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La fin de l'URCVL reste programmée

Les conditions du démantèlement de l’Union des coopératives et son calendrier restent incertains. Pour autant, les litrages collectés par l’URCVL sont aujourd’hui répartis. André Bonnard, président de la fédération régionale laitière Rhône-Alpes, explique où en est le dossier. Et Laurent Duplomb secrétaire général de la Chambre d'Agriculture de Haute-Loire fait le point sur la situation en Haute-Loire.

À la fin janvier 2010, où en êtes-vous de la reprise des producteurs de l’URCVL ?
André Bonnard(*) : Le syndicalisme a tout fait pour que soient repris les producteurs, et la répartition des volumes est aujourd’hui résolue. Ceci étant, les groupes industriels déposent leurs offres auprès de l’URCVL, pas auprès du syndicalisme. Certaines de ces offres ne nous conviennent pas, mais nous avons aussi le devoir de ne pas empêcher l’URCVL de trouver des solutions. C’est vrai qu’entre les engagements moraux pris et la réalité des contrats signés, il y a des différences. Mais poursuivre l’activité de l’URCVL coûterait à ses producteurs 35 euros par mille litres. C’est impensable ! Les engagements des entreprises restent incertains, notamment sur le prix du lait.

C’est inquiétant, non ?
Sur le prix du lait, en dehors de Dominici qui ne s’engage plus sur la grille du Criel, les autres acceptent les accords de l’interprofession régionale. Y compris Danone qui veut appliquer une flexibilité prévue par la grille Criel. Concernant Dominici, la situation est complexe. Cette entreprise est sur le marché sinistré de l’emmental et elle rencontre des difficultés pour rester indépendante. Tout le travail que nous avons engagé consiste à faire valoir auprès du Comité interministériel de la restructuration industrielle (Ciri) la situation particulière de cette entreprise pour l’intégrer, via Entremont, à la restructuration attendue de la filière française de l’emmental. C’est une procédure qui forcément prend du temps et qui reste conditionnée à la reprise d’Entremont en cours de négociation.

Quelle est votre position concernant les filiales de l’URCVL ?
Nous n’avons aucun dogmatisme sur le choix des repreneurs. Mais nous posons nos conditions sur la reprise des litrages, y compris des laits excédentaires, au prix Criel. Si l’URCVL à des offres de reprise de ses outils dans le respect de ces conditions, nous sommes d’accord mais c’est au conseil d’administration de l’URCVL de décider, pas à nous.
Au-delà du dossier URCVL, le débat sur l’avenir de la production laitière est engagé.

Que pensez-vous du système canadien qui nous est présenté comme un modèle ?
Il y a longtemps que nous avons étudié le mécanisme original de l’organisation laitière du Canada, notamment au CNJA. C’est le meilleur système qui soit, le plus abouti. Mais il ne fonctionne que dans un pays qui, par la loi, ferme ses frontières et s’interdit d’importer, mais aussi d’exporter ses produits laitiers. En France, l’application de cette seule règle, ce qui n’est même pas concevable sinon à se retirer de l’Union européenne, nous imposerait de réduire notre production laitière de 12 % ce qui correspond aux volumes que nous exportons chaque année ! Le système Canadien séduit, mais il faudrait pour le rendre possible chez-nous d’abord harmoniser les règles à l’intérieur de l’Union européenne pour éviter les concurrences intra-communautaires. C’est ce que le syndicalisme ne cesse de demander en vain à nos élus politiques et à la Commission de Bruxelles.
Le problème avec ce débat, c’est que nous savons que le système Canadien est inapplicable dans une Europe ouverte comme elle l’est actuellement et comme elle le restera. Or, on s’épuise à étudier des solutions qui ne s’appliqueront jamais chez-nous et, pendant ce temps, on ne cherche pas les solutions plus adaptées à notre réalité politique européenne.  L’organisation laitière du Canada est une bonne idée qui ne recueillera jamais en Europe une majorité de pays pour l’appliquer ! Il faut avoir le courage de le dire aux producteurs pour ne pas les tromper en les berçant d’illusions qui seront déçues. 
* Président de la Fédération régionale laitière Rhône-Alpes.

 

Laurent Duplomb :

«Pour la Haute-Loire, la répartition des 129 millions de litres est faite»

Laurent Duplomb, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture, a fait le point sur la reprise des volumes et des producteurs en Haute-Loire : «Grâce à l’implication des professionnels et à la symbiose entre la Haute-Loire et Rhône-Alpes, nous avons pu tenir de très bonnes négociations sur la reprise des volumes et nous avons obtenu une écoute particulière de la part du ministère de l’agriculture. Ce dernier a en effet dégagé les fonds nécessaires pour geler 27 millions  de litres de lait sur la totalité de la zone de l’URCVL. Le gel de ce litrage a été un formidable atout qui a permis de trouver une issue favorable dans les négociations avec les entreprises récalcitrantes. Notons que ce gel s’appliquera de façon égalitaire sur toutes les entreprises qui acceptent de reprendre des volumes de l’URCVL.
Pour la Haute-Loire, la répartition des 129 millions de litres est faite. Voici la liste des entreprises (classées par ordre d’importance des volumes repris) qui se sont engagées à reprendre du litrage : le GLAC (Groupement des laiteries coopératives Charentes-Poitou qui a repris Toury avec 3 autres entreprises), la Fromagerie du Velay (ex Via Lacta) qui absorbera les volumes nécessaires pour faire fonctionner l’usine et qui ne connaît pas encore son repreneur puisqu’il fait partie du dossier Entremont, Sodiaal, et Bongrain, qui a fini par négocier de manière correcte avec la profession. A ces grands groupes laitiers, s’ajoutent de plus petites entreprises privées de Haute-Loire et des départements voisins (Thuaire, Gérentes, Carrier, Laiterie du Vivarais) qui ont accepté de jouer le jeu de la solidarité dès le début alors que leur dimension ne leur permettait pas de prendre de risque !
A cette liste, s’ajoute 3A qui a donné son accord sur 15 millions de litres jusqu’à fin 2010 ; le problème de la répartition de ces 15 millions de litres se reposera donc en fin d’année. Notre ambition est que chaque producteur connaisse son affectation début février.

Annus Horribilis pour l’URCVL

Quant à l’URCVL, elle devrait disparaître dans les 3 ou 4 mois qui viennent, le temps de régler les problèmes de logistique et du devenir des salariés.
Au bilan, l’année 2009 aura été «l’annus horribilis» de l’URCVL qui a entraîné avec elle une série de négociations qui nous ont occupés de manière importante en 2009 et début 2010. J’espère qu’à l’avenir, cette situation ne se reproduira pas.
Sur ce dossier URCVL, tout comme sur celui de Via Lacta, la participation politique de Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat chargé de l’emploi, a été une aide pré cieuse pour faciliter les négociations avec les grands groupes laitiers nationaux. Aussi, au nom de la profession, je le remercie de son efficacité et de son implication au quotidien.
Quant à l’engagement concernant les producteurs anciennement collectés par Via Lacta pour la paye du lait du 10 avril au 5 mai 2009, celui-ci devrait prochainement trouver une issue positive.

Reprise des filiales de l’URCVL

Les discussions avec les repreneurs des outils industriels de l’URCVL n’ont pas toutes abouti ce qui oblige à une certaine prudence. Ainsi, au 26 janvier, seule la société Forez Fourme est engagée dans une négociation exclusive avec un entrepreneur, Jean-Pierre Durris. Pour l’usine de la coop de Villefranche-sur-Saône (Rhône), « rien  n’est encore fait ». Sept entreprises, privées coopératives, petites, moyennes ou de grands groupes nationaux sont intéressés et l’URCVL dispose d’une seule offre ferme, indique Laurent Barthès, directeur de l’URCVL. Les projets présentés seront examinés par l’URCVL en privilégiant la reprise des producteurs, de leurs litrages au prix Criel et de la gestion des laits excédentaires. Selon le directeur de l’URCVL, « un choix définitif devrait s’opérer avant la fin février 2010 ». Concernant Graclait, deux repreneurs se montrent intéressés par la partie négoce qui touche à la vente des produits d’entretien et de traite. En revanche, l’activité matériels et service après-vente (froid à la ferme, maintenance des tanks…) est toujours à la recherche d’une solution de reprise. Sur le plan social, une réunion du comité d’entreprise est programmée le lundi 1er février 2010. En l’état des discussions, Laurent Barthès indique pouvoir s’engager sur la reprise de « 30 à 40 salariés ». D’autres pourraient l’être mais c’est l’avancement des discussions avec les repreneurs potentiels qui déterminera le sort définitif des salariés. À la fin mars, le dossier social devrait être bouclé.

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