La spéculation, enjeu oublié de la conférence ministérielle de l'OMC
Pour expliquer la crise alimentaire actuelle liée à la flambée des prix des denrées agricoles, plusieurs facteurs sont à prendre en compte.

L'un d'entre eux, occulté par la douzième conférence ministérielle de l'OMC, concerne la spéculation sur les prix des denrées agricoles. « Ce phénomène, déjà responsable de la crise alimentaire de 2008-2009, contribue grandement à l'exacerbation de la dynamique haussière des prix observée depuis le lancement de la guerre en Ukraine », a expliqué le 15 juin Jennifer Clapp, membre d'IPES-Food et professeure de sécurité alimentaire mondiale et de durabilité à l'Université de Waterloo, Canada, lors d'une conférence coorganisée par l'ONG IPES-Food et la Fondation Rosa Luxemburg. Dans ce contexte d'extrême volatilité, « de nombreux investisseurs via l'achat de contrat à terme sur le blé ou encore via des fonds indexés sur les cours des matières premières agricoles, cherchent à tirer profit de la hausse des prix des denrées alimentaires. Un phénomène de bulle s'installe, faisant grimper les prix à des niveaux records », ajoute-t-elle. Avant de préciser que « ces prix complètement décorrélés du niveau d'équilibre réel entre l'offre et la demande affectent en retour les personnes les plus vulnérables du globe qui octroient plus de 50 % de leurs revenus à l'alimentation ».