La France championne du recyclage
La France fait référence en Europe et dans le monde de par l'organisation et les performances de sa filière de gestion et recyclage des déchets agricoles.
Préservation de la biodiversité, diversification des cultures, lutte contre l'artificialisation des sols : le ministre de l'Agriculture l'a une nouvelle fois martelé samedi 4 décembre au micro de France Inter, l'agriculture française est reconnue par toutes les études internationales comme l'une des plus - si ce n'est la plus - durable au monde. À ce triptyque, on devrait aussi ajouter l'engagement de la ferme France dans le recyclage de ses déchets, un engagement là encore exemplaire au regard de ses voisins européens. La France est en effet le seul pays d'Europe à disposer d'une organisation performante dédiée depuis 20 ans déjà - au travers d'Adivalor - à la gestion de la fin de vie de l'ensemble des déchets agricoles, avec un savoir-faire qui fait référence tant au niveau européen que mondial.
300 000 agriculteurs trieurs
Créé en 2001 à l'initiative de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), Adivalor est une organisation à but non lucratif assimilée à un éco-organisme, signataire d'un accord cadre avec les ministères en charge de l'Environnement et de l'Agriculture. Adivalor regroupe les agriculteurs (APCA, FNSEA), distributeurs et industriels. Et ce sont aujourd'hui 300 000 agriculteurs trieurs qui se mobilisent à travers l'Hexagone dans les différentes opérations de collecte (sur 8 000 sites), de même que 1 300 opérateurs de collecte (à 80 % des coopératives et négociants agricoles), 350 industriels. Premier programme lancé en 2003 : l'élimination des PPNU (produits pharmaceutiques non utilisables). Ont suivi les collectes et le recyclage des big bags et sacs plastiques d'engrais et amendement, les films plastiques d'élevage et maraîchage, les emballages vides de produits d'hygiène de l'élevage laitier (EVPH) et de semences, puis, en 2013, ceux dédiés aux ficelles, filets de balles rondes et filets para-grêles, avant la collecte des EPI (équipements de protection individuelle chimique usagés) et, dernier en date, le programme visant les gaines souples d'irrigation et emballages vides de produits oenologiques et d'hygiène de cave.
Recyclés à plus de 90 %
Ce sont désormais 22 flux qui sont ainsi gérés séparément pour un total de 85 000 tonnes d'emballages et plastiques usagés (soit 73 % des quantités mises en marché) recyclés en 2020 à plus de 90 %, soit plus de 70 000 t d'émission CO2 ainsi évitées, l'équivalent de 30 000 véhicules pendant un an.
Et ce n'est sans doute pas fini, comme l'indique Julie Cloupet, d'Adivalor, qui accompagne les acteurs cantaliens dans ces démarches : "Avec les big bags, les EVPH, les films plastiques d'ensilage et d'enrubannage, les ficelles et filets, on s'est dit qu'on couvrait à peu près tout en élevage, avant qu'on nous fasse remarquer qu'il y avait aussi les manchons de machine à traire... Pour l'heure, il n'y a pas de filière dédiée, les fabricants ne s'étant pas encore mobilisés. Mais à Adivalor, nous avons toujours de nouveaux projets en cours pour les déchets sans solution de recyclage même si ces derniers s'avèrent plus compliquer à gérer car en plus petite quantité."
Une usine pour les filets
Parmi les dernières avancées : le recyclage des filets de balles rondes qui sera opérationnel courant 2022 via un procédé vertueux inédit dans le monde et qui sera étrenné dans la future usine RecyOuest de l'Orne. "Tous les filets collectés en 2021 et a fortiori en 2022 seront mis en balles pour commencer à alimenter ce site", indique Julie Cloupet. De premières collectes ont par ailleurs été lancées pour les emballages plastiques des produits d'hygiène de l'élevage, de même que pour les emballages de produits de nutrition animale.
L'intégralité des emballages et plastiques collectés sont recyclés en Europe, dont 57 % en France.