Les Conseils régionaux ne veulent pas perdre la main
Dans le cadre de la réforme de l’apprentissage, les élus régionaux contestent l’une des mesures proposées : la délégation de l’apprentissage ainsi que la gestion des centres de formation (CFA) aux branches professionnelles.
La concertation sur la réforme de l’apprentissage a débuté mi-novembre. Elle doit se poursuivre jusqu’à fin janvier 2018 pour un vote prévu en juin 2018. En attendant, dans un courrier adressé au Premier ministre, les présidents de Région ont souhaité tirer la sonnette d’alarme sur ce dossier qu’elle gère depuis plusieurs années déjà. Un dossier qui, selon les premières pistes avancées par le projet de réforme, pourrait leur échapper. « L’apprentissage est une compétence structurante des Conseils régionaux », affirme le courrier, qui met en avant la relation intime de cette formation initiale par alternance avec leurs autres compétences et les acteurs de terrain. Depuis la loi Notre, les régions sont en effet à l’interface entre le développement économique et la formation professionnelle, et entendent préserver cette « chaîne continue » entre formation initiale professionnelle, accompagnement vers l’emploi et soutien aux entreprises. De fait, les régions sont responsables de plein droit de l’ouverture et de la fermeture des Centres de formation d’apprentis (CFA) et redistribuent à leur guise tout ou partie des 51 % de la taxe d’apprentissage.
Les propositions des régions
« Le fait que les Conseils régionaux puissent maîtriser une véritable chaîne cohérente, articulée, fluide et réactive, reliant l’orientation, la formation, l’emploi et le développement économique est essentiel », argumentent les Régions de France. Et de préciser qu’il faut « absolument éviter de mettre en place des dispositifs trop dispersés que la plupart des branches professionnelles auraient en outre à assumer ». Face aux tentations jacobines du Gouvernement, les régions proposent donc davantage de décentralisation sur toute la chaîne. Première proposition : la prise en charge de l’orientation scolaire. Les régions se disent prêtes à assumer « la responsabilité de la chaîne d’orientation », en intégrant « les missions d’orientation scolaire, d’information sur les métiers et sur les évolutions de l’emploi, dans les missions du service public régional d’orientation ». Mais elles ne disent pas comment elles comptent procéder, sachant qu’il n’est pas question non plus de placer le personnel des CIO sous le giron régional.
Former aux métiers qui embauchent
Pour la Région Auvergne Rhône-Alpes, « la priorité est de réorienter les marchés de formation vers des métiers qui ouvrent de réelles perspectives d’emploi dans notre région », rappelle Stéphanie Pernod-Beaudon, vice-présidente en charge de la formation et de l’apprentissage. À ce jour, 60 000 emplois ne sont effectivement pas pourvus en Auvergne-Rhône-Alpes alors même que le taux de chômage national ne s’oriente pas à la baisse. « On peut considérer que c’est une fatalité, ou alors profiter du dynamisme de la région pour agir sur cette réalité », indique l’élue.