La haie, «mieux qu’une assurance récolte»
Les étudiants de VetAgro Sup et Mission Haies Auvergne replantent 500 mètres de haies chez un agriculteur de Limagne.

Au Gaec Jallut à Plauzat, la production est entièrement végétale : vigne, betterave sucrière, maïs semence, blé, orge, colza, tournesol et depuis peu des arbres nobles (merisier, poirier sauvage). Bruno Jallut, associé de l’exploitation, a replanté avec l’aide de Mission Haies Auvergne et des étudiants de VetAgro Sup, 500 mètres de haies. Le début d’un long reboisement puisque plus de 3,5 km de haies devraient reprendre racine.
De l’eau, des haies, du vent
La décision de Bruno Jallut de replanter des haies découle d’un projet de station de lavage.
L’agriculteur a élaboré un système autonome pour retraiter les eaux utilisées après le nettoyage de son matériel de récolte (arracheuse à betterave, vendangeuse) et de son pulvérisateur.
Afin de bénéficier des aides du Plan Végétal Environnement (PVE), il réfléchit à la replantation d’une haie pour valoriser l’eau retraitée. «J’ai contacté Mission Haies Auvergne qui m’a conseillé avec beaucoup de professionnalisme. Ce sont des agronomes de l’arbre ! Au regard des nombreux avantages agronomiques de la haie, j’ai développé mon projet. Je plante, comme prévu, cinq rangs d’arbres et d’arbustes de 100 mètres chacun, près de ma station de lavage. Mais en plus, je replante sur toutes les parcelles dont je suis propriétaire.» Dès lors, Bruno Jallut explique qu’il n’est plus seulement question de valoriser l’eau retraitée et de toucher les aides. L’agriculteur tient dans un premier temps à réduire les effets érosifs du vent qu’il constate régulièrement dans la plaine de Plauzat. « Un centimètre de terre met plusieurs centaines d’années à se régénérer ! De plus, les années de fortes chaleurs, le vent accentue la sécheresse. Certes, il y a une petite perte de rendement sur les cultures mais sur le long terme, je pense que l’on est gagnant. »
Placement à long terme
La Mission Haies Auvergne conseille donc plusieurs essences à Bruno Jallut afin de freiner les ardeurs du vent. Cependant, quitte à planter des arbres, l’agriculteur met un second point d’honneur à ce qu’ils deviennent un placement. Merisier, poiriers sauvages et bien d’autres essences nobles rejoignent donc le cortège. Au total, plus de 500 de ces arbres seront plantés. «C’est mieux qu’une assurance récolte ! Peut-être qu’un jour, mes enfants, ma famille ou moi, nous aurons besoin d’une rentrée d’argent. Les arbres ne dévaluent pas, au contraire. Je pense qu’à l’avenir, lorsque la déforestation dans les pays tiers sera arrivée à son comble et qu’ils n’inonderont plus le marché, le cours du bois d’œuvre repartira à la hausse.» Il faudra à Bruno Jallut plusieurs décennies avant que ses arbres n’atteignent une taille décente. Cela n’empêche pas l’agriculteur de poursuivre la construction de sa station de lavage dans l’objectif de préserver l’eau et ses sols.