Le Strip-till poursuit sa progression en Limagne
Chaque année les adhérents de la Cuma des Marais de Saint-André-le-Coq travaillent de plus en plus de surfaces avec le Strip-till plébiscitant la réduction du temps de travail.
Il y a un peu plus d’an un, la Cuma des Marais de Saint-André-le-Coq, la Cuma d’Entraigues, la Cuma d’Yssac 2000, la Cuma l’Indépendante de Maringues et la Cuma des Marais de Saint-Beauzire, recevaient leur Strip-till. Premier outil du genre à être acquis en commun dans le Puy-de-Dôme, il est utilisé aujourd’hui par une dizaine d’adhérents qui ont réalisé un peu plus de 190 ha en 2019. « La plupart des adhérents travaillent plus de surfaces que ce qu’ils ont engagé lors de l’achat » explique Pascal Rougier, président de la Cuma des Marais de Saint-André-le-Coq, initiatrice du projet. L’outil de la coopérative est équipé de six éléments à 80 cm, de traceurs et de dents mécano-soudées. En un seul et unique passage, majoritairement réalisé en fin d’été-début d’automne, les agriculteurs préparent leurs sols sur la ligne de semis. Après deux campagnes ils sont convaincus, à l’image de Guillaume Meunier, adhérent de la Cuma et responsable de la gestion du Strip-till. « Nous avons de bons retours de la part de tous les utilisateurs. Les rendements sont similaires et certains témoignent même avoir une augmentation de production sur du maïs ensilage. Nous sommes surtout gagnants sur le temps de travail puisque nous ne réalisons qu’un seul passage. »
Des résultats agronomiques similaires
Un seul et unique passage avant le semis contre deux à trois habituellement, c’est la promesse du Strip-till. À la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme, l’équipe agronomie a réalisé plusieurs essais sur maïs grain il y a quelques années. Résultats à l’appui, Yoann Ginestière, ingénieur agronome témoigne d’une vitesse de travail du Strip-till sans aucune mesure avec le labour. « Le débit de chantier est en moyenne de 3 ha/heure soit environ 20 minutes par hectare. » Côté financier, là encore la technique de travail sur la ligne de semis occupe le haut du podium. « Nous avons évalué le coût du passage, tracteur plus outil (hors rémunération) entre 80 et 100€/ha. Un travail du sol conventionnel avec un labour, un hersage et un passage de vibroculteur, la charge de mécanisation oscille entre 200 et 250€/ha. »
Côté agronomie, les essais révèlent une similitude entre les deux techniques tant sur le développement de la culture que son rendement. A contrario, la réussite du Strip-till ne dépend pas simplement de l’outil mais également du sol. Ce dernier ne doit être « ni tassé, ni pauvre en matière organique et ni humide » précise Yoann Ginestière. Sur des sols mouillés, le Strip-till est à proscrire puisqu’il peut créer lors de son passage comme « des semelles de labour sur les bords de la ligne de semis ».
À la Cuma de St-André-le-Coq, Guillaume Meunier ajoute « l’idéal pour le Strip-till c’est un précédant céréales à paille parce qu’après un maïs ou un tournesol, les résidus sont trop gros » dégradant la qualité du travail. Enfin, il est important de préciser qu’une telle technique demande d’être bien appareillée. Le Strip-till de la Cuma avoisine 2,5 tonnes. « Il faut un tracteur un peu puissant. Très souvent nos adhérents se regroupent pour réaliser le travail. Ainsi, ceux un peu limite en puissance, empruntent soit le tracteur de leur collègue soit ce dernier le réalise. » Evidemment, l’utilisation d’un GPS est fortement recommandée lors du semis, pour ne pas implanter sa culture à côté des raies travaillées l’automne d’avant.
Le glyphosate, l’épée de Damoclès
Malheureusement, il n’existe pas de solution miracle et le Strip-till en fait partie. « Nous sommes dépendants du glyphosate pour la gestion des adventices. » Au printemps suivant le passage, les agriculteurs n’ont d’autre choix que de réaliser un traitement systémique sur toute la parcelle. « Le désherbage mécanique est un non-sens en Strip-till puisque l’objectif de la technique est de réduire le travail du sol. Donc au printemps, ils n’ont pas le choix, c’est glyphosate » explique Yoann Ginestière.
L’avenir de la technique repose sur la molécule dont, selon les dernières rumeurs, l’interdiction partielle interviendrait le 1er janvier 2021 pour être complètement suspendue au 1er janvier 2023. Pascal Rougier, président de la Cuma espère, comme tous ses collègues, voir émerger d’ici-là une dérogation pour certaines techniques. « On ne peut pas substituer le glyphosate. Son interdiction condamne toutes les techniques de travail du sol simplifié qui sont, pourtant, bénéfiques à ce dernier.»