Economie
La force de la Haute-Loire, c'est le collectif
Les présidents des 3 chambres consulaires avec les élus et le Préfet de Haute-Loire font régulièrement une veille économique sur le département.
Les présidents des 3 chambres consulaires avec les élus et le Préfet de Haute-Loire font régulièrement une veille économique sur le département.
En Haute-Loire, l'interconsulaire joue la carte du "collectif". Voilà pourquoi, les représentants des chefs d'entreprises, des artisans et des agriculteurs au sein des 3 chambres consulaires, se retrouvent régulièrement avec les parlementaires et le Préfet pour faire le point sur la situation économique du département, appréhender les difficultés et trouver ensemble des axes de travail pour "faire avancer les choses".
Ce lundi, leur réunion a débuté dès 8h du matin, un message pour montrer que "le travail commence dès le lundi et dès le matin 8h". Lors d'une conférence de presse après leurs travaux, les 3 présidents de l'interconsulaire, accompagnés de Jean-Pierre Vigier député (qui représentait ses collègues députée et sénateurs) et du Préfet Éric Étienne, tenaient un point presse.
D'entrée, le Président de la CCI (Chambre du Commerce et de l'Industrie) Jean-Luc Dolléans a insisté sur "la chance" de la Haute-Loire d'avoir "un collectif très fort", message relayé par tous, et notamment Yannick Fialip président de la Chambre d'Agriculture pour qui "travailler collectivement" c'est "l'ADN du département". Et Serge Vidal président de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat, précise que "tous les gros dossiers économiques ont été négociés en interconsulaire avec les élus et les représentants de l'État".
"Les crises s'empilent"
Tour à tour les 3 présidents ont fait un point sur la situation de leur branche à ce jour, après avoir essuyé des "crises qui s'empilent" dixit Jean-Luc Dolléans, avec les Gilets jaunes, le Covid et maintenant une crise économique… En résumé, le président de la CCI souligne "une bonne activité", avec "une très bonne saison" pour le secteur du tourisme, des "carnets de commandes pleins" pour les industriels… Mais derrière ce tableau positif, se cachent de gros soucis de main-d'œuvre, de hausses de charges (énergie, matières premières…) et, une inquiétude et une baisse de moral pour les chefs d'entreprises qui manquent de visibilité à court et moyen terme.
De son côté, Yannick Fialip a lui-aussi dressé un tableau plutôt noir avec une sécheresse et une très forte hausse du prix des intrants et en particulier de l'énergie, un manque de main-d'œuvre… qui font planer des risques de décapitalisation et de baisse de production, pouvant aller jusqu'à "des ruptures dans les rayons". Et pourtant, il note que "l'agriculture et les agriculteurs prennent une place importante dans le débat, et que les demandes en installation en agriculture ont rarement été aussi fortes avec 100 entreprises créées en 2022 en Haute-Loire".
Du côté des artisans, même constat. Serge Vidal souligne lui-aussi la problématique de la main- d'œuvre, du coût des matières premières, de la hausse des taux bancaires, de la disponibilité des matériaux, et ce pour tous les secteurs : bâtiment, travaux publics, alimentaire… Et de soulever le questionnement des artisans du secteur alimentaire qui envisagent, pour certains, une fermeture de leurs magasins pendant la période hivernale notamment dans les zones rurales.
"Paradoxe"
Le Député Jean-Pierre Vigier a souligné le "paradoxe" dans lequel se trouve le monde économique aujourd'hui, avec globalement une bonne activité mais des hausses de charges et un manque de main- d'œuvre qui impactent fortement les entreprises qui sont, en grande majorité en Haute-Loire, des TTPE, comme les appellent le président de la CCI, des "Très très petites entreprises", plus de 80% ayant moins de 4 voire 0 salariés. Le Député a rappelé "le bouclier tarifaire" mis en place par l'État pour limiter la hausse des carburants mais s'interroge sur la pérennité de cette mesure si la situation perdure.
Monsieur le Préfet a lui rappelé le Plan de Relance qui a apporté plus de 125 millions d'euros sur la Haute-Loire avec 55 à 60 millions pour les entreprises, un peu moins de 10 millions pour l'agriculture et 40 millions pour les collectivités locales. Et de constater que cette aide "a porté ses fruits". Il entend néanmoins les constatations faites par les représentants du monde économique, et leurs inquiétudes. Constatant qu'aujourd'hui, "nous sommes dans une phase de redémarrage" il rappelle le "mot d'ordre" du Gouvernement, qui veut "enrichir notre souveraineté alimentaire et industrielle".
En conclusion de ce point presse, le Préfet Éric Étienne a précisé que "la Haute-Loire a une économie de proximité, assez résiliente", "avec des entreprises familiales ancrées sur le département" selon Jean-Pierre Vigier, et sur notre territoire "l'activité se maintient".
Néanmoins, les présidents des 3 chambres restent vigilants pour "anticiper", en regardant dès à présent ce qui se profile pour la fin de l'année. Ils veillent notamment à la situation de l'export qui accuse pour la première fois un déficit et dont le premier client historique qui était le Royaume-Uni passe à la 6ème place derrière l'Allemagne, l'Espagne… Du côté de l'agriculture, Yannick Fialip s'inquiète de la baisse de production, en lait par exemple avec -7% à ce jour ou en légumes avec la décision des serristes de ne pas mettre en production cet hiver…