Le chemin de croix de l'UTPMA 2021
À moins de quatre mois de l'événement, l'équipe organisatrice ne sait toujours pas si l'édition 2021 de l'UTPMA aura lieu. Pour des questions sanitaires mais pas que...
Dire que les dieux du sport ne sont pas cléments avec l'UTPMA est un euphémisme. D'abord, il y a la foudre sanitaire, qui rend les prévisions d'organiser un événement public, même en plein air, quasi-impossibles. Et puis il y a peu, ce sont les dieux de la météo qui se sont acharnés sur la France en général, le département en particulier : neige, grosses pluies, inondations, n'en jetez plus, la coupe est pleine pour les chemins que devaient emprunter les trailers le 12 juin, et qui sont pour l'heure impraticables...
Une épreuve supplémentaire dans ce qui s'apparente de plus en plus à un chemin de croix pour les bénévoles, qui avaient acquis des propriétaires un droit de passage sur leurs parcelles. Ça, c'était en janvier. En février, il a fallu reprendre la plume, pour leur demander cette fois de remettre en état les terrains. "Ou si eux ne peuvent pas le faire, que l'on ait l'autorisation d'intervenir", précise Daniel Lamouroux, président de l'association Tom 15, qui porte l'UTPMA.
La situation est ainsi particulièrement préoccupante dans la vallée de la Jordanne, avec des intempéries qui ont fortement touché Velzic, Saint-Cirgues-de-Jordanne, Lascelles. Avec une grosse inquiétude liée à l'état du site des gorges de la Jordanne, où des passerelles sont en très mauvais état... "Est-ce que ce sera réhabilité d'ici le 12 juin ?", se questionne Daniel Lamouroux, qui n'exclut pas de devoir modifier les parcours, "à la marge" si les gorges sont impraticables... Et les bénévoles ne sont sûrement pas au bout de leur peine, car "52 km n'ont pas encore été inspectés..." Ainsi, un travail titanesque attend les organisateurs mais aussi "tous ceux qui se sentent concernés : les bénévoles, les trailers, les randonneurs,... Même si l'UTPMA ne se tient pas, les chemins ne pourront, de toute façon, pas être empruntés s'ils restent dans cet état", prévient le président, qui fait donc appel à toutes les bonnes volontés mais aussi aux communes pour du prêt de matériel, afin d'organiser rapidement des "week-end de nettoyage. On le fait tous les ans après l'hiver mais à cette dimension-là, jamais..." Une réunion de direction devrait se tenir rapidement afin d'articuler les actions à mettre en place, "sans mettre en danger qui que ce soit".
Pas de manifestation a minima
Lors de l'assemblée générale de l'association, qui s'est déroulée fin février, la question s'est posée d'organiser "un événement réduit". Une éventualité vite écartée par les bénévoles et les différents partenaires : "Qu'est-ce qu'on réduit ? Le nombre de participants ? Et sur quels critères on présélectionne tel ou tel coureur ?" Quant à une délocalisation du départ et de l'arrivée, au Prisme par exemple, "ce n'est plus pareil. Nous ne sommes plus dans la ville, ce n'est plus la même ambiance. Nous avons toujours voulu que ce soit un événement festif, convivial, pour que les Aurillacois prennent part à cet événement".
Du coup, ce sera tout ou rien pour cette neuvième édition encore en suspens en raison des contraintes imposées aux organisateurs, qui rendent la tâche bien plus compliquée que les années précédentes. Par exemple sur les ravitaillements, "où il doit y avoir zéro contact avec les participants. Et la nourriture doit être présentée dans des sachets individualisés... Ce qui veut dire plus de déchets alors que ce n'est pas dans nos valeurs", déplore le président. Il a ainsi été envisagée l'idée de leur fournir un sac à dos avec de quoi se ravitailler le temps d'arriver jusqu'à la base de vie du Lioran. Mais là encore, quid de la conservation des aliments durant plusieurs heures et potentiellement sous la chaleur ?
De plus, si les directives sanitaires n'évoluent pas, le départ ne peut se faire groupé et le public est proscrit. "Comment on va pouvoir interdire aux gens de venir ?", questionne Daniel Lamouroux, à qui se pose également la problématique du chapiteau qui devrait être installé place Michel-Crespin, face au cinéma. Selon les règles actuellement en vigueur, il faut accueillir une personne par 10 m2. Celui de l'UTPMA fait 400 m2, donc "on pourrait héberger...
40 personnes ! Alors que nous avons 900 inscrits à la pasta party et un millier au repas du terroir... Et encore, si on a l'autorisation de les faire manger et ce n'est pas gagné !", peste l'organisateur. Même combat pour l'hébergement des sportifs et leur entourage : les établissements scolaires comme Cortat ou Ferry avaient donné leur aval "mais aujourd'hui ? Les bâtiments sont encore ouverts aux étudiants au 12 juin. La cohabitation qui était possible les autres années ne le sera pas cette fois. Qu'est-ce qu'on fait des groupes qui viennent à 40 et plus ?"
Des contraintes logistiques mais également sportives, craint Daniel Lamouroux : "Si le couvre-feu est maintenu à 18 heures, beaucoup de coureurs ne sont plus en capacité de s'entraîner. Jusqu'où est-ce qu'on engage notre responsabilité de faire courir quelqu'un de sous-entraîné, et comment le vérifier ?"
Les bus qui, habituellement, montaient les coureurs du trail de la Jordanne jusqu'à Mandailles posent eux aussi problème : "Nous en avions une dizaine pour véhiculer 800 sportifs. Mais si nous devons réduire le taux d'occupation, nous ne serons plus dans les clous pour les utiliser pour la rando. Et si on doit dire aux participants de venir par leurs propres moyens, on ne peut pas faire stationner 300 ou 400 voitures dans Mandailles !"
Quid également de la mobilisation bénévole, certains craignant d'entrer en contact avec un nombre trop important de personnes... "On sent effectivement une certaine méfiance mais pas parce qu'ils n'ont pas envie... Le contexte est compliqué...", s'inquiète Daniel Lamouroux.
Des encouragements malgré tout
L'UTPMA n'est pas la seule course dans l'expectative : Laroquapattes a déjà annoncé son annulation et La Pastourelle, qui doit se tenir les 22 et 23 mai, se pose encore la question d'un report. "On échange avec d'autres événements partenaires et La Pastourelle par exemple va peut-être avoir l'obligation de décaler ses dates en raison de l'organisation des championnats de France de trail. Mais pour nous, ce ne serait pas gérable de changer la date. Il se peut que si La Pastourelle s'annule, on suive le mouvement..." Mais pour l'instant, rien n'est fixé, l'association se laissant jusque fin mars - début avril pour trancher définitivement.
"Plein de questions organisationnelles se posent et quand nous interpellons la préfecture sur ces sujets-là, ils nous répondent que aujourd'hui, le protocole, il est comme ça et pas autrement..."
Au vu de toutes ces interrogations, "nous sommes pour l'heure dans l'incapacité de nous prononcer sur la tenue de la manifestation..." Mais alors, qu'est-ce qui fait tenir ces bénévoles ? "Les encouragements que l'on reçoit des coureurs, des partenaires, de tous ceux qui attendent après ce moment d'échanges et de partage. Nous en sommes sevrés depuis un an. On a tous envie que ça se passe alors on fait tout pour mais il y a beaucoup, beaucoup de contraintes... Si ça reste en l'état, on ne va franchement pas vers du positif", angoisse le président, qui ce serait bien passé de ces tracas pour sa dernière année de mandat...