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Le cèdre, essence d'avenir pour les forêts ?

Le cèdre de l'Atlas, considéré comme une essence méditerranéenne, intéresse les forestiers puydomois mais sa sensibilité aux gelées tardives n'en fait pas le meilleur choix dans notre région.

cèdre de l'atlas
Le cèdre de l'Atlas pourrait s'implanter dans les massifs de moyenne montagne dans les années à venir.
© DR

Le cèdre de l'Atlas, considéré comme une essence méditerranéenne, intéresse les forestiers puydomois mais sa sensibilité aux gelées tardives n'en fait pas le meilleur choix dans notre région.

Les premières plantations forestières de cèdre en AuRA ont été réalisées en 1816 sur les flancs du mont Ventoux. Le cèdre est une essence de moyenne montagne et tout particulièrement le cèdre de l'Atlas que l'on trouve dans ce massif montagneux long de 2 500 km, entre le Maroc et la Tunisie en passant par l'Algérie. Sa résistance à la sécheresse en altitude en fait une essence d'intérêt pour les forestiers français confrontés au dérèglement climatique. Sur le pourtour méditerranéen plus de 20 000 ha seraient plantés. Il remonte petit à petit vers le nord et ces dernières années, la vente de plants de cèdre a augmenté de 750%. Le cèdre de l'Atlas va-t-il de venir la nouvelle essence de nos bois ?

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Les pour...

On peut s'attendre à des niveaux de production plus importants en Auvergne grâce à la pluie » - Jean-Baptiste Reboul, CNPF.

Les dépérissements dans les forêts ne sont plus anecdotiques désormais. Chaque année, de nouveau massifs voient des arbres par dizaines voire par centaines dépérir face aux sécheresses et à la hausse des températures. Les propriétaires forestiers s'interrogent alors sur comment et surtout par quoi remplacer ces arbres ? Lors de l'assemblée générale de Fransylva, la semaine dernière, Jean-Baptiste Reboul du CNPF (Centre National de la Propriété Forestière) est intervenu sur le cèdre, un arbre aux nombreuses promesses mais dont l'adaptation en moyenne montagne ne semble pas si évidente.

Le cèdre est un genre de conifères, originaire du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et de l'Himalaya, acclimaté en Europe, comprenant des espèces d'arbres majestueux, à bois odorant, à cime conique ou étalée, très utilisées pour l'ornementation des parcs. On distingue ainsi le Cèdre du Liban, présent dans les parcs en France mais pas encore dans les massifs forestiers. Très résistant à la sécheresse, il est en revanche particulièrement sensible aux gelées tardives. « Il est actuellement testé dans le cadre du projet Arboretum comme une nouvelle essence face au changement climatique. À terme, il pourrait diversifier les boisements. » Il y a aussi le cèdre de l'Himalaya qui résiste au froid mais pas à la sécheresse. Enfin, celui qui intéresse tout particulièrement les propriétaires forestiers : le cèdre de l'Atlas. Cette essence en plus de résister aux sécheresses, produit environ 5 à 15 m3 de bois/an et peut être exploitée à partir de 50 cm de diamètre. « On peut s'attendre à des niveaux de production plus importants en Auvergne grâce à la pluie » souligne Jean-Baptiste Reboul. Le bois de cèdre peut avoir de nombreux usages de la papeterie à la palette jusqu'à l'ameublement d'extérieur. 

N'oublions pas qu'il s'agit d'une essence nouvellement importée. Il reste beaucoup de recherches à réaliser avant de déterminer sa niche écologique1. » - Jean-Baptiste Reboul, CNPF.

Les qualités du cèdre de l'Atlas méritent qu'on s'intéresse à lui. Jean-Baptiste Reboul met en garde cependant les propriétaires « ce n'est pas une essence miraculeuse ». Les recherches en cours sur cette essence montrent dans les peuplements des arbres secs, des coulures de sèves, des cimes sèches et des pieds clairs. « N'oublions pas qu'il s'agit d'une essence nouvellement importée. Il reste beaucoup de recherches à réaliser avant de déterminer sa niche écologique1. »

Lire aussi -> La forêt expliquée sans langue de bois

 

... et les contres

le cèdre de l'Atlas est très sensible aux gelées de printemps. Nous avons eu le cas cette année avec des premières pousses détruites dans certaines plantations.» - Jean Baptiste Reboul, CNPF.

Le cèdre de l'Atlas, bien qu'originaire d'une région du monde inhospitalière, a des besoins spécifiques à commencer par l'eau. Si l'essence résiste à des périodes de sécheresses, il pleut en moyenne 800 mm/an dans la région qui l'a vue naître. Viennent ensuite les températures. L'hiver ne semble pas être gênant pour ce cèdre en revanche celles du printemps peuvent l'être davantage. Marc Lafaille, technicien au CNPF développe : « le cèdre de l'Atlas est très sensible aux gelées de printemps. Nous avons eu le cas cette année avec des premières pousses détruites dans certaines plantations.» Cette problématique est d'autant plus importante lorsque l'arbre n'est pas dans sa niche écologique, et le dérèglement climatique n'arrange rien. Comme son lointain cousin le Douglas, le cèdre de l'Atlas, à défaut de températures suffisamment basses durant l'hiver, va poursuivre sa croissance. De même, le cèdre de l'Atlas réagit difficilement face aux écarts importants de températures durant les journées de fin d'hiver pouvant entraîner un « rouge physiologique ». Implanté sur les versants sud et sud-ouest, l'effet sera accentué.

Le cèdre de l'Atlas a également des besoins nutritifs non négligeables. Sur les sols granitiques pauvres, des carences en bore peuvent être constatées et provoquer un aspect buissonnant « en boule » de l'arbre à défaut d'une croissance en hauteur. De même, il supporte les sécheresses grâce à son système racinaire en forme de pivot. Son développement en profondeur dépend de la nature des sols. Jean-Baptiste Reboul déconseille ainsi « les sols peu profonds et surtout les sols argileux profonds mais trop dur pour permettre l'exploration du pivot ». Le conseiller du CNPF déconseille les sols hydromorphes. Le cèdre de l'Atlas peut donc être une solution face au changement climatique mais attention à raisonner son implantation.

1. niche écologique : ensemble des conditions et des ressources abiotiques et biotiques nécessaires au maintien d'une population.

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