La révolte des producteurs de lait s’amplifie
La France laitière était en ébullition mardi. Des producteurs en colère après les nouvelles baisses de prix du lait actées unilatéralement par les entreprises pour le mois d’avril.
Tandis que leurs homologues de l’Ouest, du Nord ou encore du Centre ont choisi des mobilisations de masse pour exprimer toute la colère des producteurs de lait face à une nouvelle baisse annoncée du prix du lait, FDSEA et Jeunes agriculteurs du Cantal ont préféré d’abord exposer leurs revendications au préfet Paul Mourier “en attendant que les producteurs du département reçoivent leur fiche de paie du lait d’avril”. Des producteurs qui ont donc livré leur lait durant tout le mois dernier sans connaître son prix d’achat par les transformateurs. “C’est la première fois que les entreprises fixent unilatéralement le prix depuis l’interdiction il y a un an des accords interprofessionnels”, expliquait mardi Patrick Escure, président de la FDSEA, à la sortie de l’entrevue avec le représentant de l’État.
Deux millions envolés
Et si la situation actuelle doit beaucoup à la dégradation des valorisations du beurre et de la poudre, résultante de la politique bruxelloise de démantèlement des outils de régulation des marchés, les producteurs n’en restent pas moins convaincus que l’interdiction par la DGCCRF de toute recommandation interprofessionnelle nationale sur le prix du lait a offert un boulevard aux entreprises, qui selon eux, s’abritent aujourd’hui derrière cette injonction, pour refuser toute discussion sur le prix dans le cadre interprofessionnel. Depuis un an donc, toutes les tentatives de restaurer le dialogue ont été vouées à l’échec. Les chiffres qui ont circulé sur les prix envisagés par les entreprises pour le mois d’avril (entre 205 et 225 e / tonne) ont fini de cristalliser l’exaspération des producteurs. “Rien que pour le mois d’avril, cette baisse du prix du lait va se traduire par une perte de 2 millions d’euros pour les producteurs cantaliens”, alertait de son côté Michel Lacoste, administrateur de la FNPL, déplorant qu’une fois de plus l’ensemble des entreprises collectant dans le département se soient alignées sur les tendances nationales sans tenir compte du poids des fabrications fromagères et des AOC sur le territoire cantalien. Alors face aux menaces que font peser ces baisses jugées “injustifiables et intolérables”, FDSEA et JA ont demandé au préfet qu’entreprises et producteurs se remettent autour de la table sous l’égide de l’État (voir ci-dessous), que l’Union européenne renoue avec une intervention accrue sur les marchés et enfin, qu’une cellule de veille soit mise en place pour aider les producteurs locaux à passer le cap. Une dernière revendication validée par Paul Mourier sans doute bien conscient du poids de l’économie laitière (qui représenterait 30 % des actifs), “poumon du Cantal et de l’installation des jeunes”, selon Julien Fau, président des JA.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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