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Elevage
Lait : alerte à la pénurie

Depuis fin avril, la collecte laitière s’est soudainement mise à baisser : - 3,1 % la première semaine de mai par rapport à la même semaine de 2006 ; depuis cette baisse ne cesse de s’amplifier.

Producteurs, coopérateurs et industriels privés sont d’accord : ils n’avaient pas prévu ce phénomène de baisse. Celui-ci a des causes autant structurelles que conjoncturelles, variables selon les régions. Mais partout, tant en France, qu’en Europe et dans le monde, les marchés laitiers se sont soudain tendus.

Aliments chers

Première explication, la conjoncture de prix. Les éleveurs n’ont commencé à percevoir qu’une petite hausse des prix début 2007, après plusieurs années de baisse. Or, face à cela, ils ont dû payer le prix fort pour des aliments composés, du fait du coût croissant des céréales et des tourteaux d’oléagineux. Du coup, bon nombre semblent avoir renoncé à donner des aliments de complément, même si les herbages n’étaient pas de très bonne qualité en raison du temps froid. La production n’a donc pas été au maximum de ses possibilités.
Deuxième phénomène, les abandons de production sont restés soutenus. Ils ont concerné, sur la dernière campagne, 2 800 producteurs qui ont pu bénéficier des aides à la cessation laitière (sur 3 700 demandes), ces producteurs ayant sans doute abandonné effectivement la production en fin de campagne, soit au mois de mars.

Transferts de quotas

Dans le Sud-Ouest, l’Auvergne-Limousin, certaines zones de Poitou Charentes les transferts de références laitières ont été moins faciles. Un phénomène qui incite plusieurs professionnels à prôner une gestion régionale des quotas, voire la possibilité de les faire passer d’une région à l’autre. Un assouplissement, font remarquer d’autres professionnels, qui pourrait provoquer une concentration sans précédent de la production laitière dans les bassins les plus dynamiques. En tout état de cause, le décalage dans le transfert des quotas peut avoir provoqué une réduction temporaire de la collecte qui pourrait être rattrapée à l’Automne.

Aide découplée

Le phénomène d’abandon de production a pu être influencé par des conditions spécifiques. Dans les régions intermédiaires, pas mal d’éleveurs ont opté, soit pour des productions en grandes cultures, soit pour des bovins à viande. « Les éleveurs font leurs calculs », explique Alain Lebret, président du groupe laitier Glac (Surgères) : « Ils voient qu’ils peuvent gagner autant avec d’autres productions tout en ayant une pénibilité moindre ». Les éleveurs hésitent moins à abandonner la production laitière depuis que l’aide directe est découplée. Ils savent qu’ils la garderont même en s’orientant vers d’autres spéculations.
En Bretagne, le problème de rejet des nitrates a incité certains éleveurs, dans le Finistère surtout, à passer la main et à produire, par exemple, des pommes de terre. La réduction des cheptels y aurait également été facilitée par les bons prix du marché des bovins.

 

Les quotas en question
Des régions comme la Bretagne n’inquiètent pas les opérateurs. Si la baisse de collecte y est forte, le potentiel laitier reste entier. Bon nombre d’industriels plaident pour un assouplissement, voire une disparition des quotas de manière à ce que les régions les plus dynamiques puissent « s’exprimer ». Une analyse que l’on comprend à l’institut de l’élevage : « Si ce contexte perdure, cela peut signer l’arrêt de mort des quotas dans les dix-huit mois », affirme Gérard You, responsable de la conjoncture lait à l’institut de l’élevage. Cependant, rares sont ceux qui ne souhaitent pas un mécanisme de régulation.
En attendant, le rattrapage de la production ne sera pas si facile : pour retrouver la référence française, la filière compte déployer tous les efforts possibles. Une réunion à l’Office de l’élevage, mi-juin, devait lancer des orientations. Au menu : l’utilisation de 1 % (0,5 % sur 2006, 0,5 % sur 2007) de marge supplémentaire de production autorisée par Bruxelles ; l’attribution la plus souple possible des allocations supplémentaires de production que peuvent distribuer les entreprises ; avec, à l’étude, un taux minimum de 4 % pour chaque éleveur ; enfin, la prochaine décision interprofessionnelle sur les prix pourrait aboutir, en juillet, à une hausse à deux chiffres exprimée en euros par millier de litres.

100 000 génisses

L’objectif de cette politique est aussi de ne pas donner le signal aux autres pays européens que la France est durablement en réduction de production. Mais elle est soumise, cependant, à deux conditions : d’une part que la grande distribution accepte une hausse suffisante des prix des produits laitiers pour ne pas étrangler les laiteries ; d’autre part, que l’on trouve les animaux nécessaires pour produire : pour rattraper les 650 millions de litres de lait qui nous séparent de notre quota, il faudrait rien moins que 100 000 génisses prêtes à entrer en production cet automne. Où les trouver ?


D’après Agra Presse

 


Paie de lait d’avril : vigilance !
Conformément aux accords, le prix de base pour le lait livré en mai 2007 à votre entreprise qui applique les recommandations de la grille de l’interprofession laitière Auvergne Limousin (CRIELAL) doit être de 235,54 e/1000 litres, en hausse de 1,3 e par rapport à mai 2006. Quelques entreprises ont l’autorisation d’appliquer une flexibilité supplémentaire. Les groupes Bongrain (CFVA et Fromagerie du Velay) et Lactalis (Valmont), une flexibilité de 1,87 e/1000 litres et le groupe SODIAAL (Riches Monts et ORLAC) une flexibilité de 4,68 e/1000 litres. D’autre part, votre entreprise s’est engagée à indiquer séparément sur la feuille de paie de lait le prix de base du CRIEL (235,54) et le prix de base qu’elle pratique réellement si celui-ci est différent. Si votre entreprise ne respecte pas ces accords, contactez votre section laitière.

 

3 questions à …. Pascal Servier Président de la FDPL

“La dynamique de production passe par une hausse du prix du lait”

Comment interprétez-vous les estimations de baisse de la collecte laitière ?
Conséquence de cinq années de la PAC réformée - avec la mise en place de l’ADL, des DPU, et la baisse des prix du lait - le moral des producteurs n’y est plus. La démobilisation est forte et la capacité de production des exploitations s’est dégradée. Associée à des éléments climatiques conjoncturels, cette situation se traduit par un important recul de la collecte de lait ces dernières semaines. Il est clair que nous ne repartirons pas dans une dynamique de production sans une évolution positive du prix du lait se traduisant, dans les faits, par une amélioration significative du revenu des producteurs.

Des augmentations de prix du lait sont annoncées pour la fin de l’année. De quoi regonfler le moral des troupes ?
Bien sur, les évolutions annoncées sont source d’espoir mais il ne faut pas faire de triomphalisme avant l’heure. N’oublions pas qu’en raison des difficultés de trésorerie, les producteurs de lait ont repoussé un certain nombre d’investissements. Il faudra donc reprendre le cours normal de financement de la modernisation des exploitations ou prendre le risque de voir s’alourdir les factures d’entretien de matériels ou des bâtiments. J’ajoute que l’augmentation des charges d’aliments et de carburant pèsent sur les comptes d’exploitation. Et pourtant, je le répète, il n’y aura pas de remobilisation des producteurs sans au préalable une hausse des prix et une augmentation des revenus.

On parle d’une flambée du prix du lait spot. Comment cela se traduit-il sur le prix du lait payé aux producteurs ?
Avant toute chose, le prix du lait spot nous montre que le prix du lait est porteur. C’est pour cela que les producteurs ne devront faire aucune concession sur l’amélioration de leur revenu. Ensuite, je vous rappelle que les accords interprofessionnels qui fixent le prix du lait permettent un certain lissage par rapport au marché. Ils permettent d’éviter des à-coups qui sont préjudiciables à tous les opérateurs économiques. Toutefois, il faut continuer les discussions sur la fixation du prix du lait. Je me demande par exemple, comment justifier l’application de la flexibilité additionnelle au vu du cours des produits laitiers industriels ?

Propos recueillis par Jocelyn Kerleaux


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