La salers affiche une santé insolente dans un contexte sanitaire inquiétant
Avec plus de 610 animaux, le 134e concours national salers restera parmi les grands crus. Il faut dire que la race se porte bien, dans un contexte inquiétant à plus d’un titre.
L’actualité s’invite dans les discours
Le succès du concours tient probablement pour partie à un contexte particulièrement porteur pour les animaux d’élevage. Tellement que Michel Tafanel, président du Herd-book et de l’Upra salers, s’en inquiète. En souhaitant que la salers “ne soit plus seulement une vache d’élevage, mais aussi la vache des gourmets”. Cela à l’heure où l’activité d’engraissement se trouve pénalisée par l’envolée du prix des céréales. Mais la préoccupation immédiate est surtout liée aux inquiétudes sanitaires, sur lesquelles Patrick Escure, président de la FDSEA, est revenu pour marteler qu’il n’y “a aucune raison pour que le prix de nos broutards baisse”. Le responsable agricole a d’autre part évoqué le projet de Livre blanc pour l’agriculture du Massif central qui sera présenté au Sommet de l’élevage. Sujet sur lequel René Souchon, président du conseil régional d’Auvergne, a embrayé, en considérant que le bilan de santé de la Pac représente “un vrai danger pour l’élevage de montagne”. “Je le dis avec force. Ce bilan de santé ne doit pas consister à supprimer des aides, mais à les réorienter... Le marché, oui, mais il faut des garde-fous pour tenir compte des spécificités de l’élevage”, déclarait-il, en préconisant une meilleure répartition des aides, le maintien de mécanismes d’intervention pour pallier les chutes de cours et une réorientation des soutiens vers les systèmes d’élevage.
Un soutien réaffirmé
Gérard Leymonie, maire de Mauriac, Vincent Descœur, député et président du conseil général, ont quant à eux insisté sur la volonté départementale de soutenir la race : le conseil général y consacrera 450 000 euros sur trois ans dans le cadre de sa convention pluriannuelle agricole, insistait le président Descœur. L’état n’est pas en reste, puisqu’il a retenu le projet de “Maison de la salers” dans ses “pôles d’excellence rurale”, ajoutait Daniel Mérignargues, secrétaire général de la préfecture. Enfin, le député Jean-Yves Bony a indiqué qu’il avait rencontré le ministre de l’Agriculture avec son collègue Vincent Descœur pour l’alerter sur les difficultés que rencontre l’agriculture départementale, qu’il s’agisse des problèmes de financement des bâtiments d’élevage, de l’installation agricole ou de la crise porcine. Les personnalités sont pour la plupart revenues à la tribune l’après-midi pour assister au défilé des animaux primés, qui a plus particulièrement mis à l’honneur deux élevages.
Deux élevages dominent
Celui d’abord du Gaec Lacombe, qui remporte à la fois le premier prix en groupes de vaches (il l’a obtenu trois fois sur ces quatre dernières années), le très envié prix d’honneur et le prix de championne jeune. Ce qui a valu à Thierry Lacombe de recevoir à la fois le “taureau de bronze”, le vase de Sèvres du président de la République et un trophée du conseil général. Autre lauréat remarquable : Alain Forêtnègre de Salins. L’éleveur n’avait plus présenté d’animaux en concours depuis 2003, pour se consacrer à sa fonction de juge. Il revenait cette année avec deux taureaux, qui ont obtenu pour l’un le prix de championnat mâle, pour l’autre le prix du super-bourret. Avec la particularité que le second n’est autre que le fils du premier ! “Du jamais vu au concours national”, assure-t-il, en expliquant que ces deux animaux concouront début octobre au Sommet de l’élevage. A noter aussi la performance du CAT d’Anjoigny (Centre d’aide par le travail), qui est il est vrai un habitué des podiums : il décroche cette année le prix de championne adulte avec sa vache “Savane”.