire des élevages d’animaux de rente.

Dès 1954, les étables contrôlées peuvent bénéficier de plaques vendues par le GDS et apposées sur les portes afin d’identifier les élevages sains. Le bénéfice est double, permettre aux éleveurs de toucher les subventions de l’Etat et afficher au grand jour le statut sanitaire des cheptels.
Dès 1954, les étables contrôlées peuvent bénéficier de plaques vendues par le GDS et apposées sur les portes afin d’identifier les élevages sains. Le bénéfice est double, permettre aux éleveurs de toucher les subventions de l’Etat et afficher au grand jour le statut sanitaire des cheptels.
© Archives

En 1953, suivant un mouvement initié par la Vendée dès 1951 (cf. article Histoire des GDS la semaine dernière) et à l’initiative du Directeur des Services Vétérinaires de l’époque, M. Le Cain, les éleveurs creusois décident de se regrouper pour lutter contre la tuberculose en créant leur structure sanitaire.

Une assemblée générale constitutive consacrée à la lutte contre la tuberculose…
L’Assemblée Générale constitutive du Groupement de Défense Sanitaire du Cheptel Creusois (GDSCC) se tient le 25/11/1953. M. Barlet, président de la Chambre d’Agriculture est élu également président du GDS. Le Conseil d’Administration est constitué de membres de droit (Chambre d’Agriculture, syndicat des vétérinaires, services vétérinaires, Conseil Général et FDSEA) et de membres à voix consultative (bouchers, interprofession laitière, coopératives, FDO…). La présidence alternée est assurée par un éleveur ou un vétérinaire. La première AG ordinaire a lieu en 1955 avec les représentants des 68 groupements communaux ou intercommunaux déjà constitués, représentant 4 302 exploitations. Le sujet principal de cette assemblée générale est la promulgation de la loi du 06/12/1954 sur la tuberculose. Le double dépistage à 2 mois d’intervalle de tous les animaux achetés devient obligatoire ainsi que le dépistage collectif dans les communes engagées. Les étables contrôlées peuvent bénéficier de plaques vendues par le GDS et apposées sur les portes afin d’identifier les élevages sains. Le bénéfice est double, permettre aux éleveurs de toucher les subventions de l’État et afficher au grand jour le statut sanitaire des cheptels.

… avec des premiers résultats encourageants
Le nombre de structures locales ne cesse de progresser et l’identification des bovins par plaque métallique est instaurée le 01/12/1956 (l’identification généralisée étant mise en place en 1978). Le nombre d’animaux tuberculinés augmente progressivement (plus de 50 % du cheptel creusois en 1958). Avec l’entrée dans le marché commun européen le 01/01/1959, la pression commerciale s’accentue et le 05/09/1960, un arrêté préfectoral rend la tuberculination obligatoire pour tous les cheptels creusois. Et les résultats se font sentir : 16 % des exploitations et 4 % des animaux étaient positifs en 1954 et en moins de 10 ans, ce chiffre descend à 0,6 % des cheptels et 0,18 % des bovins. Cela permettra de finir d’éradiquer la tuberculose en Creuse dès 1991, date du dernier abattage total « historique » et d’arrêter le dépistage généralisé en 2000.

L’arrivée de la fièvre aphteuse en Creuse en 1955
Depuis quelques années, cette maladie circule en France, avec plus de 320 000 foyers en 1952. Les 5 premiers foyers creusois sont identifiés en 1955 avec une nouvelle circulation en 1957. Fort heureusement, la toute récente mise sur le marché d’un vaccin anti-aphteux a permis de circonvenir la maladie qui ne s’étendra pas. L’Arrêté Ministériel du 03/08/1961 rend la vaccination obligatoire de tous les animaux de plus de 6 mois. Le GDS assure le stockage et la distribution du vaccin, et centralise les aides de l’État. Cette prophylaxie vaccinale va s’avérer très efficace et le dernier foyer français date de 1981. Le 01/01/1992, l’arrêt de la vaccination est acté, motivé par l’absence de cas et des freins commerciaux, certains pays refusant d’acheter des bovins ou de la viande d’animaux vaccinés.

La mise en place des premiers dépistages de la brucellose
Dès 1956, le GDSCC propose aux groupements locaux d’initier un dépistage de la brucellose. 957 exploitations sont testées et 10 % d’entre elles sont positives. Les moyens humains et financiers étant mobilisés pour lutter contre la tuberculose et la fièvre aphteuse, il faut attendre 1963 pour qu’une prophylaxie collective soit proposée au niveau national. Mais faute de généralisation du dispositif, la maladie s’est diffusée dans les campagnes et c’est près de 25 % des cheptels qui sont touchés dans certaines zones. En 1965, la police sanitaire est mise en place, avec obligation de déclaration des avortements, élimination des bovins positifs et vaccination des jeunes animaux et en 1978, la prophylaxie devient obligatoire. Finalement, les efforts ont porté leurs fruits et la Creuse est déclarée indemne de brucellose en 1985, même si plusieurs foyers seront découverts dans les années suivantes suite à l’introduction d’animaux infectés.

Une orientation multi-espèces historique
Dès 1977, la prophylaxie caprine de la brucellose se met en place et en 1982 pour la prophylaxie ovine, et les éleveurs adhèrent au GDS. En 2002, le génotypage des brebis et des béliers est proposé afin de sélectionner des reproducteurs résistants à la tremblante ovine. Suite à une épidémie de métrite contagieuse équine sur les chevaux de trait, la section équine est créée en 1996 et le dépistage sera élargi quelques années plus tard à l’artérite virale infectieuse sur les étalons. En 1999, le suivi départemental du SDRP se met en place dans le cadre de la section porcine. Cette vision multi-espèces s’est retrouvée confortée en 2014 avec la désignation des GDS comme organisme à vocation sanitaire animal unique.

Une action sanitaire qui s’est adaptée aux nouvelles menaces
En 1988, la prophylaxie de la leucose devient obligatoire, peu d’élevages sont touchés et la Creuse est déclarée indemne en 1997. Dès 1996, GDS Creuse est le quatrième département français à adopter le cahier des charges Acersa pour l’IBR, avec dépistage pour les élevages volontaires et contrôle systématique à l’introduction. Progressivement, la réglementation va se généraliser : 2001, vice rédhibitoire, 2002, dépistage systématique en prophylaxie en Creuse, 2006 Arrêté Ministériel. Cette précocité dans l’action va permettre à notre département d’être prêt pour l’échéance finale d’éradication nationale en 2027. En 1998, un suivi sanitaire de la faune sauvage est mis en place. Cela permet de rassurer les éleveurs sur le risque de contamination de leur troupeau et de surveiller une éventuelle maladie émergente. Mais notre département a également dû faire face à des crises sanitaires majeures : découverte de foyers d’encéphalite spongiforme bovine (ESB) en 2000, arrivée de la fièvre catarrhale en 2008 après sa découverte en Hollande en 2006, suivie de l’apparition du virus Schmallenberg en 2012, premiers foyers de besnoitiose en 2018. Et d’autres chantiers nous attendent encore comme l’éradication de la BVD, initiée suite à l’arrêté ministériel de 2019.

Très tôt, un accent mis sur la formation et l’information des éleveurs
Dans les années 1960, l’AG du GDSCC était ponctuée d’une intervention du professeur Tournut, de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse. Les sujets abordés étaient variés : présentation de la brucellose bovine, rôle de l’habitat en élevage porcin, stérilité de la vache, physiologie du veau nouveau-né… Ces conférences permettaient déjà de présenter aux éleveurs l’intérêt d’une approche globale de troupeau, prenant en considération tous les facteurs, notamment l’alimentation et le bâtiment. Plus tard, ces dossiers ont été développés par le directeur de l’époque, le Dr Didier Guérin, avec la mise en place du plan diarrhée en 2003, du plan parasitologie en 2004, la création du site internet en 2005 et la formation éleveur infirmier en 2006. Cela reste un des axes majeurs de notre structure, qui a toujours fait de la formation et de l’information des éleveurs une priorité.

Le développement progressif d’une filiale de services
Dès 1957, GDS prend en charge 20 % des désinfections d’étables afin de faciliter l’assainissement des cheptels en tuberculose, puis 50 % dans les années qui suivent. La prestation est assurée par un technicien des services vétérinaires. En 1981, le service parage - écornage bovin est mis en place, puis le rainurage en 1991 et la dératisation en 1993. En 1995, la SARL GDS Services 23 est créée et assure désormais la désinfection des bâtiments. Enfin, la structure prend un nouvel essor en 2011 avec le déménagement de GDS Creuse et l’ouverture d’un magasin. Aujourd’hui, la filiale, devenue Farago Creuse en 2009, est désormais une entreprise avec 11 salariés et un champ d’activité élargi.

Pour GDS Creuse, se souvenir de l’histoire pour anticiper l’avenir
Que de chemin parcouru en 70 ans ! En 2010, le GDSCC devient GDS Creuse, en gardant ses valeurs historiques de mutualisme, d’indépendance et d’impartialité, au service des éleveurs pour l’amélioration de la situation sanitaire de l’élevage. Comme au premier jour, la vigilance et le sens du collectif doivent rester de mise. La promulgation de la Loi de Santé Animale européenne le 21/04/2021 vient rappeler la nécessité d’avoir un sanitaire performant pour tous les élevages. Et le retour de la tuberculose en Nouvelle-Aquitaine est la preuve que rien n’est jamais acquis. Plus que jamais l’implication de tous les éleveurs de notre département est nécessaire !

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