La transition écologique : oui, mais pas tout seuls
Une cinquantaine d’agriculteurs ont bloqué la préfecture de l’Allier vendredi. Ils dénonçaient l’acharnement du gouvernement à défendre une transition écologique forcée et dévastatrice pour les agriculteurs par ailleurs très touchés par la montée en puissance de l’agribashing.
«Je vais vous poser une question de bon sens Messieurs et Mesdames les élus, a lancé, excédé, Christophe Jardoux, éleveur et vice-président de la FNSEA 03. Comment expliquez-vous qu’on nous demande la suppression de l’utilisation de produits phytosanitaires comme le glyphosate en trois ans alors que, par ailleurs, des accords de libre échange comme le CETA autorisent l’importation de bananes traitées avec ce même produits depuis l’Amérique du Sud ? Ne marche-t-on pas sur la tête ? » Oui aux efforts, non aux guignols. C’était le mot d’ordre de la cinquantaine de militants des syndicats FNSEA 03 et JA 03 venus manifester leur incompréhension vendredi devant la préfecture de l’Allier, sous un ciel glacial.
« Nous demandons au gouvernement de faire preuve de bons sens », a souligné Gilles Cabart, président de la FNSEA 03. «Nous sommes prêts à faire des efforts dans la transition écologique, mais à condition d’un accompagnement viable pour nos exploitations ». Le lancement du processus a déjà mis en grande difficulté de nombreuses filières. « Une plante, c’est comme un être humain : l’homéopathie, c’est bien mais ça ne règle pas les gros soucis de santé ». « La loi biodiversité vient d’interdire l’utilisation des néonicotinoïdes, a expliqué Régis Chaucheprat, betteravier dans l’Allier. Depuis le 1er septembre, on ne peut que constater le séisme qu’a vécu notre filière : la production est en chute libre. Nous avons opéré un retour en arrière de 30 ans et, face à nous, la concurrence gagne du terrain sans être astreinte aux mêmes règles que nous… ». Agribashing, remise en cause des ordonnances EGA, séparation vente/conseil, augmentation de la taxe sur la redevance de pollutions diffuses, la préfète a tenu à les rassurer : « Comme vous avez pu le voir avec la procédure de calamité sécheresse, nos services travaillent pour défendre l’agriculture de l’Allier ».