La réforme du permis de chasse avant d’intégrer l’Office français de la biodiversité
La Fédération départementale des chasseurs avait pour invité le président national de la FNCqui a présenté sa vision d’avenir et les réformes en cours.
E t pourquoi pas un permis national unique ? En coulisse, le président national de la chasse, ne l’exclut pas. Lors de l’assemblée générale de la Fédération des chasseurs du Cantal(1), samedi 13 avril, à Aurillac, Willy Schraen a détaillé le contenu de la réforme et s’est ensuite longuement exprimé sur l’avenir de la chasse.
Sur le premier point, le président départemental Picard avait déjà brossé les grandes lignes : à 200 €, soit un tarif divisé par deux, le permis national permet aux pratiquants de chasser sur l’ensemble du territoire (lorsqu’on a de la famille ou des amis dans une autre région, par exemple) et limite la concurrence entre départements limitrophes. Le permis départemental s’affiche pour sa part à moins de 150 €, également en baisse. Des mesures populaires, peut-être à même de séduire un public nouveau, car les effectifs s’érodent et pour continuer d’assurer leur mission d’équilibre cynégétique, les chasseurs ont besoin de jeunes et cherchent aussi à féminiser la pratique.
Lutte contre la prolifération du sanglier
Autre changement, relatif au règlement de la facture des dégâts de gibier sur les cultures. Elle prévoit désormais une contribution plus large des territoires (50 à 60 €), ajoutée à celle des adhérents, puisqu’une quote-part est prélevée chez chacun d’eux. A contrario, la péréquation nationale disparaît. Toutefois, avec un peu moins de 120 000 € financés (comprenant les frais d’estimation et la remise en état des parcelles, auxquels s’ajoutent 15 000 € de financement de clôtures), le Cantal peut s’estimer relativement préservé, eu égard aux millions d’euros versés par certaines fédérations(2), ou même aux 400 000 € que les dégâts mobilisent en Haute-Loire... En outre, la lutte contre la prolifération du sanglier se traduit aussi dans le département par des dates de chasse élargies, des battues communes entre Acca cantaliennes et territoires aveyronnais, sous l’autorité d’un louvetier...
L’autre pan important de la réforme, c’est le rapprochement souhaité - et désormais imminent - entre le monde de la chasse et celui de l’environnement. Sachant manier le verbe avec aisance, le représentant national, issu du Pas-de-Calais, a trouvé les mots justes pour convaincre : “On ne peut pas réussir de transition écologique en laissant le pouvoir aux écologistes, mais plutôt en le confiant à des ruraux, ceux qui savent de quoi ils parlent.”
Il se réjouit de la naissance du prochain opérateur qui naîtra de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Pas si anecdotique que cela, le nom du futur établissement, qui verra le jour en 2020, sera “Office français de la biodiversité et de la chasse” (OFBC). De quoi enfoncer le clou après que les chasseurs revendiquent dans un slogan, depuis quelques mois déjà, d’être “les premiers écologistes de France”.
Déjà, 5 € par permis sont prélevés en faveur de la biodiversité. Bref, une “réforme ancrée dans le XXIe siècle” comme le soulignent les chasseurs et qui devrait contribuer à changer l’image de la chasse.
Loup et “chasse-bashing”
De quoi peut-être aussi apporter une expertise qui soit plus entendue encore au moment d’ouvrir le dossier “loup”. Jean-Pierre Picard est clair : “L’angélisme de certains sur le sujet va de pair avec la non-proximité de l’animal. Chez nous, on ne veut pas de loup !” D’autant que le président départemental rappelle les 28 millions d’euros déjà chiffrés, “au détriment des éleveurs, des chasseurs, des habitants”. La nouvelle image à laquelle travaillent le milieu de la chasse devrait aussi servir à lutter plus efficacement contre le “chasse-bashing” orchestré par les mêmes associations extrémistes végans ou antispécistes qui s’en prennent au monde de l’élevage et, depuis peu, à celui de la pêche également. Dans une halle de Lescudilliers toute acquise à sa cause, Willy Schraen a su tourner leurs actions en ridicule... Et la salle entière de lui adresser une ovation, applaudissant debout.
(1) En présence notamment du sous-préfet Charbel Aboud, du député Descœur, de la sénatrice Josiane Costes, du directeur départemental des territoires, du président de la Fédération de pêche, des responsables de l’ONF, du CRPF...
(2) Coût total 60 M€ en France, dont 85 % sur 15 % de communes.