Le Lioran : il y a tant à faire !
Malgré deux hivers "à la terre", mais avec l’arrivée d’un nouveau directeur, Laurent Fillon, le président du Département du Cantal, Bruno Faure, ne veut rien lâcher pour le la station de ski du Lioran. Avec la nécessité d’un engagement collectif.
Malgré deux hivers "à la terre", mais avec l’arrivée d’un nouveau directeur, Laurent Fillon, le président du Département du Cantal, Bruno Faure, ne veut rien lâcher pour le la station de ski du Lioran. Avec la nécessité d’un engagement collectif.
À la veille de l’ouverture de la saison d’hiver, prévue le samedi 21 décembre, si la neige du ciel ne permet pas une ouverture anticipée, Bruno Faure assure vouloir garder le cap pour la station de ski du Lioran. Et ce, malgré les difficultés financières liées à une baisse de chiffre d’affaires pour le domaine skiable après deux années au manteau neigeux aléatoire dans le Cantal ; face aux changements climatiques et aux critiques désormais nombreuses, même dans le Cantal, contre un modèle économique qui nécessite de produire toujours plus de neige pour le plaisir de skieurs privilégiés.
Faire avec
Une locomotive pour le Cantal"
Pour construire son argumentaire, le président du conseil départemental du Cantal et de la Saem Lioran Développement(1) dénonce une conjoncture défavorable depuis quatre ans : station fermée pour cause de Covid alors que la neige était au rendez-vous, une facture d’énergie ayant plombé les comptes de près d’un million d’euros et enfin, une météo en vent contraire. Pour autant, et en tenant compte de ces situations (le contrat d’électricité sera revu en 2026 avec pour résultat une note divisée par trois), Bruno Faure veut anticiper, prioriser, rassembler en faveur de ce qu’il appelle “une locomotive pour le Cantal”. Et d’expliquer : “Aujourd’hui, et pour quelques temps encore, le chiffre d’affaires est dégagé par le ski à 90 %”, même si la saison d’été grimpe avec, en 2024, un record à 672 000 € (dont 98 000 € pour la tyrolienne).
La production de neige et les remontées mécaniques permettent de pérenniser les autres activités et d’envisager des compléments ou une mutation vers le “quatre saisons”. “Sans les canons à neige, il n’y a pas d’école de ski. Pour cela, l’hiver dernier, le gros besoin de production a coûté cher à la Saem mais cela a permis aux moniteurs de faire une très bonne saison, prend pour exemple Bruno Faure. Sans téléphérique, comment faire accéder les gens au Plomb
du Cantal (350 000 passages cet été) ? Sans télésièges, comment développer le VTT ? Un projet que nous étudions pour rentabiliser le téléphérique, que nous devrons changer en 2030, est de rendre la crête du plomb plus attractive comme cela se fait sur d’autres sites comme l’Aiguille du midi.”
Le président de la Saem s’appuie sur l’étude Climsnow qui permet d’évaluer l’impact du changement climatique sur le manteau
neigeux.
Climsnow pour balise
Un acteur certes central mais un acteur parmi d’autres du Lioran”
“Ce ne sont que des moyennes mais elles donnent une vision jusqu’à 2050 de pouvoir encore bénéficier de 86 à 110 jours de neige au Lioran. Cela nous assure d’amortir les investissements à la condition de nous prémunir des aléas avec une production de neige qui nous demande de poursuivre le plan de modernisation des enneigeurs, avec cette année la piste de la Familiale, et la création d’une nouvelle retenue d’eau qui pourra aussi servir un développement estival et d’outil de sécurité par rapport au risque incendie.”
Voilà pour ce qui concerne la Saem, “un acteur certes central mais un acteur parmi d’autres du Lioran”. Pour le Département, son rôle se concentre sur la patinoire dont il est propriétaire avec l’objectif d’en faire un lieu multifonctions indoor et d’animations pour des conférences, des séminaires, des spectacles... Là aussi faut-il se poser la question des choix d’une patinoire avec une glace pouvant laisser la place à d’autres types de surfaces en fonction des prestations. Avec cette perspective, mais aussi la luge, la tyrolienne, le VTT... l’objectif est de rendre la station plus polyvalente répondant aux skieurs mais aussi à tous les non-skieurs (en station, trois personnes sur quatre ne skient pas). C’est aussi mettre l’accent sur la marque de la station au caractère familiale.
Ensemble, avec chacun ses responsabilités
Pour la friche du Grand Phénix, le rôle du Département s’arrête à la remise sur le marché du foncier. “Ce n’est pas notre rôle de faire de l’hébergement et j’espère qu’il y aura des candidats sachant que pour augmenter les passages aux remontées mécaniques pour financer la neige de culture, nous avons besoin de lits supplémentaires”, poursuit Bruno Faure, qui laisse entendre que si les acteurs du Lioran sont tous liés, chacun doit prendre ses responsabilités et la Saem ne peut plus être le pompier de service.
Et d’appuyer : “Une garderie ? Nous avons des locaux à disposition ; par contre, la compétence est celle des communes ou des communautés de communes. La mobilité pour rayonner davantage sur les vallées, c’est la compétence des com com et de la Région, etc. Dans le contexte financier actuel pour la Saem, nous devons anticiper, prioriser, pour ne pas manquer l’avenir du Lioran qui reste essentiel pour l’économie du territoire. Et notre priorité est la neige pour faire fonctionner et développer tout le reste et avoir un retour sur investissement.”
(1) La société des remontées mécaniques de la station cantalienne, dont le Département est l’actionnaire principal
Laurent Fillon s’installe au Lioran
Depuis deux semaines, Laurent Fillon a pris la direction de la Saem Lioran Développement. La société des remontées mécaniques de la station génère en moyenne 7 millions d’euros de chiffre d’affaires (5 M€ pour la dernière saison) avec 26 salariés permanents et une centaine de saisonniers en hiver.
Originaire de Savoie, âgé de 56 ans, marié à une Cantalienne et père de deux enfants, cet ingénieur de formation a débuté sa carrière à Courchevel afin de répondre à son envie de travailler dans l’univers de la montagne. Il a occupé différents postes depuis les remontées mécaniques, la gestion des pistes, le suivi des
projets, la qualité, sur des postes techniques au sein de la société des Trois Vallées. Également membre du directoire de cette société, il possède une bonne expérience de la gestion d’un domaine skiable. En 2009, toujours dans les Alpes, il est appelé à devenir directeur général de la station d’Arêches-Beaufort : une station communale, 5 M€ de chiffre d’affaires, 14 remontées mécaniques, une quarantaine de salariés, très axée sur le ski alpin avec un développement été lié à la proximité des lacs hydroélectriques.
“Une opportunité séduisante”
“Je connais bien le Cantal pour m’y être rendu régulièrement depuis de nombreuses années”, confie Laurent Fillon qui juge son arrivée au Lioran comme “une opportunité séduisante. Donc, je ne découvre pas le territoire que j’aime beaucoup, mais je découvre aujourd’hui le Lioran avec son potentiel et sa dynamique accompagnée par le Conseil départemental avec une réelle volonté de maintenir cet outil économique. Par rapport aux Alpes, il y a ici de nouvelles choses et donc personnellement, un nouveau challenge notamment celui de la réactivité par rapport à neige, la volonté de développer le hors ski et de
renforcer la saison estivale. C’est très différent d’Arêches-Beaufort qui est une station avec un enneigement exceptionnel et peu de volonté de développer l’été”.
Un outil avec des moyens
Laurent Fillon apprécie aussi l’équipe des permanents qu’il a découverts à son arrivée, pour “ses compétences et son attachement à la station. Il y a ici un véritable outil de travail. J’arrive dans un état d’esprit de pérenniser l’activité ski. Cela va nécessiter de la
réactivité, de l’adaptation. Pour moi aussi, c’est une diversification puisqu’il y a de nombreuses
activités à gérer comme la
tyrolienne, la patinoire et son bar, le déva’luge... C’est l’occasion de découvrir de nouvelles choses”.
C’est aussi de découvrir l’environnement de la station qui ne souffre pas, comme cela est le cas dans les Alpes, de la concurrence de très grosses stations à seulement quelques kilomètres. Selon lui, la fermeture des certaines stations est davantage liée à cette concurrence, au manque d’anticipation et de moyens financiers plus qu’au réchauffement climatique à proprement parler. “Le ski représente une activité touristique mais, aussi, une économie importante pour les territoires, explique
Laurent Fillon. Il faut aujourd’hui le voir ainsi pour parler développement et stratégie avec des enjeux financiers forts.”