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« La recherche doit proposer des solutions aux agriculteurs »

Philippe Mauguin, président-directeur général de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) depuis juillet, a présenté la stratégie globale de l’établissement de recherche à horizon 2025. Une des priorités de l’Inra est de renforcer la diffusion du savoir et des travaux des chercheurs vers la ferme France.

© Nicolas Bernard

Vers quelle agriculture l’Inra et ses chercheurs nous emmènent-ils ?
La réponse à cette question se situe dans nos orientations stratégiques pour 2025. C’est une évolution, pas une révolution, notamment par rapport à celles présentées par Marion Guillou en 2010. Il s’agit de faire le lien entre l’alimentation et le système agricole dans une approche mondiale globalisée, sachant qu’il faudra bientôt nourrir neuf milliards d’êtres humains dans un contexte de tension exacerbé sur les ressources naturelles et la volatilité des cours. L’Inra a une légitimité et une responsabilité dans ce domaine puisqu’il est le deuxième institut de recherche mondial en sciences agronomiques.
Il s’agit donc d’une continuité des travaux engagés par l’Inra ?
C’est surtout une amplification des efforts de recherche et d’innovation sur la multi-performance de l’agriculture. Le contexte du changement climatique pèse sur l’agriculture et pèsera encore plus à l’avenir. Sur les vingt à trente dernières années, les rendements de blé ont stagné, entre autres pour des raisons climatiques. On doit le prendre en compte et trouver comment faire évoluer notre sélection variétale sur nos principales cultures pour retrouver une augmentation des rendements. La problématique du climat est liée à celle de l’agroécologie. Dans les années 2010-2016, les chercheurs ont exploré et défini les bases scientifiques de l’agroécologie. Nous avons acquis toute une série de connaissances et allons continuer à pousser la recherche dans ce domaine. Notamment pour le biocontrôle et pour le développement de modes de production alternatifs, mobilisant davantage la biodiversité fonctionnelle dans les territoires, les parcelles, les régulations biologiques, grâce aux mélanges ou aux cultures intermédiaires. Dans le même temps, nous devons proposer des systèmes intégrés aux agriculteurs, c’est-à-dire partager et rendre cohérentes des références pour ceux qui vont les utiliser : c’est l’élément nouveau par rapport à la période précédente. En somme, la recherche doit proposer des solutions durables aux agriculteurs.
Que peut faire la communauté des chercheurs pour le monde agricole en proie à une crise durant depuis des années ?
Le contexte des crises agricoles est complexe. Il n’en demeure pas moins nécessaire pour la recherche d’apporter des solutions. J’insiste auprès des agents de l’Inra sur la grande variabilité des revenus que subissent les agriculteurs depuis dix ans en France, dans toutes les filières. C’est une réalité qui doit davantage inspirer nos travaux.
Comment comptez-vous faire ?
On possède à la fois la capacité de modéliser, d’expérimenter et d’avoir une approche globale pour chacun des systèmes de production. Cela doit nous permettre d’identifier à la fois les leviers de développement mais aussi les freins imposés à ces systèmes : cela concerne la prise de risque pour les agriculteurs, l’assurance sur les pertes de revenus ou leur variabilité. Nous sommes d’autre part des partenaires des agriculteurs comme des entreprises agricoles et agroalimentaires, et nous travaillons dans une perspective mondiale et dans un contexte fortement concurrentiel.

La suite dans le Réveil Lozère, page 6, édition du 29 décembre 2016, numéro 1390.

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