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L’agriculture et l’alimentation sous la double contrainte carbone et énergie

Pour l’agriculture, les enjeux de l’adaptabilité au changement climatique sont multiples. Le sujet était au coeur de l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de l’Allier, vendredi 7 avril dernier à Chevagnes.

Comment parvenir à la décarbonation des secteurs clefs de l’économie à l’horizon 2050 ? Cette question est bien connue. Ce qui l’est moins, c’est le chemin pour y parvenir « de la manière la plus douce avec une transition la moins difficile ». C’est à cette problématique que Dominique Verneau, « shifters »*, retraité de chez Triballat est venu s’atteler autour d’une conférence baptisée « l’agriculture et l’alimentation sous la double contrainte carbone et énergie » à l’occasion de l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs de l’Allier, vendredi 7 avril dernier à Chevagnes (**).

 

Le changement climatique aura des incidences sur les entreprises, tous secteurs confondus

Depuis le début de l’ère industrielle, la terre s’est déjà réchauffée de 1,18 degrés, les engagements de la COP 21 sont de + 2,5 à + 3,1 degrés et sans contrôle, ce réchauffement atteindrait les + 4,1 à  + 4,8 degrés d’ici à 2100. Avec son cortège d’évènements climatiques extrêmes (canicule, sécheresse, maladies, …). Pour éviter le pire, dit l’expert, il reste essentiel de travailler sur la maitrise des Gaz à effet de serre (GES) en qualité de citoyen, en tant qu’entreprise, y compris celles du secteur agricole. Si le point de départ de ce scénario et le point d’arrivée sont connus, le chemin pour y parvenir reste à inventer. Et pour continuer à avancer, pas le choix, il faudra d’adapter. Car le shifters le prédit : « Celui qui ne bouge pas aujourd’hui ne sera plus là dans quelques années », tant le changement climatique aura des incidences sur les entreprises tous secteurs confondus.

« Un camion sur trois transporte quelque-chose qui se mange », dixit Jean-Marc Jancovici, ingénieur-consultant spécialiste de l’énergie et du climat

Et, pour l’agriculture, les enjeux sont multiples : adaptation au changement climatique, atténuation des émissions, séquestration de carbone, gestion de la pénurie d’énergie à venir sans oublier le défi de la restauration ou encore la gestion de l’eau. Le tout, en nourrissant la population nationale et même en continuant à exporter. L’agriculture est à elle seule responsable de 19 % des émissions de GES, l’élevage étant le premier émetteur de GES. L’ensemble de la chaine alimentaire souffrant d’une grande dépendance énergétique liée à son mode de fonctionnement.

« Si vous ne prenez pas la parole, ils avanceront sans vous ».

Si le tableau n’est pas rose et un brin culpabilisant pour le monde agricole, des solutions existent. Certaines, plus radicales que d’autres, que l’expert édicte, « sans pour autant tout partager ». En vrac : le développement des pratiques agroécologiques, exclure les rotations trop courtes ; couvrir le sol de façon permanente ; implanter des cultures intermédiaires ; recourir à un minimum de traitements phytosanitaires ; favoriser les variétés locales, … Sans surprise, les conclusions du professionnel ont donné lieu à de très vifs débats qui n’ont pas attendu la fin de l’intervention. Jérémie Leroy rappelant au détour que les agriculteurs sont en train de s’adapter et ont déjà changé leur mode de production depuis quelques années. Quand Patrice Bonnin et Christophe Jardoux remettent en perspective les atouts d’une agriculture raisonnée dans la lutte contre le changement climatique dont le stockage de carbone par les prairies est un exemple parmi d’autres. Une conférence volontairement « poil à gratter » qui a le mérite de faire réagir. « Le but est aussi de vous piquer et de vous faire réfléchir. Il est important d’élargir sa vision, d’être dans l’échange et de garder le contact », dit Cedric Fournier. Et pour ne pas être bouc émissaire d’un problème dépassant très largement la sphère agricole, « il faut être partie prenante en menant les concertations pour mettre de coté les extrémismes et réussir à avancer. Il y a plus de gens qui s’occupent de votre avenir sans être agriculteur que d’agriculteurs eux-mêmes dans les instances de réflexion et de décision », note Dominique Verneau. Et de conclure :  « Le monde agricole a plein d’idées, plein de solutions, mais si vous ne prenez pas la parole, ils avanceront sans vous ».

* Association de bénévoles qui appuient les réflexions du Think-tank « The Shift Project »

** Cette réunion s’est déroulée en présence de Madame Le Préfet ainsi que des représentants des OPA du département ; du Conseil départemental de l’Allier et du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.


De la vigilance sur les projets photovoltaïques

Le Syndicat a rappelé sa vigilance accrue devant les très nombreux projets photovoltaïques qui sortent de terre. «  Nous sommes en alerte sur le sujet et nous ne laisserons pas passer tous les  projets photovoltaïques. Nous porterons la voix de la nourriture et de l’alimentation et non pas la voix de l’électrique pour charger les téléphones »,                                                            résume Hugo Danancher, vice-président des JA Aura.



Une année riche

La partie statutaire de l’assemblée générale a mis en lumière les différentes activités du Syndicat des Jeunes agriculteurs de l’Allier, fort de ses 195 adhérents. Pêle-mêle : un travail de fond sur le renouvellement des générations en agriculture avec des interventions auprès des lycées agricoles ; la construction de la charte à l’installation ainsi que des interventions sur l’installation comme le Forum de l’entrepreneur à Montluçon ou encore la Journée nouvel installé ; diverses actions syndicales et des rencontres sur le terrain politique ; des formations et enfin différents évènements professionnels et grand public dont le point d’orgue est Terr’en Fête en septembre dernier à Saligny-sur-Roudon.

Dans son rapport moral, le président, Cédric Fournier a souligné une année riche sur de nombreux plans, regrettant tout de même qu’avec « l’empilement de petites normes (…) nous voilà déficitaires sur la plupart des productions ». Pour autant « nous continuons d’installer des jeunes dans l’Allier et nous entamons un réelle révolution technologique et numérique qui accompagnera les transformations de l’agriculture ». Un dynamisme repris par Emmanuel Ferrand qui a réaffirmé du même coup l’objectif de la Région Aura pour cette année : 1 000 installations.



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