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«Le bien-être animal passe par celui des éleveurs»

Stéphane Travert a effectué un déplacement dans l’Allier et la Creuse, mercredi dernier. Officiellement cette «séquence» était consacrée au bien-être animal…

Discussion avec les responsables professionnels de Creuse.
Discussion avec les responsables professionnels de Creuse.
© Sophie Chatenet

Deux jours après la démission de Nicolas Hulot, d’emblée qualifiée par certains de «séisme», de décision «fracassante» ou encore «historique», amis de la mesure et de la nuance bonsoir… le ministre de l’Agriculture était en visite dans l’Allier et la Creuse ce mercredi 29 août. Autant dire que l’ombre de Hulot a plané sur le déplacement de Stéphane Travert. Des journalistes de médias nationaux étaient même présents dès potron-minet pour demander des comptes à celui que d’aucun ont qualifié de «tombeur» de Hulot. C’est dire la teneur de l’info délivrée… Sur cette actualité «brûlante», le ministre a confié : «je regrette la démission de Nicolas Hulot, car nous étions dans un collectif qui fonctionnait bien». Et d’énumérer, toutes les choses qu’ils ont fait ensemble, en concédant toutefois «nous avions des objectifs communs, parfois c’est sur les moyens d’y parvenir où l’on avait des différences d’appréciations». Voilà pour l’instant «Hulot», très vite balayé par le staff ministériel, d’un récurrent : «nous sommes là pour parler bien-être animal».


Guidé par Hervé Puigrenier, à la tête d’un abattoir et d’un site de transformation situé à Montluçon, dans l’Allier, Stéphane Travert a découvert les process d’affinage de la viande. L’occasion pour lui d’avancer des arguments en faveur de la nécessaire montée en gamme, «que les consommateurs appellent, selon lui, de leurs vœux». Chez Puigrenier, cette exigence de qualité est une préoccupation quotidienne. «Dans cette grande région d’élevage, nous avons tous les ingrédients pour répondre au mieux consommer», estime le chef d’entreprise.

Veille et transparence


Au-delà de la qualité des viandes, l’objectif de la visite était bel et bien de préparer abatteurs, transformateurs et éleveurs à aller vers une meilleure prise en compte du bien-être animal. Car là aussi, le ministère plaide pour une montée en gamme. «Garantir la protection animale à l’abattoir c’est d’abord la responsabilité des abatteurs, d’où la nécessité de définir des analyses de risques et toutes les mesures nécessaires pour prévenir les atteintes à la protection des animaux». D’ici la fin 2018, le ministère recensera l’ensemble des dispositifs de contrôles internes mis en place par les abatteurs. Ce recensement s’accompagnera d’une évaluation pour disposer d’un état des lieux précis de la situation du parc des abattoirs français. Toutes les données collectées seront partagées sur le site du ministère à travers l’application «Alim’ Confiance». De quoi selon le ministre donner des gages de réassurance aux consommateurs.

Faire plus, pour gagner combien ?


Côté ferme aussi, Stéphane Travert défend la stratégie du mieux. En Creuse, sur l’exploitation du Gaec Courtitarat, il a précisé le fond de sa pensée : «Le bien-être animal ce n’est pas juste une considération urbaine. On entend tellement de bêtises sur ce sujet, je suis là pour dire que les agriculteurs font du bon travail». Mais au-delà de la communication sur les pratiques existantes, le ministre invite les éleveurs à faire encore davantage. En clair, cela pourrait passer «par l’inclusion dans les cahiers de charges des labels, de normes afférentes au bien-être animal», a expliqué Jean-Baptiste Moreau, député LREM de la Creuse.


Dans ce schéma, quid de la rémunération ? «On demande toujours plus aux éleveurs sans contrepartie. Sommes-nous bien certains que toutes ces considérations annexes pèsent plus que le prix pour le consommateur ?», a interrogé Christian Arvis, secrétaire général de la FDSEA de la Creuse. Car effectivement, en toile de fond de cette visite ministérielle, c’est bien la portée de la loi alimentation avec en filigrane la prise en compte réelle des coûts de production des agriculteurs qui a nourri les échanges. «Depuis le lancement des États généraux de l’alimentation, nous commençons à trouver le temps long. Au fil des mois, on se rend compte que pas mal de choses ont été détricotées. Le ministre reste sur la même posture en nous disant que nous allons retrouver de la compétitivité par le prix. Il ne nous donne pas les signaux pour nous en convaincre», a analysé Gilles Cabart, président de la FNSEA 03, à l’issue d’une rencontre syndicale avec le ministre, à laquelle participaient également la chambre d’agriculture de l’Allier et les JA de l’Allier(¹). Conscient des attentes fortes de la profession sur le revenu, Stéphane Travert a réaffirmé l’objectif «d’inverser la construction du prix en se référant à des indicateurs de coûts de production», reste à savoir lesquels, et avec quel arsenal de sanctions en cas de manquement.

Sophie Chatenet

(¹) En amont de la visite officielle, le ministre de l’Agriculture a également échangé en aparté avec les organisations professionnelles creusoises : Chambre d’agriculture, FDSEA et JA.

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