Les allergies pointent le bout de leur nez
Une unité transversale accueille les patients au centre hospitalier d’Aurillac. L’occasion de faire un point sur les idées reçues concernant le traitement des allergies.
Une unité transversale accueille les patients au centre hospitalier d’Aurillac. L’occasion de faire un point sur les idées reçues concernant le traitement des allergies.
Les yeux qui pleurent, le nez qui goutte, la gorge qui gratte, des éternuements à répétition... voici revenu le temps des allergies ! “La nature est prête !, confirme le Dr Veydenmeyer. Avec les pollens des graminés, les asthmatiques vont décompresser, les rhinites vont exploser...” L’allergologue s’attend donc à avoir un afflux de patients adressés par le médecin traitant et qui aimeraient bien se débarasser de ces symptômes
handicapants au quotidien, ou tout du moins, “les diminuer. Pour ce type d’allergies respiratoires, on peut désensibiliser. On parle d’immunothérapie maintenant”. Sauf que le traitement est long, “entre trois à cinq ans, explique sa collègue, le Dr Bouhanna. Donc il faut des patients motivés, prêts à entrer dans le protocole. Le but, c’est de sentir une amélioration dès la première année et, à terme, ne plus être allergique, ou en tous cas moins”.
Tous les organes, et quel que soit l’âge
Les deux professionnels de santé du centre hospitalier d’Aurillac font partie de l’unité transversale d’allergologie de l’établissement, aux côtés de la dermatologue Cécilia Fernandez, et de deux médecins du CHU de Clermont-Ferrand, les Dr Egron et Michaud. Devenue une spécialité médicale à part entière depuis 2017, l’allergologie croise plusieurs disciplines, car elle peut atteindre tous les organes, et à n’importe quel moment de la vie. Médecin ORL, Sylvie Bouhanna y consacre désormais 20 % de son temps, là où Guillaume Weydenmeyer est ancien médecin urgentiste.
Et l’activité ne fait que croître : “L’allergie est une perte de notre tolérance à notre environnement”, explique le Dr Bouhanna. Car s’il peut être génétique (hérité de ses parents, de ses frères et sœurs,...(1)), le déclenchement d’une allergie peut survenir après une modification de nos habitudes alimentaires, d’où l’importance d’une “diversification alimentaire la plus précoce” chez les tout-petits ou de faire attention aux allergènes dits émergents, comme le fenouil grec ou le césame. Le changement climatique, avec du pollen de bouleau de plus en plus précoce, ou la pollution athmosphérique, l’abus d’antibiotiques,... sont autant de facteurs de risques. “Une de nos surfaces corporelles (peau, intestins,...) devient un peu plus perméable et ne tolère plus tel ou tel composant. C’est là que l’allergie se produit”, décrypte le Dr Bouhanna. D’abord dans une phase silencieuse, elle devient ensuite effective et les manifestations cliniques se manifestent : urticaire, eczéma, dermatite atopique, rhino-conjonctivite,...
Un traitement de longue haleine
Si le médecin traitant peut prescrire des tests sanguins, ceux-ci ne sont pas assez précis pour démasquer un allergène. L’allergologue va, lui, “mener l’enquête”, grâce à un interrogatoire très poussé du patient et à une batterie de tests cutanés et orientés, et ce, dès le plus jeune âge. Pour certaines professions plus à risques (onglerie, dentiste, coiffure,...), il existe une batterie d’une trentaine de tests standards au niveau européen pour faciliter la prise en charge. Quand le doute persiste, les tests cutanés sont couplés à des tests sanguins afin de déterminer “le profil biologique d’un allergique”. Enfin, les allergologues disposent également de “tests de provocation”, “le nec plus ultra !” pour le Dr Bouhanna. En hôpital de jour (médecine ou pédiatrie), il s’agit de déterminer à quelle dose le patient réagit pour débuter une induction de tolérance, aux fruits par exemple. “C’est de l’allergologie moderne. L’éviction de toute une classe d’aliments n’est pas forcément totale. Une allergie à l’arachide, ça ne veut pas dire qu’on ne peut plus manger de fruits à coque du tout. Le but, c’est de mettre le patient en sécurité, de savoir jusqu’à quelle dose il est tolérant à l’arachide si un enfant en mange par erreur à un anniveraire par exemple. Il ne faut pas que l’allergique soit stigmatisé d’un point de vue social.” Une induction de tolérance est aussi très utile lors d’une allergie à un médicament, type pénicilline : “On va tous en avoir besoin un jour ou l’autre, poursuit l’ancien urgentiste. Donc on va d’abord vérifier s’il y a vraiment une allergie et si c’est le cas, on cherchera une alternative.”
(1) Aucun test de prévention, au cas où, n’est réalisé par le service de l’hôpital