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Les agriculteurs toujours indécis envers la méthanisation

Les projets d’unités agricoles se développent dans toute la région permettant à bon nombre d’agriculteurs de valoriser leurs effluents d’élevages.

Les lourdeurs administratives, environnementales et financières font hésiter à juste titre beaucoup d’agriculteurs.
Les lourdeurs administratives, environnementales et financières font hésiter à juste titre beaucoup d’agriculteurs.
© JEAN NANTEUIL

Il y a quelques décennies, produire de l’électricité et de la chaleur avec du lisier et du fumier relevait encore de la science-fiction. Aujourd’hui, la méthanisation est bien réelle et de plus en plus d’agriculteurs tournent leur regard vers cette technologie.

A l’image de la SARL AgriBrivaMétha qui rassemble quatre Gaec des alentours de Brioude pour construire une unité de méthanisation. Agnès Pessat, gérante de la société, a fait part de son expérience le 2 décembre au lycée du Breuil-sur-Couze, sur l’invitation de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. Devant elle, une vingtaine d’agriculteurs désireux de se renseigner sur la méthanisation afin de mieux appréhender à leur tour le futur projet des communautés de communes d’Issoire Val d’Allier et du Lembron.

 

Un très long chemin

«Nous avons démarré cette réflexion il y a cinq ans et les travaux n’ont toujours pas commencé. C’est normal, un tel projet il faut du temps pour le faire mûrir » explique Agnès Pessat. Désireux de valoriser leurs effluents d’élevages et de sécuriser financièrement leurs exploitations, les agriculteurs souhaitent monter une unité de méthanisation 100% autonome. Le gaz produit serait injecté dans le réseau de la ville permettant ainsi à 200 foyers de se chauffer et d’économiser l’équivalent de 390 000 litres de fioul.

Un projet « pharaonique » à en croire Agnès Pessat. «Plusieurs études ont été réalisées pour être certains de la faisabilité de notre projet. A la suite de celles-ci, nous avons dû repenser certains points notamment l’approvisionnement du méthaniseur. Les négociations avec GRDF ont été assez longues. L’administratif est également très lourd et bloque pas mal de choses. » Les associés devront en effet apporter, en plus de leurs 6 000 tonnes d’effluents, 1 800 tonnes de cultures dérobés broyées (seigle et sorgho) et 600 tonnes de coproduits. Le digestat produit par le méthaniseur sera ensuite épandu dans les champs.

Encore à l’état de réflexion

«La méthanisation est une opportunité pour l’agriculture, la possibilité de diversifier nos productions. Il serait dommage que des industriels mettent la main dessus » remarque Agnès Pessat. Une réponse et un encouragement qu’elle dispense aux agriculteurs présents dans la salle. La majorité d’entre eux exercent dans les alentours de Saint-Germain-Lembron et d’Issoire. Les Communautés de Communes des deux localités ont un projet de méthanisation dans lequel elles souhaitent voir s’engager les agriculteurs. Mais nombre d’entre eux sont frileux à cette idée et d’au-tres y sont fermement opposés. Difficile donc de rassembler les troupes selon Gérard Landry, membre du bureau de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. « Les complexités administratives et les investissements financiers qui rayonnent autour d’une unité de méthanisation freinent les agriculteurs. Il faut pourtant qu’ils se rassemblent au moins pour suivre la réflexion. A ce jour, les communautés de communes ont commandé une étude dont les résultats seront connus en avril 2016. Beaucoup vont l’attendre et pas seulement des agriculteurs. S’ils ne se positionnent pas, d’autres le feront à leur place.» Les agriculteurs présents vont donc se réunir prochainement pour créer un GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental). Ce groupement permettra à chacun des inscrits de suivre l’évolution du dossier pour ensuite, oui ou non, s’investir davantage dans ce projet.

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