La FDSEA revendique... un syndicalisme de solutions
De nombreux dossiers évoqués au congrès 2023 du syndicat à Ydes vendredi 10 novembre : prix, aides, protocoles sanitaires, nouvelle filière pour valoriser les génisses du Cantal, engagement, etc.

Être syndicaliste à la FDSEA du Cantal, c'est assurément endosser le rôle de couteau suisse. Et d'abord celui de pompiers lors des crises qui ont une fâcheuse tendance à se succéder. Ce fut le cas, comme l'a rappelé la secrétaire générale Delphine Freyssinier, pour l'épisode majeur de sécheresse en 2022, avec comme résultat 21,6 MEUR d'indemnisations (fonds des calamités et exonérations TFNB). Ce fut le cas encore contre un autre fléau, les rats taupiers, avec une enveloppe (nationale) de 5 MEUR décrochée auprès du FMSE pour indemniser les pertes fourragères. Une victoire "mais maintenant, il faudrait que les sous arrivent !" a-t-elle lancé vendredi lors de l'assemblée générale du syndicat à Ydes. Des versements attendus avec autant d'impatience pour le dédommagement des frais de lutte dont les dossiers 2020 viennent seulement d'être soldés, ceux de 2021 devraient suivre.
Broutard : "On devrait être à 4 EUR !"
Un rôle de Saint-Bernard quand débarque, comme cette fin d'été, une nouvelle épizootie, la MHE (maladie hémorragique épizootique). Avec comme enjeu premier d'éviter qu'au plus fort de la période d'exportation des broutards, le marché ne pâtisse de cette situation sanitaire, "malgré des mouvements de panique, parfois organisés", a pointé Patrick Bénézit, jugeant anormales les perturbations constatées ces dernières semaines. D'autant plus anormales dans le Cantal, qui n'aura jamais été bloqué du fait de la MHE contrairement à ses collègues pyrénéens, grâce aux protocoles sanitaires rapidement négociés avec l'Espagne, l'Italie, le Liban... D'autres sont attendus pour le maigre mais aussi les animaux reproducteurs. L'occasion pour le président de la FNB de préciser que la réouverture du marché algérien est moins soumise à des considérations sanitaires que géopolitiques... plus délicates à appréhender. L'occasion également de faire valoir que malgré ce contexte, l'offre est toujours nettement inférieure à la demande : "Il va manquer 150 000 broutards cette année, on devrait donc être au coût de production, à 4 EUR le broutard, ce qui n'est pas le cas !" Sur ce dossier, Joël Piganiol, président de la FDSEA, a jugé insuffisantes les annonces du ministre Fesneau, et sollicité la prise en charge des tests PCR (impératifs pour la sortie de la zone réglementée et l'export), des conséquences sanitaires de la maladie "qui sévit de manière très forte chez nos collègues des Pyrénées" mais aussi des protocoles plus fluides et prédéfinis, permettant de maintenir les flux commerciaux lors de l'apparition de potentiels nouveaux virus.
Inquiétudes sur le maillage vétérinaire
Être syndicaliste à la FDSEA 15, c'est aussi être lanceur d'alerte quand les engagements ne sont pas tenus. Dernier exemple en date, il y a quelques jours sur le versement du premier acompte des aides Pac 2023 avec des montants de l'aide à l'UGB et de l'écorégime inférieurs de 20 à
30 EUR à ceux attendus. Sur ce point, le préfet a d'abord indiqué que
95 % des aides couplées et 98 % de l'ICHN avaient fait l'objet d'un acompte (110 MEUR pour la ferme Cantal), soit dix points de plus que la moyenne nationale ; à fin novembre, 99,5 % des acomptes seront versés, a-t-il promis, tout en demandant d'attendre le versement des soldes avant de crier au loup. S'agissant des dossiers non mis en paiement (deux selon ses services), il s'est engagé : "À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle."
Être syndicaliste à la FDSEA 15, c'est anticiper : en l'occurrence un maillage vétérinaire avec des trous qui s'élargissent dans la raquette, autour d'Aurillac comme sur le Cézallier. Sur ce sujet, dont s'est aussi inquiété le préfet, une action concertée entre syndicat et ordre vétérinaires, services de l'État, profession agricole mais aussi GDS est jugée nécessaire.
Être syndicaliste à la FDSEA 15, c'est être un acteur indépendant mais pleinement impliqué des filières agroalimentaires en revendiquant encore et toujours une pleine et entière application des lois Egalim basée sur la couverture des coûts de production, seule à même d'assurer et sécuriser le revenu des éleveurs et, de facto, une lisibilité indispensable pour espérer attirer des jeunes et remplacer les 40 % d'éleveurs en âge de prendre leur retraite dans les dix ans.
Génisses "du Cantal" : une filière avec Bigard
Un acteur prêt à répondre aux sollicitations de l'aval dès lors que celles-ci s'appuient sur une contractualisation Egalim-compatible : ainsi, Bruno Dufayet, président de la section bovine du syndicat, a révélé qu'une filière locale était en cours de construction avec le groupe Bigard, leader de l'abattage en France, pour valoriser des génisses de boucherie, croisées voire pures de races rustiques (salers, aubrac) autour de 380-420 kg. "C'est la renaissance de ce qui s'est fait jadis avec Boeuf du Cantal", a relevé l'éleveur mauriacois, précisant que les volumes pourraient être importants, l'abatteur étant particulièrement intéressé par le modèle d'élevage cantalien. La mécanique de calcul du prix intégrera le coût de production des génisses mais aussi le prix des broutardes. "Les démarches contractualisées de finition, porteuses de plus-value, sont par ailleurs moins sujettes aux contraintes sanitaires, comme celles qu'on connaît avec les prises de sang MHE", a-t-il fait valoir. Le dispositif devrait être finalisé très prochainement sachant que les contrats seront signés entre abatteur et éleveurs.
Être syndicaliste à la FDSEA 15, c'est enfin "prendre position, défendre une vision politique partagée", a affirmé son président Joël Piganiol, incitant ses collègues à s'engager pour perpétuer la dynamique d'un réseau local et départemental "qui fait notre richesse". Un réseau invité à se mobiliser le lundi 20 novembre, dans le cadre d'un appel national FNSEA-JA pour dénoncer l'incohérence de l'État qui prône la souveraineté alimentaire tricolore alors que les importations fleurissent dans les rayons et que des accords de libre-échange sont en passe d'être signés.