La ration alimentaire des vaches laitières en système bio, une question d’équilibres
C’est seulement après avoir optimisé et corrigé sa ration de base, que l’on va s’intéresser au concentré de production à apporter à ses laitières.

de la quantité distribuée.
L’alimentation est un poste clé dans un élevage, que ce soit en agriculture conventionnelle ou en bio. L’éleveur se doit, sur le plan économique comme technique, d’optimiser la ration de base corrigée, pour ensuite apporter un complément de production adapté.
La première étape consiste donc à équilibrer la ration en énergie (UF) et en azote (mesuré en g de PDI). Régine Tendille technicienne à la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire insiste : «si la ration de base n’est pas équilibrée, le complément de production ne pourra pas être optimisé». On aura avant tout veillé à récolter un fourrage de qualité, soit à base d’herbe (mélange de graminées et légumineuses) soit avec du maïs. «L’herbe est souvent un aliment proche de l’équilibre mais d’une variabilité très importante. Et le maïs ensilage exige un rééquilibrage en azote facilement soluble pour être bien digéré dans la panse». Pour équilibrer sa ration, on devra donc apporter soit de l’azote avec des tourteaux de soja ou colza, soit de l’énergie à partir de céréales.
Ajuster son concentré de production
Cette étape étant réalisée, on va ensuite apporter un concentré dit de production pour faire du lait. Mais attention, ce n’est pas mathématique ; «l’efficacité du concentré de production varie en fonction de la quantité distribuée. Les premiers kilos ont une bonne efficacité qui baisse par amplification du phénomène de substitution» explique la technicienne. Pour faire simple, elle part de rations hivernales équilibrées à 10/16 litres, et estime que l’apport de concentré jusqu’à 4 kg a une efficacité de 1,3 litre par kg, et de 1 litre pour 4 à 6 kg distribué, et au-delà de 0,7 litre.
Ainsi, en comparant le prix du lait et le prix du concentré de production on se rend compte que la rentabilité reste correcte jusqu’aux 6 premiers kilos sur des vaches en début de lactation (100 premiers jours).
Au-delà d’autres critères sont à prendre en compte, stock de fourrages, état des animaux… mais la rentabilité devient très relative.
Régine Tendille a mis en avant des éléments comparatifs à travers le suivi des fermes bio des réseaux d’élevage. Elle s'est aperçue qu'en bio, on distribuait moins de concentrés et exprimé en gramme par litre produit, les moyennes étaient de 182g contre 274g pour les élevages conventionnels dans les fermes des réseaux d'Elevage. Et ceci pour des niveaux de production assez voisins (respectivement 6300 L et 7000 L).
Cette attitude économe en concentré s’explique en partie parce que les aliments sont plus chers, deux fois plus cher qu’en conventionnel pour le tourteaux qui coûte environ 650 €/t pour le colza et plus de 800 €/t pour le soja. De quoi réfléchir avant d’en trop donner… Pour comparer, il faut bien sûr tenir compte de la différence de prix du lait, 439 € la tonne en moyenne en 2016 en bio sur la Haute-Loire contre 302 €/t en système conventionnel.
Ces aspects ne sont pas les seuls à prendre en compte. Il faut bien entendu affiner l’étude au cas par cas, et tenir compte des éléments qui composent la ration de base (maïs ou pas maïs, légumineuses, protéagineux comme le pois…).
Ces critères influent sur l’autonomie de l’exploitation, les rotations et l’assolement, l’interactivité des plantes entre elles, l’appétence des fourrages, la digestibilité… Autant de points à appréhender pour optimiser à la fois sa ration de base et l’apport de concentré de production.