La Pac : “Ni assistance ni aide, mais des investissements”
Pour l’une de ses dernières visites officielles, le ministre de l’Agriculture,
a évoqué à Tiviers, une philosophie indissociable d’une fierté paysanne retrouvée.
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“Ne parlez pas de la Pac comme d’une politique d’assistance ni d’aides, ni de charité… mais d’investissement : c’est de l’économie et un contrat que vous avez avec la société pour un modèle alimentaire et territorial. Nous ne voulons pas en France et en Europe d’une alimentation aseptisée pas plus qu’une industrie alimentaire, mais des exploitations sur l’ensemble du territoire”, déclarait vendredi, à Tiviers, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, candidat aux élections européennes. Ce qui fait de Tiviers, à l’heure des échéances, l’une de ses dernières visites officielles. “Je connais la fierté que vous avez de faire ce métier. J’ai été aussi très fier d’être votre ministre”, concluait le Savoyard, “chez lui”, en terre cantalienne. Un franc-parler qui a valu au ministre, invité par la FDSEA, les JA et la Chambre d’agriculture, une véritable ovation.
“Des choix courageux et nécessaires”
Auparavant, quelque 250 invités avaient pu écouter Patrick Escure, président de la FDSEA du Cantal, rappeler les grandes étapes du combat syndical qui a activement participé à une réorientation des soutiens de la Pac, fruit “des choix courageux, audacieux et nécessaires” de Michel Barnier qui a “répondu à nos demandes”. Pour Alain Marleix, c’est aussi “un syndicalisme fort, responsable et uni, qui a su encourager, appuyer, aiguillonner les élus et un ministre qui a, lui, su convaincre le Président de la République de la nécessité de rééquilibrer les aides Pac en France”. Michel Barnier a eu l’art et la manière nécessaires pour y arriver… Le courage et l’audace politiques, sans casser un système qui profitait à une certaine agriculture française… Le ministre a salué quant à lui la détermination des agriculteurs lors de la manifestation du 16 septembre doublée de la maturité du syndicalisme agricole. Ce qui ne veut pas dire pour autant que tout soit réglé, et que Michel Barnier n’était invité qu’à boire du petit lait. Patrick Escure a en effet évoqué les aides “oubliées” au porc de montagne, la production laitière de montagne pour laquelle “nous demandons que l’ensemble des chefs d’exploitation soit éligible aux nouveaux soutiens”. Ainsi que la nouvelle mesure herbe pour laquelle “privilégier les 50 premiers hectares dans l’attribution du soutien, ne permet pas de cibler les plus petites exploitations mais plutôt celles qui ont des surfaces herbagères réduites”. De même, des interrogations demeurent comme “la fin des quotas laitiers, qui semble minutieusement programmée, alors même que cette régulation a démontré son efficacité depuis 25 ans et que notre filière laitière n’a pas la compétitivité pour affronter sa disparition” ou encore l’écrêtement des ICHN, “injuste et pénalisant pour les petites exploitations”, traduction d’une copie qui doit encore être affinée. “Des commissions travaillent sur ces sujets”, a répondu Michel Barnier, conscient de la route qu’il reste à faire. Le ministre est revenu sur la Pac sur laquelle il a expliqué sa méthode : “J’ai essayé de trouver le point d’équilibre, de donner des arguments à cette politique pour qu’elle soit durable”. Il a souligné en outre “le travail déterminant du préfet Paul Mourier sur les AOC”. Sur l’esprit, il était pour lui “fondamental que la politique agricole soit plus juste et plus légitime car autrement elle ne dure pas… Si la moitié des paysans a le sentiment que la Pac n’est pas équitable comme vous en aviez le sentiment, tout comme les éleveurs ovins qui étaient sacrifiés, elle ne dure pas. La deuxième légitimité se pose vis-à-vis de la société avec laquelle il faut ouvrir le débat”. Enfin, c’est par son bilan que Michel Barnier a clos les discours : “La question que je me pose toujours est : ai-je créé du progrès ? Tout n’est pas suffisant, mais j’ai travaillé pour que la Pac soit durable, pour qu’elle puisse vous accompagner sur le plan économique avec cette mesure fondamentalement nouvelle et stratégique : la politique de soutien économique à l’herbe”. Une Pac dans le cadre de laquelle il concédait enfin que “le combat va être difficile dans les années qui viennent pour la défendre, mais, là où je serai, vous pouvez compter sur moi !”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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