Les contrôles, un passage obligé pour les producteurs en filière AOC
L’ODG Lentilles Vertes du Puy était en assemblée générale le 12 février dernier à Chaspuzac. Cette réunion annuelle a permis de faire le point sur la nouvelle organisation induite par la réforme des AOC, avec notamment les contrôles internes et externes chez les producteurs.
La réforme des AOC a induit de nombreux changements au sein de la filière Lentille Verte du Puy dont le fonctionnement s’articule désormais autour d’un ODG (Organisme de Défense et de Gestion) qui gère l’AOC, d’un plan de contrôle validé par l’INAO en 2009 et de l’intervention d’un organisme certificateur «Qualité France».
Cette assemblée générale a permis de faire un point sur ce nouveau fonctionnement et plus particulièrement sur le déroulement des contrôles (internes et externes) chez les producteurs.
Les contrôles au coeur des débats
Bernardette Sigaud, animatrice de l’ODG, a livré les résultats des contrôles internes réalisés par le personnel de l’ODG et le personnel des entreprises : «ces contrôles révèlent l’absence de factures de semences, de cahier d’enregistrement des pratiques phytosanitaire, des déclarations d’identification non faites, le triage dans un centre non habilité, pas de cahier d’enregistrement des volumes et des références cadastrales erronées» a-t-elle signalé. Parmi cette liste de manquements, l’un d’entre eux a suscité de vives réactions au sein des producteurs présents : il s’agit de l’enregistrement des surfaces cultivées en Lentilles Vertes du Puy par les producteurs à partir des ilôts ou des références cadastrales. Pour le président de l’ODG, Robert Chouvier : «il serait préférable de travailler sur des références cadastrales car les ilôts comportent des parcours et cela induit davantage de travail lors de la déclaration des surfaces. De surcroît dans le cas d’un remembrement, il suffit de demander une modification cadastrale. Le plus juste, c’est le cadastre !».
Bernardette Sigaud a encouragé les producteurs qui ont fait l’objet d’écarts suite aux contrôles à bien respecter les délais qui leur sont impartis pour se mettre en conformité.
Alexandre Charrier, chargé d’affaire à Qualité France a présenté les principaux écarts constatés dans le cadre des contrôles externes réalisés par l’organisme certificateur. En ce qui concerne les producteurs, les manquements constatés par ce niveau de contrôle révèlent l’absence de cahier de culture, la déclaration de semis et de récolte non disponible, des factures de semences absentes, une erreur sur la date de récolte ou de semis…, en somme une liste de «non conformités documentaires faciles à corriger» a indiqué Alexandre Charrier.
Certains producteurs de lentille se sont ouvertement élevés contre cette multitude de contrôles sur la culture. Bernadette Sigaud a tenu à rappeler que «la réforme n’a pas été demandée par la Lentille Verte du Puy ; nous la subissons tout comme vous. Cette réforme nous impose un plan de contrôle et le recours à un organisme certificateur qui sont là pour accréditer les pratiques des producteurs.
«Lorsque l’on fait partie d’une filière, les contrôles sont un passage obligé. Le but étant d’améliorer la qualité de la production» a ajouté le chargé d’affaire de Qualité France.
Quant au coût des contrôles supportés dans un premier temps par les producteurs, ce dernier sera intégralement remboursé dès la fin février grâce à la mesure 132 «aide à la qualification des produits de qualité» qui induit la participation financière du Conseil Général et de l’Europe.
Problème sanitaire : anticiper par la prévention
Soucieux des prochaines attaques sanitaires telles que la rouille sur la lentille, quelques producteurs ont demandé s’il était possible de devancer le problème en réclamant l’homologation du produit actif en avance.
Robert Chouvier a expliqué que la rouille ne sera peut-être pas au rendez-vous cette année : «la lentille nous réserve une surprise chaque année». De surcroît, d’après Bernard Daudet, technicien Chambre d’Agriculture mis à disposition pour la culture de la lentille : «il nous est impossible d’anticiper sur un produit tant que le problème sanitaire n’est pas apparu» .
Pour Emmanuel de Veyrac, producteur de lentille à Vergezac, la seule anticipation possible à ces attaques de maladies réside dans la prévention : « on pourrait par exemple anticiper les futurs problèmes d’accoutumance aux produits contre la rouille ou peut-être, appliquer certaines pratiques utilisées en grande culture, comme la culture de la moutarde avant la lentille ; sachant que la moutarde secrète du sucre qui joue le rôle de fongicide dans le sol».
Bernard Daudet a tenu à ajouter que «le chimique n’est pas là pour tout régler. Et il faut surtout veiller à maintenir l’image de marque de notre produit, son marché et son prix».
L’ODG a par ailleurs montré son opposition catégorique au projet du centre d’enfouissement sur les communes de Cayres et Seneujols, projet jugé irrecevable par le Préfet de Haute-Loire au début du mois de février.