« Le GDS est là, et a toujours été là, pour accompagner les éleveurs »
Jean-Luc Ferret, président du GDS 63, revient sur les conséquences sanitaires des deux épisodes caniculaires et sur le prochain protocole obligatoire d’éradication de la BVD.
exploitation tandis que la recherche de BVD demande un investissement de 500€/an/exploitation » affirme Jean-Luc Ferret
Sécheresse, canicule, pertes de fourrages… Les différents épisodes climatiques de ces 14 derniers mois, ont de lourdes conséquences sur les troupeaux. Les animaux pâtissent, entraînant sur les exploitations : chute de production laitière, perte de productivité en allaitant mais aussi développement des risques sanitaires. Jean-Luc Ferret, président du GDS du Puy-de-Dôme revient en détail sur la situation dans le département et évoque également le futur protocole BVD.
Quels impacts ont eu dans les élevages les deux derniers épisodes caniculaires ?
Nous constatons une augmentation du nombre d’avortements, une amplification des mammites et aussi le développement de pathologies respiratoires. La production laitière a également chuté en moyenne de -10% par vache. Les élevages allaitants ne sont pas épargnés avec des GMQ par veau moins élevés. Les vaches ne sont pas habituées, et ne sont pas faites pour les grosses chaleurs. Elles dépensent beaucoup d’énergie à essayer de se refroidir. Leur immunité baisse, les animaux sont fragilisés. Je ne parle même pas des veaux naissants. Une canicule peut être désastreuse si l’on n’est pas vigilant parce qu’un petit veau n’a pas le réflexe d’aller têter sa mère pour boire, et encore moins d’aller jusqu’à l’abreuvoir.
Ces deux épisodes sont arrivés précocement dans la saison et leurs conséquences sont déjà
importantes. Que se passera-t-il si une troisième canicule a lieu en août ?
C’est une éventualité à prendre en compte. Si elle n’est pas immédiate, les impacts de ce potentiel épisode de chaleur seront sans doute limités. Dans le cas contraire, les éleveurs devront redoubler encore davantage de vigilance. Quoi qu’il en soit, les organismes de nos animaux sont déjà fragilisés. Il faut s’attendre à voir se développer davantage de pathologies dans nos élevages. En 2018, nous avions déjà constaté une augmentation des maladies respiratoires.
Peut-on s’attendre à une recrudescence de la FCO ?
Non je ne crois pas. Les éleveurs du département ont dans l’ensemble, bien vacciné leurs animaux. Nous avons relevé quelques naissances et avortements mais rien de considérable.
Dans les élevages, les granges sont vides. La sécheresse et la canicule ont réduit la productivité, et le moral des éleveurs est au plus bas… Ce n’est peut être pas l’année idéale pour le lancement du protocole d’éradication de la BVD...
Le décret d’application édité par le ministère de l’Agriculture est paru le 1er août. Le suivi du protocole d’éradication sera obligatoire dès le mois de septembre. Compte tenu de la situation que nous traversons, il est vrai que c’est tout sauf le bon moment. Mais nous avons chiffré le coût de la BVD sur une exploitation. Il est de 5 000 € par an. La recherche de BVD demande environ 500 €/an d’investissement par exploitation. Le plus grand obstacle à ce protocole qui se pose à nous, c’est l’élimination systématique et quasi- immédiate des veaux positifs. Nous sommes des éleveurs. Nous ne sommes pas faits pour éliminer des veaux qui paraissent, à première vue, en bonne santé.
Dans certains départements les GDS indemnisent les veaux éliminés. En sera-t-il de même dans le Puy-de-Dôme ?
Nous avons fait le choix au sein du GDS 63 de ne pas indemniser les veaux. Un pareil accompagnement demande une enveloppe budgétaire conséquente que nous n’avons pas. Nous avons préféré maintenir les tarifs des cotisations au groupement et soutenir les éleveurs dans la mise en place de ce protocole d’éradication à hauteur de 1€/analyse. Nous avons également demandé aux vétérinaires du Puy-de-Dôme un tarif fixe pour l’élimination des veaux. Enfin, nous sommes en négociation avec le Conseil Régional AuRA pour l’ouverture d’une subvention.
Ce protocole semble assez lourd pour les élevages ?
Oui, il demande de la part des éleveurs de la rigueur et de l’attention. L’éradication de la BVD n’est pas du fait propre du GDS 63 mais du ministère de l’Agriculture. Le GDS est là, et a toujours été là, pour accompagner les éleveurs. Nous communiquerons largement auprès d’eux pour les aider dans la mise en place de ce protocole obligatoire. Ils seront accompagnés par deux salariés du groupement, entièrement dédiés à ce sujet. Il faut voir dans l’éradication de la BVD, l’opportunité pour nos exploitations de réduire à moyen terme le coût du sanitaire. À terme, la lutte contre la BVD en France peut ouvrir vers de nouveaux marchés notamment avec l’Allemagne, la Suisse…