La réforme de la Justice déroute et dégoûte magistrats et agents
L’audience de rentrée du tribunal d’instance a été l’occasion pour magistrats et avocats de faire état de leurs inquiétudes quant au sens donné à la réforme judiciaire.
Une justice qui ne sortirait pas grandie de la réforme
“La justice est moins populaire que son plus éminent représentant” : la charge de la procureur, habituée des exercices de style était lancée. La cible : la réforme de la carte judiciaire lancée il y a sept mois maintenant par la garde des Sceaux. Un “vaste et noble chantier”, selon Nathalie Bany, auquel l’immense majorité des magistrats était d’ailleurs favorable. Le rêve partagé d’une réforme visant à renforcer la qualité de la justice, à s’adapter aux évolutions du droit, à garantir une meilleure compréhension de l’organisation judiciaire et à s’assurer d’une bonne administration de la Justice, s’est pourtant vite estompé avec la présentation du nouveau schéma de la carte judiciaire. “On ne dit pas suppression de tribunaux, mais proximité concentrée, on ne dit plus, à compter de 2010, justice proche des justiciables mais pôle d’instruction... on a cru un temps que l’on ne disait plus “la plume est servile, la parole est libre”, mais vous êtes convoqué à la chancellerie... demain !”, a raillé la procureure, révoltée que cette réforme réponde avant tout à des impératifs économiques.
Plaidoyer pour un retour aux fondamentaux
Tout comme le président du tribunal d’instance, Alain Venzo, elle a déploré que les indicateurs d’évaluation de l’action de la Justice se réduisent à des statistiques, oubliant que la Justice “se penche sur des êtres de chair et de sang plus ou moins fragiles”. Tous deux ont appelé de leurs vœux un retour à la sérénité pour l’année 2008, avec l’arrêt de l’instabilité législative née de la “valse incessante des lois, décrets, dépêches et circulaires”. Et de revenir aux sages, cette fois, pour tourner le dos à la devise chère à Confucius : vivre de peu.