Lentille Verte du Puy : «Je suis confiant… la dynamique est lancée, la filière est dans les rails…»
Antoine Wassner président de l’ODGfait un bilan des 3 années
de son mandat, à la veille de laisser les rênes.
Durant vos 3 ans de présidence à l'ODG vous avez incité fortement les agriculteurs de la zone d'appellation à faire de la Lentille Verte du Puy. Avez-vous été entendu ?
Antoine Wassner, président de l’ODG : Oui, j’ai été entendu. En terme de surfaces et de nombre de producteurs, oui. Nous avons enfin endigué la baisse à la fois du nombre de producteurs et du nombre d’hectares. Après une stabilité sur 2 ans, nous avons enregistré un redémarrage l’an dernier. Notre challenge “un hectare de plus par producteur“ est atteint avec +520 ha sur 3 ans. Dans un contexte difficile, avec une tendance des exploitations à se spécialiser sur le lait, et avec l’apparition du maïs… il était important de convaincre à nouveau les agriculteurs de faire de la Lentille.
Mais cette année, nous avons rencontré un vrai problème de météo. Nous avions les surfaces, nous avions l’itinéraire technique, et au final, un mois de juillet «dégueulasse» a ruiné nos efforts. On se retrouve avec 50 % des lentilles qui pourraient être vendues.
Néanmoins, nous pouvons positiver. Nous avons réussi à reconsidérer la Lentille dans nos assolements. On est reparti de l’avant.
Cette année encore, on devrait augmenter un peu les surfaces. On attend maintenant une belle récolte…
Pour encourager les producteurs, l'ODG a travaillé sur plusieurs leviers (la technique, la promotion…), comme vous le précisiez dans une précédente interview parue dans nos colonnes. Pouvez-vous faire un point sur ces axes de travail ?
A.W. : Quand je suis arrivé à la présidence il y a 3 ans, notre volonté était de restructurer la filière avec des pôles de compétences et des gens qui s’investissent. En tant que président, je suis un peu comme le chef d’orchestre avec des personnes responsables en charge de certains dossiers.
En ce qui concerne le pôle technique, avec Franck Rocher à la présidence de la commission et le technicien Bernard Daudet, nous avons travaillé à l’élaboration d’un itinéraire technique pour les producteurs. On avait déjà beaucoup d’éléments, mais on voulait arriver à diffuser un message simple et efficace.
On a voulu aussi voir à plus long terme. Finies les dérogations de dernière minute en juillet pour l’utilisation des produits phytosanitaires, désormais on les a en janvier-février. Une avancée qui permet d’anticiper et de mieux gérer le suivi de la culture.
On a également mis en place une véritable politique d’essais, grâce entre autres, à l’aide indéfectible de la Région. Nos tests en plein champ ont été très appréciés par les producteurs qui sont venus en nombre lors des visites organisées.
Autre point fort sur la technique, on est reparti de zéro sur les semences. C’est un programme sur 15 ans que nous avons commencé il y a 3 ans, avec un partenaire régional, Agri Obtentions.
Enfin, on est devenu autonome. Nous avons maintenant une reconnaissance nationale. Nous sommes le référent pour la lentille et nous sommes écoutés aux Ministères, par les labos…
Vous avez aussi travaillé dans le cadre d’une commission «Certification» ?
A.W. : Oui, c’est Louis Michel qui la dirige. L’ODG est devenu le garant de l’AOP. Il la défend et la protège, et cela passe par des contrôles. Dans le cadre de cette commission, nous avons retravaillé sur un nouveau cahier des charges européen, pour lequel certaines bases ont été refixées. Notre principale difficulté a été de faire admettre notre volonté de garder une filière 100 % Haute-Loire. Nous sommes prêts et attendons la validation de l’Europe.
Toujours dans cette logique, nous avons fait le choix de porter nos contrôles sur le produit fini et ceci afin d’éviter de ternir l’image de notre Lentille. Au dernier conseil d’administration, nous avons même créé une «commission des Sages» qui comporte 7 membres, producteurs et conditionneurs, chargés de cette mission de contrôle.
Quant à la communication et la promotion, où en sont les projets ?
A.W. : Depuis 3 ans, nous avons choisi d’orienter notre communication sur la Lentille Verte du Puy hors département. Et le gros défi à relever pour cette commission conduite par Huguette Trescarte, c’était de conserver des animations et des publications alors que l’on ne trouvait pas de Lentille Verte du Puy dans les rayons. Face au développement de la lentille de St Flour, du Berry, du Centre, de la Champagne, de France… nous devions garder notre place pour éviter de la laisser aux autres. Voilà pourquoi, nous avons multiplié par 6 ou 7 le nombre d’articles dans la presse, nous avons créé un site avec aujourd’hui quelques 200 recettes…
Le travail de communication sur celle que nous appelons aujourd’hui Lentille du Puy pour éviter les confusions avec la lentille verte que l’on trouve un peu partout, se poursuit pour que notre AOP reste le «caviar» parmi les lentilles.
Vous allez laisser la présidence de l'ODG d'ici quelques jours. Quel regard portez-vous sur votre mandat et sur le travail réalisé pendant ces 3 ans ?
A.W. : Personnellement, ces 3 ans ont été très intéressants. Je travaille dans une entreprise qui connaît la Lentille Verte du Puy depuis 150 ans. Ce mandat m’a permis de mieux me rendre compte de sa richesse et du potentiel de ce produit.
Le conseil d’administration de l’ODG m’a accompagné pour mener à bien les projets définis. On a donc pu proposer un projet complet et y travailler pour que ça dure. Ainsi on a créé un vrai pôle Lentille dans lequel tout le monde a été embarqué : la Chambre d’Agriculture, le département, la région avec une équipe (1 président, 3 vice-présidents, un conseil d’administration, 1 animateur, 1 technicien…).
Je peux donc aujourd’hui lâcher les rênes, confiant, très confiant. Je souhaite néanmoins conserver le poste de trésorier parce que ces dernières années nous avons engagé des investissements importants sur la technique notamment et ce sur 3 années, et je présente à la prochaine assemblée générale un budget déficitaire de 20 000 €
(- 40 000 € en prévision pour l’an prochain) ; il me semble important et responsable de continuer à suivre ces projets.
Et l'avenir de la filière Lentille Verte du Puy, comment le voyez-vous ?
A.W. : La dynamique est lancée. La filière est dans les rails. L’avenir de la Lentille Verte du Puy dépend de la prochaine récolte. Il suffit d’une bonne année pour continuer à investir et poursuivre le travail engagé. Mon seul souhait : une excellente récolte 2015 !
Propos recueillis par Suzanne marion