Le Département du Cantal a commandé 220 000 masques
En cette période de crise et guerre sanitaires, le Conseil général est mobilisé sur plusieurs fronts, actionnant le maximum de leviers à sa disposition au service des Cantaliens, en imaginant aussi des pistes et solutions locales inédites pour venir en appui aussi bien des troupes engagées à l'avant du front (personnel médical, soignant,...), que des secondes lignes et des bases arrières.
Dans un nouveau « visio-point presse » ce mercredi 8 avril, Bruno Faure a ainsi décliné et précisé les mesures mises en oeuvres et nouvelles actions envisagées. En se félicitant en premier lieu que le travail d'anticipation des services sociaux de la collectivité- qui, chaque jour, « passent 80 coups de fil à nos publics fragiles » - porte ses fruits et permette de déminer des situations plus critiques. Ce suivi quotidien fait que le numéro d'appel d'urgence en cas de détresse sociale est finalement peu sollicité (seuls une vingtaine d'appels).
Parallèlement, le Département planche avec la Caf (Caisse d'allocations familiales) à l'activation d'un fonds d'urgence cofinancé « pour donner des bons aux personnes dans le besoin », précise l'élu.
L'urgence est pour l'heure sanitaire et à la protection de ceux qui sont au contact de personnes fragiles, âgées, isolées, et des soignants bien sûr. Bruno Faure a rappelé que le Cantal a été doté cette semaine de 101 000 masques par l'ARS dont il a précisé la ventilation : 10 000 distribués par le Conseil général aux services et établissements non médicalisés (services de maintien à domicile, portage de repas, foyers de vie non médicalisés) ; 33 000 dédiés aux services et établissements médicalisés (services infirmiers, Ehpad, foyers médicalisés...) ; une autre partie aux auxiliaires de vie qui peuvent se les procurer en pharmacie ; tout le reste va au Groupement hospitalier de territoire (GHT) qui coordonne les différents établissements hospitaliers du département.
Produire localement des masques : pas si simple
En sus de ces dotations de l'ARS, le Département du Cantal a commandé en propre 220 000 masques. Importés de Chine, une partie (67 000) est déjà arrivée sur le sol cantalien et est distribuée au services de maintien à domicile et foyers non médicalisés en complément de la dotation de l'ARS. « J'espère que le reste va arriver rapidement et ne sera pas réquisitionné », glisse Bruno Faure, évoquant des approvisionnements pour l'heure sécurisés en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le président a par ailleurs confirmé que la collectivité réfléchissait aux moyens d'équiper tous les Cantaliens de masques, en s'appuyant - pourquoi pas - sur des filières et entreprises locales. Un projet qui s'avère ardu : « Pour fabriquer 150 000 masques, on m'a dit qu'il faudrait 238 km d'élastiques », relève-t-il. Un matériel qui ne court pas les rues en ce moment, tout comme le tissu... « Les entreprises avec lesquelles nous réfléchissons - Abeil, Piganiol... - ont deux problématiques : celle des volumes à fournir et des rendements limités de leur outil de production pas conçu pour ça. » Mais le Département ne jette pas l'éponge.
La collectivité travaille en outre avec les établissements hospitaliers (Murat, Condat, Chaudes-Aigues...) à la mise à disposition de ses internats pour le personnel médical « si le besoin s'en faisait sentir ». Et avec les associations caritatives pour leur permettre de poursuivre leur action tout en protégeant leurs bénévoles.
Autre mesure envisagée : le financement, en complément du dispositif de la Région Aura, de matériel de protection des comptoirs pour les commerces actuellement ouverts dans les bourgs et en milieu rural, « et en vue d'un futur déconfinement ».
Mobilisé pour l'économie, les AOP, les producteurs d'ovins...
Même si le soutien à l'économie ne relève plus de sa compétence, « on regarde comment on peut aider nos entreprises ». L'agriculture et l'agroalimentaire font partie des premiers sujets de préoccupation. « On s'est mobilisé sur la filière laitière et la problématique des fromages AOP d'Auvergne, souligne Bruno Faure. On est intervenu auprès du ministre de l'Agriculture, comme les parlementaires d'Auvergne, avec mes collègues présidents des conseils départementaux d'Auvergne, on a fait un courrier au président de la République, j'ai aussi saisi le président Bussereau (président de l'ADF) qui a lui-même saisi le ministre sur la situation des producteurs de lait, des entreprises des filières AOP, sur les maraîchers également. » Pour ces derniers, si la vente de plants potagers est à nouveau autorisée en format drive ou livraisons, reste la question des produits de l'horticulture... Bruno Faure sait aussi la situation critique de la filière ovine avec une chute du prix de l'agneau et des débouchés quasi inexistants alors que Pâques est LA période des achats.
« Forcément, on aura aussi une réflexion sur l'activité touristique... » mise à l'arrêt en pleine période de vacances de Pâques...
Bruno Faure a indiqué que ASO, organisateur du Tour de France, réfléchissait à plusieurs hypothèses, dont celle d'un report de l'épreuve au mois d'août, pour permettre aux coureurs d'avoir un minimum d'un mois d'entraînement et de courses avant de s'aligner sur la Grande boucle. Le Département du Cantal a donné son accord pour accueillir l'étape Châtel-Guyon / Puy Mary en août si cette formule est retenue. Dans ces conditions, le critérium du Dauphiné libéré deviendrait un incontournable de la préparation des postulants au maillot jaune. A cette heure, pour autant, rien n'est arrêté, la décision pourrait se prendre au niveau des instances cyclistes et d'ASO mi-mai.
Le Département n'a en revanche pas tranché sur le devenir du Salon du livre jeunesse prévu le premier week-end de juin : maintien, report à l'automne, annulation ?
Partenaires de nombreuses associations et manifestations, la collectivité sait qu'il y aura des « dommages collatéraux », notamment pour ceux, comme la Pastourelle, qui ont déjà engagé un budget conséquent mais sont contraints d'annuler (80 000 EUR de dépenses pour l'épreuve sagranière couplée cette année aux championnats de France de trail). Et promet d'être à leurs côtés.