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FCO : "la situation est grave, il faut vacciner"

Le Préfet s'est rendu sur l'exploitation du Gaec de Sognes à Chilhac pour faire un point sur la situation de crise dans laquelle se trouvent plongés les éleveurs, en particulier les moutonniers.

Le Préfet de Haute-Loire Yvan Cordier s'est déplacé à Chilhac sur une exploitation ovine touchée par la FCO pour faire un point de situation sur cette crise sanitaire d'envergure.
Le Préfet de Haute-Loire Yvan Cordier s'est déplacé à Chilhac sur une exploitation ovine touchée par la FCO pour faire un point de situation sur cette crise sanitaire d'envergure.
© ©HLP

La Fièvre Catarrhale Ovine s'est installée en Haute-Loire et presque sur toute la France, et cause des dégâts considérables dans les troupeaux, notamment en ovins, mais pas que. Cette crise sanitaire mobilise largement la profession agricole et l'ensemble des filières animales, et l'administration. C'est pourquoi, jeudi dernier, 19 septembre, Monsieur le Préfet de Haute-Loire Yvan Cordier s'est rendu à l'invitation de la FDSEA, de JA43 et de la Chambre d'agriculture sur l'exploitation de Jérémy Deberle, en Gaec avec son oncle, à Chilhac, pour faire un point sur la situation.

De nombreux interlocuteurs, tous concernés par cette crise, avaient répondu à cette invitation. Autour des éleveurs et de leur vétérinaire, on retrouvait le sous-Préfet de Brioude Emmanuel Fevre, des représentants de la DDT (Direction départementale des territoires), de la DDETSPP (Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations), de la MSA, des OP (APIV…), du Département, ainsi que le Sénateur Laurent Duplomb et le Député Jean-Pierre Vigier, et de nombreux éleveurs du secteur.

D'entrée, le tableau est brossé. Jérémy Deberle, installé depuis le 1er janvier 2023 avec son oncle Paul sur le Gaec des Sognes à Chilhac, déplore à ce jour 58 brebis mortes pour un troupeau de 400 brebis ; la dernière est morte le dimanche précédent. 15 autres très affaiblies par la maladie ont survécu mais dans un triste état. Avec l'arrivée du froid, l'ensemble du troupeau ayant été rentré en bergerie, il y a 3 semaines, "l'hémorragie a été stoppée" explique le jeune éleveur très affecté physiquement et moralement par cette grave épidémie. Pour se donner plus de chances d'enrayer la maladie, le troupeau vient d'être vacciné. Outre les pertes sèches, les éleveurs relèvent d'autres conséquences ; par exemple un lot de brebis vient d’être échographié et affiche un taux de 66 % contre plus de 75 % d'ordinaire.

Cette présentation lapidaire a été étayée par de nombreux autres témoignages recueillis ce jour. Ainsi, Pierre-Baptiste Ollier qui avait fait l'objet d'un reportage dans nos colonnes fin août, reconnaît que l'hécatombe est aujourd'hui stoppée mais affiche le triste bilan de son troupeau avec plus de 130 brebis mortes. Medhi Viallet technicien à l'APIV, qui suit de nombreux troupeaux sur l'ouest du département, note des pertes de 10 à 13 % sur de très nombreux troupeaux. Tous les éleveurs présents ce jeudi à Chilhac font le même constat, sans parler des éleveurs bovins moins touchés, avec moins d'animaux morts, mais néanmoins concernés.

Il faut vacciner

Les différents intervenants ont listé plusieurs vérités face à ce fléau. Tout d'abord, le nombre important de sérotypes différents pour la FCO. En Haute-Loire, c'est le 8 qui sévit actuellement, le 3 n'étant pas encore entré sur notre territoire, mais jusqu'à quand… s'interrogent les éleveurs. Autre point important, jusqu'à présent le vaccin protège, aussi il est vivement conseillé à tous les éleveurs de vacciner leur troupeau même si des interrogations subsistent : quand vacciner ? Contre quel sérotype ? Y a-t-il suffisamment de doses ? à quel prix ? Faut-il 1 ou 2 doses ? Autant de questions auxquelles le Préfet et les services de l'État ont tenté de répondre. Mais le leitmotiv de tous est : "il faut vacciner".

Le Préfet a rappelé que le vaccin pour le sérotype 3 est gratuit. Par contre le 8 est payant, de l'ordre de 2 €/dose. La profession, en lien avec l'administration et les collectivités territoriales, se penche sur la question du financement et demande un remboursement de ces vaccins, car "les éleveurs, fragilisés par les pertes subies, ne pourront pas supporter un tel coût", comme l'ont exprimé les nombreux responsables professionnels présents.

Des leviers à actionner

Plusieurs leviers ont d'ores et déjà été actionnés. Les services de l'état, avec l'appui des vétérinaires, ont recensé environ 750 foyers en Haute-Loire. Le Préfet invite les éleveurs ayant enregistré des pertes à se faire connaître afin de bénéficier, le cas échéant, d'un éventuel dispositif d'indemnisation. La MSA s'est aussi rapprochée des éleveurs pour leur apporter un soutien (lire encadré). Pour la PAC, le dispositif de "Cas de force majeure" a été actionné afin que les éleveurs ne soient pas pénalisés sur leurs aides européennes en cas de perte d'effectif due à la FCO.

D'autres chantiers sont en cours pour l'indemnisation des pertes, avec l'intervention du FMSE (Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental) mais "il faut un complément de l'État" précise le Préfet Cordier. Jean-Pierre Vigier renchérit : "on attend une action forte de l'État car des éleveurs ne s'en remettront pas".

Du côté de la profession, même si les responsables sont inquiets, ils ne baissent pas les bras et ont engagé un travail pour apporter des solutions aux éleveurs. "C'est toute la filière qui est en difficulté" insiste Véronique Roux présidente de la FDO (Fédération départementale ovine), mais face à cela tout le pôle ovin se concerte et cherche ce dont la filière a besoin pour passer cette crise. Et de souligner "le travail est fait et bien fait sur notre département". Le président des JA, Julien Duplomb a mis en avant le cas particulier des jeunes éleveurs récemment installés et impactés, alors que cette production jouit d'un réel dynamisme ces dernières années. Yannick Fialip président de la Chambre d'agriculture s'est interrogé sur l'avenir de ces éleveurs qui devront "recapitaliser" et pose la question d'une aide pour garder les agnelles.

Le président de la FDSEA, Nicolas Merle, veut "aller de l'avant" et apporter des solutions concrètes aux éleveurs, même s'il se réjouit du travail déjà engagé sur le département. Le mot de la fin revenait à Yvan Cordier, le Préfet, qui "mesure la souffrance que la FCO représente". Bien qu'à ce jour, le Gouvernement n'avait encore pas de Ministre de l'agriculture, il a assuré les éleveurs que "l'État est mobilisé" et que sur le département, "on travaille très bien avec la profession, FDSEA, JA et Chambre d'agriculture". Dès le lendemain, vendredi 20 septembre, la cellule de crise départementale, avec tous les acteurs de la filière élevage, devait continuer à travailler.

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