Le cynips menace la châtaigneraie cévenole
En Cévennes, le cynips du châtaignier gagne du terrain. La présence de ce ravageur qui entraîne des pertes importantes sur la production de fruits et de miel doit faire l’objet de signalements.
À la demande de la communauté de communes des hauts Gardons, le Suamme représenté par Antoine Marceron et la Fredon (fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) par Nicolas André organisaient le 18 juin, une après-midi d’information sur le cynips du châtaignier à Saint-Germain-de-Calberte.
Le Cynips du châtaignier est une petite guêpe de deux à trois milimètres qui pond l’été dans les bourgeons du châtaignier. Si les larves passent l’hiver dans les bourgeons sans symptômes visibles, au printemps suivant des galles apparaissent entraînant une diminution de la croissance des rameaux et de la floraison. La présence de ces galles induit une baisse importante de la production de fruits, les pertes pouvant s’élever à 70 ou même 100 % de la récolte.
À signaler absolument
Originaire de Chine, le cynips est le ravageur numéro un au niveau mondial. Présent au Japon, en Corée ainsi qu’aux États-Unis, il est apparu en Italie en 2002. Et la France est touchée depuis 2010-2011. « De la région Rhône-Alpes au Languedoc-Roussillon en passant par la Corse ou la région Centre, le cynips est présent dans toute les régions de production » détaillait Antoine Marceron. Ce ravageur se propage au grès des mouvements d’air, par ses propres moyens (5 à 15 km par an) et profite des facteurs humains : greffe, véhicule.
Suite à lire dans le Réveil Lozère N°1266 du jeudi 3 juillet 2014, page 4.
Des variétés plus ou moins sensibles
Toutes les variétés de châtaignes ne présentent pas la même résistance devant le cynips. Les variétés hybrides type Marigoule, M15, Migoule semblent particulièrement fragiles tandis que la Bouche de Bétizac semblerait résistante. Les variétés locales également ont fait l’objet de test. La Pelligrine semblerait partiellement résistante mais les résultats diffèrent d’une année sur l’autre. Alors qu’il existe différents clones de pellegrine d’une vallée à l’autre et faute de recul suffisant, ces résultats sont à prendre avec précaution.
Indemnisation cynips
Suite aux actions du syndicat national des producteurs de châtaignes, la châtaigneraie est désormais reconnue comme verger de production. À ce titre, elle bénéficie de l’ICHN, des aides à la conversion ou le maintien en AB. Le syndicat vient également d’obtenir que les producteurs soient indemnisés pour les pertes de récolte dues au cynips. Versées par le fond national agricole de mutualisation sanitaire et environnementale (FMSE), ces indemnisations concerneront tous les castanéiculteurs cotisant à la MSA. Leur montant sera calculé sur la moyenne des récoltes des cinq années précédentes. Le prix d’indemnisation au kilo variera suivant le type de valorisation (vente en frais, produits transformés) et le mode de commercialisation.
Mouvement de matériel végétal
Depuis l’apparition des premiers foyers de cynips en France, des mesures ont été prises concernant les mouvements de matériel végétal. Tous mouvements de greffons, branches, etc., sont soumis à déclaration auprès de la DRAF et ils doivent être accompagné d’un passeport phyto sanitaire. Dans les pépinières, la production de plans dont une partie s’écoulait à l’export est en déclin.
Alors que la situation évolue vers une infestation de l’Europe entière, (seule l’Angleterre est déclarée indemne) des discussions sur la dérèglementation de ces mouvements sont en cours. « Il est encore trop tôt pour lever cette règlementation » estime Nicolas André. « Celle-ci contribue à ralentir la progression du cynips. Il faut gagner encore un ou deux ans pour nous laisser le temps de nous organiser.
De même, les financements Casdar qui permettent de financer la lutte biologique s’arrêtent cette année. D’autres pistes sont envisagées pour lesquelles nous aurons une réponse cet été. »