Le Préfet de région réserve sa première visite de terrain à la profession agricole
Moins de deux semaines après son arrivée en Limousin, le nouveau Préfet de région a rencontré la profession agricole le 30 octobre. Laurent Cayrel s’est rendu sur une exploitation en Haute-Vienne avant de visiter la coopérative Limdor. Retour sur cette matinée d’échanges.
« Je suis venu rencontrer les hommes derrière les dossiers ». C’est par ces mots que le nouveau Préfet de région a entamé sa visite de l’exploitation d’Anne-Marie et Michel Demanus, jeudi passé. Pour l’occasion, l’ensemble de la profession agricole limousine était présente. Le président de la Chambre régionale d’agriculture a accueilli Laurent Cayrel en évoquant les dossiers sensibles du moment. « Les décisions doivent être prises vite et les soutiens économiques doivent être simples et efficaces », a-t-il souligné. Jean-Philippe Viollet a également fait le vœu que cette première rencontre soit le début d’un travail de collaboration fructueux. Les représentants syndicaux sont ensuite revenus dans le détail sur les nombreuses problématiques du monde agricole limousin. Le président de la FRSEA Limousin a réitéré la demande de retrait du classement des 83 communes limousines en zones vulnérables. Concernant l’embargo russe et ses conséquences sur les ventes de bovins, Daniel Couderc a souligné la nécessité d’un travail de lobbying pour favoriser l’export en direction des pays du Maghreb et le besoin d’aides financières autres que celles octroyées sur le budget agricole. Compte pénibilité, taxe à la défriche, transparence des Gaec ont également été abordés. « Nous avons besoin du soutien de l’État français face aux accusations de pollution dont sont victimes les agriculteurs, a terminé le responsable syndical. Si cela continue, nous ne pourrons plus rien produire et la France sera contrainte d’importer des produits avec beaucoup moins de traçabilité… » Sur l’installation, Guillaume Joie, président de JA Limousin, a rappelé que la région figurait parmi celles qui installaient le plus. Un travail de fond menacé par la mort programmée du FICIA (fond d’incitation et de communication pour l’installation en agriculture) qui finance entre autres les Points Info Installation. Face aux professionnels, le Préfet de Région a déclaré ne pas ignorer les difficultés et l’inquiétude ambiante. « Nous sommes dans une période de profondes réformes qui sont nécessaires pour résoudre les problèmes, a expliqué Laurent Cayrel. Cette période de mutation est aussi une période de fragilité. Cela suppose un dialogue étroit pour éviter les cassures. Je veux engager un dialogue constructif et régulier. »
Les deux productions phares du Limousin présentées sur l’EARL Demanus
Au travers de la présentation de l’EARL Demanus, d’autres thèmes ont été abordés. Naisseur engraisseur installé sur 98 ha avec 90 bovins limousins, Michel Demanus produit des taurillons et génisses lourdes sous signe officiel de la qualité et de l’origine. Il possède par ailleurs 8 ha de vergers de pommes AOP. Partant prochainement à la retraite, l’exploitation sera reprise par son épouse et son gendre, passant d’EARL au Gaec. La production de pommes de l’EARL a permis d’évoquer la question de l’irrigation ou encore les phytosanitaires. Sur ce dernier point, le préfet a pu constater toutes les précautions prises notamment en matière de stockage et de lavage des outils. La visite s’est poursuivie à la coopérative Limdor. Président et directeur de la coopérative y ont souligné les difficultés de la filière, difficultés commerciales et renouvellement des générations en tête. Pour Tony Cornelissen, président de la Chambre d’agriculture de Corrèze, le risque pour la filière est grand. « Les producteurs sont démotivés et ne s’y retrouvent plus alors même qu’ils sont techniquement très pointus, a-t-il témoigné. Il n’y a pas de signaux positifs ». Même en production bio, les difficultés sont là comme l’a indiqué Michel Texier, président de Limdor, « nous produisons aujourd’hui 500 t de pommes bio, bientôt 1000 t. Nous avons des problèmes qu’il faut résoudre rapidement sinon d’autres pays passeront devant nous. Ce sont des problèmes de conservation ou liés aux produits phytosanitaires. Certains produits sont en effet interdits en France mais autorisés dans d’autres pays d’Europe ». Après le déjeuner, Laurent Cayrel a poursuivi sa découverte de l’agriculture limousine. Également préfet de Haute-Vienne, il s’est rendu sur une seconde exploitation afin d’aborder les problématiques plus spécifiques à ce département.