« La vache laitière de demain sera mieux armée »
En matière de génétique en élevage laitier, le passé a déjà livré ses enseignements et le futur promet d’être riche. Pascale Le Mezec, chef de projet Programmes de sélection - bilans génétiques en bovins laitiers - fertilité des races laitières – insémination au sein du service Gestion et sélection des populations à l’Institut de l’élevage nous livre son analyse quant aux évolutions probables en races laitières.
Comment résumer grossièrement l’évolution de la génétique en élevage laitier ?
Pascale Le Mezec : Je dirais qu’au départ, les éleveurs ont eu le souci d’enrichir le lait pour répondre aux exigences des premiers quotas laitiers. Ça a été l’inverse ensuite puisque c’est le volume qui a été largement favorisé. Ce qui a eu pour effet de négliger les taux. Aujourd’hui, et depuis quelques années, les caractères fonctionnels sont nettement plus présents. La production prend maintenant moins de place pour en laisser à la fonctionnalité des animaux. La morphologie est, elle aussi, très présente dans le choix de l’offre de taureaux.
Est-il possible de généraliser une tendance commune à toutes les races et à toutes les zones de production ?
Pascale Le Mezec : Nous observons, depuis le milieu des années 2000, une propension à moins rechercher les taureaux laitiers. C’est une inclinaison qui commence à se sentir à partir de maintenant dans les élevages puisqu’il fallait le temps que les troupeaux se recomposent. Cette tendance est très nette en race Prim’Holstein. Cela veut dire concrètement que le niveau génétique va progresser moins vite mais que les éleveurs vont certainement d’avantage exploiter le potentiel de leurs animaux.
A quoi ressemblera la vache laitière de demain, selon vous ?
Pascale Le Mezec : L’arrivée de la génomique augmente les possibilités de sélection et de progrès, notamment sur les caractères fonctionnels. Les éleveurs vont avoir la possibilité d’accéder à d’autres caractères, d’autres informations que celles disponibles à l’heure d’aujourd’hui. Cela est déjà le cas d’ailleurs puisqu’il existe déjà d’autres index selon les centres de sélection. En plus de ces index différents, des progrès permettront de produire de nouvelles informations pour mesurer l’efficacité alimentaire et la résistance aux maladies.
La vache laitière de demain sera donc plus rustique ?
Pascale Le Mezec : Ce qui est certain, c’est que les animaux qui arrivent seront mieux armés. C’est bien cela l’intérêt de la génétique, celle de façonner des animaux comme on les voudrait. En l’occurrence, les plus équilibrés possibles.