L’équation gagnante de la transmission
Dans l’Allier, 612 éleveurs se partagent le cheptel de 124 726 brebis (Aides ovines 2016, NDLR). Dans les années qui viennent, installer de nouveaux éleveurs sera un enjeu pour la filière. La journée ovine du 15 décembre dernier, organisée par la Chambre d’agriculture (*), s’intéressait au thème de l’installation et de la transmission.
En choisissant le thème de l’installation et de la transmission des troupes ovines pour sa journée départementale ovine, jeudi 15 décembre dernier, à Doyet, la Chambre d’agriculture a choisi de parler de parcours de vie.
«Transmettre les connaissances »
En l’occurrence, du parcours de Frédéric Kozuck, 37 ans, installé en 2012. Après un bac pro au lycée de Neuvy, il s’oriente vers le salariat dans une exploitation bovine. Gérard Depresle, celui qui deviendra son cédant, il le connaissait et c’est chez lui qu’il entame un stage de parrainage de onze mois pour se familiariser avec ce qui deviendra son exploitation. C’est sur une SAU de 93 hectares (81 hectares en herbe et 12 hectares de céréales auto consommées) en location qu’il s’installe, reprenant du même coup l’intégralité du parc matériel et bâtiment du désormais retraité. Il reprend une exploitation mixte puisque composée de 350 brebis Ile-de-France et de 25 vaches charolaises. Le tout pour des investissements de départs estimés à 2 500 euros par hectare. Pour son cédant, cette formule toute en douceur comporte de nombreux
avantages : « Cela permet de transmettre mes connaissances de la structure et de la production pour que Frédéric prenne rapidement des initiatives ensuite ».
Troupeau ovin pur
Très vite, le tout jeune installé décide de stopper la production bovine pour se concentrer sur les ovins. S’en suit une augmentation du troupeau ovin pour atteindre les 550 brebis avec l’intention de produire sous signe officiel de qualité. Après cette première phase, Frédéric Kozuck met en place trois périodes d’agnelage : « L’objectif étant d’étaler la trésorerie, de gérer la place dans les bâtiments, d’augmenter la productivité et de valoriser la production en cohérence avec les besoins de la filière ». Pour gagner en efficacité, il procède à des aménagements visant à améliorer ses conditions de travail grâce à l’aménagement d’un parc de tri, à l’achat d’une mélangeuse et à la réorganisation des bâtiments. L’ensemble des investissements a été financé à 56 % par des prêts JA et le reste en prêts non-bonifiés.
Coût de production maîtrisé
Cinq ans après son installation, l’agriculteur a atteint son objectif d’étalement de la production et a boosté les performances de son troupeau avec une productivité d’1,73 agneau par brebis. Économiquement, malgré des charges concentrées élevées, son coût de production est maîtrisé.
Sécuriser le système
Quand Frédéric Kozuck se projette à court terme, il envisage une augmentation de sa SAU de cinquante hectares pour atteindre très vite les 140 hectares (117 hectares en herbe et 23 hectares en céréales auto consommées) avec un cheptel revu à la hausse lui aussi puisqu’il espère atteindre les 600 à 650 brebis : « Cet agrandissement me permettra d’améliorer mon autonomie en céréales et de sécuriser mon système », dit l’éleveur.
Calcul gagnant
Au final, l’éleveur résume son parcours en une équation gagnante : « Dix ans d’expérience avant mon installation plus un stage de parrainnage = une démarche positive tant pour le repreneur que pour le cédant ».
(*) Cette journée était organisée par la chambre d’agriculture en partenariat avec Cialyn, Copagno, la FNSEA 03, le Gapac, les Jeunes agriculteurs de l’Allier, le lycée agricole du bourbonnais, Ovins Berry Limousin, le Syndicat des éleveurs de moutons de l’Allier et Sicaba.
En matière d’ovins, le monde se divise en deux. Il y a les régions qui produisent plus qu’elles ne consomment (Australie, Nouvelle-Zélande) et celles qui consomment plus qu’elles ne produisent (Chine, Europe, USA, Moyen-Orient). Une production mondiale dans laquelle il faut tirer son épingle du jeu. En France, quand on parle de production ovine, on pense essentiellement au sud de la France qui concentre une grande partie du cheptel.
2,6 kilos par an et par habitant en France
Si, malgré une baisse du cheptel reproducteur, les abattages ont eu tendance à se stabiliser, la consommation de viande ovine dans l’hexagone est en baisse et surtout très saisonnalisé et intrinsèquement liée aux calendriers religieux.
Si on zoom encore un peu plus sur la carte, l’Auvergne-Rhône-Alpes abrite 680 000 brebis nourrices, soit 16 % du cheptel national pour 8 000 éleveurs. Des chiffres en baisse eux aussi malgré de nombreux signes officiels de qualité et une filière plus que jamais structurée.