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Le Tour de France a son nouveau col mythique

Covid ou pas, les Cantaliens et amoureux du Tour ont bravé l’effort physique pour rallier Néronne, le Pas de Peyrol... afin de communier autour du cyclisme et de ses héros.

C’est à la force des mollets, à pied ou en vélo, que les spectateurs ont rejoint depuis Néronne, Dienne ou Mandailles la ligne d’arrivée.
C’est à la force des mollets, à pied ou en vélo, que les spectateurs ont rejoint depuis Néronne, Dienne ou Mandailles la ligne d’arrivée.
© P. O.

Jamais sans doute, l’affirmation n’a pris autant de sens que ce vendredi 11 septembre 2020 : le Puy Mary se mérite. Même les meilleurs grimpeurs l’ont appris à leurs dépends dans les derniers kilomètres les menant du col de Néronne au Pas de Peyrol. Quintana, Bernal, Pinot... tous étaient dans le rouge dans le virage orange (de Saint-Cernin) à l’exception des fulgurants Slovènes Roglic et Pogacar, impressionnants d’aisance. Traits tirés, visages pâles, grimaces de souffrance : beaucoup avaient sous-estimé les pentes du stratovolcan. Une étape casse-pattes qui a laissé des traces et cruellement écarté un Romain Bardet victime d’une mauvaise chute et contraint le soir-même à l’abandon.

Public cosmopolite

Mais ce qui restera en mémoire des dizaines de millions de téléspectateurs à travers le monde, ce sont des paysages grandioses tout au long du parcours emprunté dans le Cantal, dominés par un Puy Mary en majesté, et partout une même ferveur, une même envie de promouvoir son pays, son Cantal et de communier avec les champions. Pour preuve, malgré les contraintes inhérentes au contexte sanitaire, les mordus de la Grande boucle n’ont pas hésité à enfourcher leur vélo ou enfiler leur sac à dos pour rejoindre la ligne d’arrivée et les derniers virages dont la fréquentation vendredi n’avait rien à envier aux cols mythiques des Alpes. Deux, trois heures d’ascension, de quoi se mettre en jambes et l’occasion de croiser un public éclectique et cosmopolite : Picards, Bretons, Auvergnats, Belges, Catalans... Certains ont roulé la nuit durant pour approcher leurs héros, à l’image de ces six licenciés du Drapeau vélo dans les Flandres. “D’habitude, on prend une semaine de vacances en juillet pour suivre le Tour de France, là on a dû raccourcir à un week-end mais ça vaut le coup !”, lancent ces Flamands fidèles du Tour des Flandres comme des classiques Flèche wallonne, Paris-Roubaix... Eux aussi ont passé une nuit blanche sur la route pour être au sommet suffisamment tôt : impossible de les rater avec leurs maillots de la Jumbo Visma et leurs drapeaux... catalans. Seri Sureda et ses compatriotes barcelonais sont là pour soutenir un ami, le Norvégien Grondahl Jansen. En attendant, ils profitent, émerveillés, du paysage. Cap cette fois au nord-ouest, en Bretagne, dont les étendards flottent fièrement au pied du Puy Mary : les Blanc-Bourgeois du CCBB sont présents en nombre. Arrivés le dimanche précédent, ils ont déjà eu l’occasion de gravir les cols cantaliens (Puy Mary depuis Mandailles, Pertus...) et de savourer la gastronomie locale depuis leur camp de base, le camping d’Arpajon-sur-Cère.

Puy Mary : sommet totémique

Dans cette foule bigarrée qui a pris possession des bords de route, quelques enfants ont fait l’école buissonnière. Julien en fait partie. “On a fait un petit mot pour l’école, il rattrapera les leçons ce week-end”, confie son père Laurent, dont les racines familiales sont à Dienne. Licencié à l’Étoile de Clermont-Ferrand, Julien, fan de Romain Bardet, ne pouvait pas ne pas être là. “L’arrivée du Tour ici, c’est exceptionnel. Pour nous, le Puy Mary, c’est une montagne totémique, on l’a en ligne de mire chaque matin pendant les vacances et c’est devenu notre challenge d’en faire l’ascension côté Dienne.” Une ascension au-dessus de la vallée de la Santoire qu’ont aussi affrontée Quentin et Jules, à peine 45 ans à eux deux : “Les trois derniers kilomètres, c’est du costaud !” témoignent les deux copains clermontois, plus à l’aise à la course à pied mais fiers que le “Tour vienne tutoyer les sommets du Massif central”. C’est également en voisins que les Billomois Jordan, Pierre-Arnaud et Étienne sont venus assister à cette étape 100 % auvergnate : “On essaie de faire une grosse étape chaque année” : Bruxelles, Brioude... et même les Champs-Élysées ont ainsi été au programme avant le Puy Mary. Après l’effort, le réconfort : rillettes et bières sont au menu du groupe dans une ambiance décontractée.

“The place to be”

Côté ambiance justement, il faut descendre 800 mètres plus bas pour trouver le point chaud, l’épicentre d’une animation volcanique : celle du désormais célèbre Virage dorien quadrillé d’orange et noir. Alexandre Volpilhac - alias Chouna - et les gars du plateau sont arrivés la veille pour finaliser les 69 rectangles de leur virage, installer sono, tables, barbecue, pompe à bière... et un canard géant. Avant le passage de la caravane et des coureurs, ce sont eux qui font le spectacle, toujours fiers d’arborer les couleurs de leur village, du Cantal, de célébrer “la plus belle course du monde” et de porter par leurs encouragements Romain Bardet. “Le Virage dorien, c’est complètement à l’image du Tour : le côté populaire, la convivialité, un état d’esprit...”, abonde Cyril, de Jussac, qui a posé une journée de RTT pour l’évènement dont il a craint un temps qu’il soit annulé. “Quand on voit toute cette ferveur, on se dit que c’est vraiment bien que le Tour ait été maintenu”, estiment Grégory et Isabelle, de Saugues, qui profitent de leur semaine cantalienne pour randonner sur le massif.

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