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Les chantiers de la Chambre de métiers et de l’artisanat

La Chambre de métiers cantalienne a des projets plein les cartons, entre création de nouvelles filières et construction d’un nouveau siège à Aurillac.

Gérard Veyrines et Dominique Gouze ont tracé la feuille de route de la chambre de métiers et de l’artisanat du Cantal.
Gérard Veyrines et Dominique Gouze ont tracé la feuille de route de la chambre de métiers et de l’artisanat du Cantal.
© M. V.

En quittant son siège historique de l’avenue de la République, à Aurillac, il y a deux ans, la chambre de métiers et de l’artisanat du Cantal souhaitait gagner en visibilité auprès du grand public. Clairement, il va falloir patienter un petit peu... Si 2 000 m2 de terrain ont été acquis à proximité de l’IFPP, les travaux n’ont pas encore démarré. En attendant, c’est dans le labyrinthe du pôle d’entreprises du Garric que les salariés ont posé temporairement leurs cartons. “On espère poser la première pierre en 2024”, croise les doigts Dominique Gouze, vice-président de la CMA. Pour des raisons administratives, le projet phare de la chambre consulaire patine un peu mais il n’en demeure pas moins ambitieux : une nouvelle vitrine pour “une maison de tous les artisans” et une pépinière d’entreprises adjacente, composée d’une dizaine de bureaux. L’installation pourrait être envisagée en 2025.

Des entreprises mais un manque de salariés
Si la chambre de métiers et de l’artisanat du Cantal se démène, c’est qu’elle pèse un milliard d’euros de chiffre d’affaires sur le territoire. Pas négligeable, puisqu’elle compte sur un réseau de
3 800 entreprises, dont 37 % dans le bâtiment, 34 % dans les services,
15 % dans l’alimentaire et 14 % dans la fabrication, pour un total de 6 300 salariés. 27 % des 4 200 chefs d’entreprises sont des “cheffes”, témoin de la féminisation de l’artisanat, jusque dans le bâtiment. “Nous sommes la première entreprise de France et nous contribuons à l’économie du Cantal”, illustre Dominique Gouze qui, toutefois, se montre inquiet face aux conclusions du baromètre 2022-2023 mené auprès des ressortissants.
Quasiment un millier d’entreprises seront à transmettre dans les cinq prochaines années alors que le ressenti des artisans sur les perspectives 2023 plonge : sur le niveau d’activité, la progression du chiffre d’affaires, la solidité de la trésorerie et l’évolution des effectifs. Des facteurs multiples plombent le moral des entrepreneurs : la hausse du coût des énergies, des carburants, la pénurie des matériaux, l’inflation,... Tous les secteurs sont touchés selon Dominique Gouze : “On note une baisse de fréquentation dans les établissements alimentaires mais c’est pareil dans les milieux esthétiques. Jusqu’à maintenant, on avait des plannings assez chargés mais là, les carnets de commande s’affaiblissent, et ça devient inquiétant.” La faute aussi à une crise du logement nationale : “Du neuf, il s’en propose très peu. Et le zéro artificialisation n’aide pas non plus. On commence vraiment à entrer dans le dur...”
Les causes sont également endogènes, avec “des entreprises qui n’ont anticipé que trop peu ces changements. Il y a un manque évident de visibilité, avec des devis valables généralement que 15 jours”. Mais l’artisanat cantalien peut compter sur ses atouts, avec des “structures très souvent familiales, à taille humaine, avec une bonne longévité puisque 37 % d’entre elles ont plus de dix ans d’ancienneté”.

Communiquer et faire savoir
Alors, pour recruter et attirer de nouveaux artisans afin d’éviter des “déserts”, la CMA mise sur la communication et son savoir-faire dans l’accompagnement des porteurs de projets ou des structures en crise. “Les métiers manuels sont encore trop dénigrés, déplore Gérard Veyrines, directeur territorial. Il faudrait que l’on soit un peu plus considérés.”
Les équipes de la CMA essayent d’aller à la rencontre des collégiens et lycéens, à l’image de l’opération “Bravo les artisans”, qui invitent les jeunes à effectuer un stage en entreprise et à partager ensuite leur expérience avec leur classe. “Pendant les vacances, on peut aussi signer des conventions d’une semaine pour des mini-stages”, poursuit Anne Lipowicz, conseillère formation continue et chargée de communication. “Nous sommes quasi au plein emploi dans le Cantal alors qu’on cherche de la main d’œuvre à tous les niveaux : bureau d’études, ressources humaines, production,... Les métiers de bouche souffrent énormément, dans le bâtiment ou les services, c’est pareil”, déplore le vice-président, qui reconnaît toutefois que le Cantal est le département qui “résiste le mieux dans la Région. On prend les coups un peu plus tard que les autres, mais on les prendra quand même...”, craint-il.
Malgré la régionalisation, la proximité avec les ressortissants reste primoridale pour les neuf salariés de la chambre consulaire, qui maillent le territoire de leurs permanences, à Saint-Flour, Mauriac, Riom-ès-Montagnes, Maurs et Murat. Un porteur de projets peut ainsi les solliciter et participer à une première réunion d’informations. “On accompagne ensuite ceux qui veulent aller plus loin”, illustre Gérard Veyrines. Rien ne remplace en effet le contact et le conseil humains : “Venez nous voir, on vous accompagne !”

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