Tout le monde semble en convenir
"Le dossier principal, c'est l'herbe"
Dans le cadre de la tournée des régions de la FNSEA, son secrétaire général Dominique Barrau et un de ses vice-présidents Pascal Ferey ont rencontré les responsables agricoles du Massif Central. Le bilan de santé de la PAC était bien sûr au coeur des débats, avec en point de mire le soutien économique à l'herbe défendu avec force par la région.

Et dans combien de temps ? Nous en sommes là aujourd’hui… » précise Pascal Ferey.
Comme chaque année, la FNSEA effectue une tournée des régions. Une manière pour le syndicat, d’expliquer sa stratégie et d’écouter les préoccupations des agriculteurs et des différentes productions. Lundi dernier, à Aubière, Dominique Barrau secrétaire général de la FNSEA, et Pascal Ferey vice-président, se sont prêtés au jeu des questions réponses, faisant preuve de pédagogie, mais parfois aussi d’irritation.
Au cœur du débat, évidemment, le bilan de santé de la PAC. Le ministre de l’agriculture devrait annoncer ses modalités d’application en France, le 12 février, juste avant de se rendre au colloque national dédié à l’agriculture de montagne, organisé le même jour à Evian. L’accord sur ce bilan de santé, négocié, le 20 novembre dernier par les états membres de l’Union européenne, a en effet permis de faire émerger une boîte à outils. Si le choix des outils reste à l’appréciation de chaque état membre, la FNSEA compte bien avoir plus que son mot à dire. Le syndicat, ne saurait se contenter d’un seul arbitrage ministériel et gouvernemental.
« Lors du séminaire, organisé le 11 décembre, nous avons travaillé avec les régions et les associations spécialisées, puis nous nous sommes retrouvés en conseil d’administration, le 14 janvier dernier, pour affiner nos positions », a expliqué Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.
Quel prélèvement ?
On imagine que le soutien économique à l’herbe, défendu bec et ongle par le Massif central, depuis plus de deux ans, a largement occupé les discussions, notamment lors de ces deux rendez-vous, si bien que l’aveyronnais Dominique Barrau confie sans détour : « la FNSEA, consciente que les distorsions de concurrence ont été générées par le trou de l’herbe, s’est clairement positionnée pour un rééquilibrage en faveur de l’herbe dans le premier pilier de la PAC ». Reste à connaître le montant de cette prime économique à l’herbe ? « A quel niveau va-t-on mettre le curseur du prélèvement ? Tous les hectares seront-ils dotés ? Et dans combien de temps ? Nous en sommes là aujourd’hui », a constaté le vice-président de la FNSEA. Pour Pascal Ferey, vice-président de la FNSEA, s’il est normal « de mettre de l’herbe dans le premier pilier », il est important d’en conserver une partie dans le second pilier (PHAE2), « sans pour autant se laisser enfermer dans des contraintes environnementales ».
Une réflexion partagée par Jacques Chazalet, président de la FRSEA Massif central, qui voyant le débat se cristalliser autour de productions spécifiques n’a eu de cesse de rappeler que « le dossier principal c’est l’herbe ! ». Tout le monde aujourd’hui semble en convenir, y compris du côté des céréaliers.
Légitimer la PAC
« Régler le problème de l’herbe oui, mais le soutien différencié est à aborder avec beaucoup de parcimonie. L’état d’esprit doit être celui de la convergence. Il sera important de regarder les choses de très près, car le problème du revenu n’est pas l’apanage d’une production par rapport à l’autre », a estimé Patrick Trillon, président de l’UDSEA du Puy-de-Dôme.
Reprenant les propos des Jeunes agriculteurs, selon lesquels « les aides n’appartiennent pas aux agriculteurs, mais aux contribuables », le cantalien Patrick Bénézit a souhaité alerter : « la PAC est très attaquée sur le plan budgétaire. Les moyens pour légitimer les soutiens passent par les revenus. Si on refuse de voir cette réalité des revenus, on risque d’avoir des coupes sombres dans le budget de la PAC ».
Réalité des revenus, mais aussi des handicaps, dont « la notion de correction mérite aujourd’hui d’être réévaluée », selon Dominique Barrau.
Débat sur le lait
Les producteurs laitiers des zones de montagne sont évidemment favorables à un soutien économique à lherbe, ainsi quà une réévaluation des compensations pour handicaps naturels, mais selon eux, ces deux mesures ne seront pas suffisantes pour maintenir les producteurs de lait en montagne.
« En 2008, le revenu des producteurs de lait oscille entre 13.000 ¬ Et 50.000 ¬ Par actif. Les producteurs du massif central tout comme ceux du jura, qui pourtant eux valorisent leurs productions grâce aux aoc, se trouvent dans la tranche la plus basse. Les producteurs attendent aujourdhui de la fnsea quelle adopte une position claire sur laide laitière en zone de montagne », a expliqué yannick fialip, président de la section régionale laitière. Les professionnels peuvent prouver ce quils avancent, en mettant en avant, notamment les effets dancrage de la production aux territoires.