Cantal : il n'y a pas que le ciel qui peut nous tomber sur la tête...
Une exposition visible aux Archives départementales relate et illustre les principaux risques naturels auxquels l’État et ses services souhaitent sensibiliser les Cantaliens.
Une exposition visible aux Archives départementales relate et illustre les principaux risques naturels auxquels l’État et ses services souhaitent sensibiliser les Cantaliens.
Le sous-préfet et directeur de cabinet Alexandre Kesteloot a inauguré le 14 octobre aux Archives départementales une exposition baptisée “ Le Cantal face aux risques, ça s’est déjà produit hier... et demain ?”. Objectif : sensibiliser les Cantaliens aux risques naturels à partir des évènements qui ont marqué la population locale ces dernières décennies voire bien avant en expliquant parallèlement les bons comportements à adopter en cas de catastrophe.
Inondations, incendies de forêt... vues du Cantal, ces catastrophes semblent le triste sort réservé à nos compatriotes du Pas-de-Calais, des Alpes-Maritimes, plus récemment de la Loire ou de l’Ardèche, ou encore des Landes et du Pourtour méditerranéen s’agissant des grands feux. Pourtant le département n’est pas à l’abri, concerné par 10 des 18 risques identifiés : inondation, mouvements de terrain, séisme, radon, feu de forêt, avalanche, risque industriel, minier, rupture de barrage, transport de matières dangereuses. Des risques classés en risques “majeurs”, “importants” ou “existants” selon la note (sur 5) obtenue en croisant la conjonction d’un aléa et d’un enjeu. Dans le Cantal, trois communes sont ainsi exposées à quatre risques majeurs (Aurillac, Vic-sur-Cère, Saint-Flour), une à trois risques majeurs (Maurs), quatre à deux risques (Arpajon-sur-Cère, Polminhac, Murat et Massiac) et une trentaine de communes à un risque majeur. Élaboré par la DDT, le DDRM, dossier départemental des risques majeurs, recense, décrit et cartographie ces risques à l’échelle communale, tout en listant les consignes de sécurité.
Ces rochers qui dévalent la vallée de la Cère
Quatre principaux risques sont développés et documentés dans l’exposition visible jusqu’au 7 novembre aux Archives départementales à Aurillac. Le risque de mouvements de terrain d’abord auquel 164 communes sont exposées sachant que depuis 1994, plus de 570 mouvements de terrain ont été recensés dans le Cantal, dont près de 400 sur les axes routiers départementaux et nationaux (source Conseil départemental). La majorité de ces épisodes sont des glissements de terrain ou coulées boueuses liés à la géologie et au relief. Des phénomènes aux évolutions généralement lentes mais qui peuvent s’accélérer brutalement pour aller jusqu’à la rupture, notamment suite à de fortes précipitations. Ce fut le cas le 23 mai 2012 à Molompize où un pan entier de versant a glissé, emportant une maison tout juste évacuée et recouvrant la route communale. Plus récemment, on pense à la “disparition” de la RD 922, emportée à Saint-Cernin. Pas moins de 160 éboulements ou chutes de blocs d’importance différente ont aussi été identifiés, avec des évènements marquants sur les surplombs rocheux de Vic-sur-Cère ou de Carlat. Dans la nuit du 22 au 23 janvier 2021, c’est un bloc de dix tonnes qui s’est détaché arrêtant sa course en bordure de chaussée à Vic-sur-Cère, d’autres, encore plus volumineux (un atteignait plus de 100 t) ont suivi le lendemain nécessitant l’évacuation de douze personnes. Fin septembre 2024, c’est un énorme bloc (poids estimé entre 800 et 1 000 t) qui s’est détaché et encastré dans le lit de la Cère à Thiézac. Thiézac où en 1988, l’évolution brutale du chaos de Casteltinet avait provoqué la mort d’une personne.
Actuellement sept communes du Cantal sont concernées par un PPRMT, plan de prévention des risques mouvements de terrain.
En barques à Aurillac
À noter également dans le département, des effondrements assez nombreux de cavités souterraines (91 cavités réparties sur 44 communes) ainsi que des tassements par retrait-gonflement des argiles, en hausse depuis la fin des années 1990 : 19 communes ont ainsi été déclarées en catastrophes naturelles entre 2019 et 2021 sur les 237 exposées au total.
L’exposition donne à voir de nombreuses photos et coupures de journaux (La Montagne) relatives à des inondations suite à des crues torrentielles de la Cère, de la Jordanne, l’Ander ou encore l’Alagnon, qui avec l’Allanche et la Véronne, sont les plus concernés. Ainsi, le 7 janvier 1982, les flots gonflés de la Cère emporte le pont de Carbonnières à Thiézac, il s’agit alors de la deuxième crue contemporaine la plus importante après celle de janvier 1962.
La Jordanne n’est pas en reste qui, le 24 décembre 1968, isole la cité Clairvivre à Aurillac, où la circulation se fait en barques. On ne compte plus non plus les colères de l’Alagnon dont la crue de novembre 1710 est réputée la plus dévastatrice du siècle tandis que celle de 1993 emporte la voie SNCF à Ferrières-Saint-Mary. “Un autorail s’arrête alors miraculeusement suspendu aux rails au-dessus des flots.” Saint-Flour n’est pas épargnée par l’Ander, dont la crue de l’hiver 1985 apporte... des blocs de glace jusqu’en ville. Au total, 127 communes sont soumises au risque inondations, six avec un risque majeur (Aurillac, Laroquebrou, Maurs, Polminhac, Saint-Flour et Vic-sur-Cère).
Avalanches : pas que dans les Alpes...
Les avalanches sont une autre réalité - souvent sous-estimée - sur le massif cantalien, sachant qu’ici, les plus courantes sont des coulées de neige de fonte humide, localisées au fond de talwegs bien identifiés. Des avalanches de plaque sont aussi parfois observées, autour du Puy Mary, du Puy Chavaroche, du Peyre Arse ou du Puy du Rocher. L’une d’elles cause la mort d’un skieur du PGHM(1) de Murat en décembre 2005 dans le secteur de l’Aiguilhon de même que celle d’un skieur en février 2010. Des coulées plus modestes peuvent survenir du côté du Plomb du Cantal et dans le secteur de Prat-de-Bouc. Les avalanches de poudreuses sont en revanche rares. Certaines zones connues comme facilement avalancheuses et fréquentées font l’objet de déclenchements artificiels dans le cadre du Paida, plan d’intervention de déclenchement des avalanches.
L’exposition rapporte également l’accident de train provoqué au Lioran par une coulée de neige en février 1963. Les passagers seront dégagés des wagons par les secours.
(1) Peloton de gendarmerie de haute montagne.
