Grève du lait…
La FDSEA et les JA sondent leur base
Grève du lait, distribution gratuite de lait, une poignée d'agriculteurs "dits indépendants" s'est lancée dans des opérations coups de poings à grand renfort de publicité dans les médias.
Pour expliquer leur retenue vis à vis d'une opération extrême comme la "grève du lait et leur position quant à la suite à donner aux actions syndicales de ces dernières semaines, les responsables de la FDSEA et des JA 43 ont rencontré la presse. Par ailleurs, ils ont lancé un sondage auprès de leurs adhérents pour connaître la position de leur base, à savoir si les producteurs sont prêts ou non à s'engager dans une grève du lait.
Répondez à ce sondage en cliquant sur le lien ci-dessous dans la rubrique "Avertissement".
En début de semaine, une petite poignée d’agriculteurs - dits indépendants - a entamé une «grève du lait» sur le département, ouvrant un tank sous les flashs de la presse locale. Cette opération médiatique a fait couler beaucoup d’encre et poser de nombreuses questions aux producteurs altiligériens.
Voilà pourquoi, les responsables syndicaux, Gilbert Guignand président de la FDSEA, Jean Julien Deygas président des JA 43 et Yannick Fialip président de la section laitière de la FDSEA, ont réuni la presse mardi 18 novembre en fin d’après-midi afin de faire le point sur les 3 dernières semaines ponctuées d’actions syndicales et sur les éventuelles actions à venir, explicitant ainsi leur position sur cette action extrême que peut être «la grève du lait» (voir encadré ci-dessous). Dès aujourd’hui, la FDSEA et les JA lancent un sondage auprès de leurs adhérents producteurs de lait pour connaître leur sentiment sur la grève du lait. Le document ci-dessous est à renseigner et à renvoyer à la FDSEA.
Trois cibles
Les 3 responsables sont revenus sur la chronologie des événements en partant de l’action de masse du 16 septembre 2008, où 20 000 agriculteurs venus de 25 départements du Massif-Central étaient rassemblés montrant ainsi le grand malaise de l’agriculture ; malaise qui n’a cessé de s’amplifier quand les entreprises laitières ont annoncé des baisses de prix du lait de - 70 €/1000 litres pour fin 2008 et - 100 € pour début 2009.
La réaction a été très forte. Les actions ont démarré sur le
département. Gilbert Guignand explique : « On a commencé par le blocage de 2 entreprises laitières à Beauzac et Brioude, pour savoir si leurs intentions étaient réalité ou provocation. On s’est vite aperçu que ce n’était pas seulement de la provocation. C’est pourquoi, notre deuxième cible a été les parlementaires à qui on reproche d’avoir joué un jeu très défavorable pour nous. Ils ont voté la Loi de Modernisation économique qui a facilité la pression de la grande distribution sur les entreprises. Et par ailleurs, la dénonciation de l’accord interprofessionnel sur le prix du lait par la DGCCRF a porté un coup bas et aujourd’hui, on le paie très cher ». Et d’insister : « Je dis que c’est une faute politique ». À cela on rajoute les annonces maladroites de M. Sarkozy à Rennes sur la suppression des quotas et l’augmentation des références de 20 %.
« Voilà pourquoi, la semaine dernière on se retrouvait dans les grandes surfaces à demander une réelle transparence sur les marges ».
Enveloppe insuffisante
Après ces 3 semaines de pression, les annonces de Michel Barnier lors de la conférence sur le revenu, ont à peu près satisfait la FDSEA et les JA sur le type de mesures mais selon eux l’enveloppe est très insuffisante.
Jean Julien Deygas précise deux points positifs : le stockage privé sur le beurre et le porc, et l’observatoire des marges auprès des GMS. « Cet observatoire, nous l’avons demandé et nous suivrons le travail qui en découlera ».
Autre point positif, lié à la mobilisation syndicale, c’est le retour de l’interprofession autour de la table, même si, comme le souligne Yannick Fialip, « on n’arrive malheureusement pas à trouver un accord sur le prix. Mais grâce à nos actions, on a quand même bien avancé puisqu’aujourd’hui on est sur des bases de - 30 €/ 1000 litres pour 2008 et - 45 € pour début 2009 ». Yannick ajoute qu’il n’y aura pas de négociations cette semaine, les entreprises n’ayant pas avancé.
Cette conférence précédait une réunion en préfecture pour faire le point sur la mise en application au niveau départemental, des mesures annoncées par le Ministre.
Questions au 3 présidents
"La grève du lait n'est pas d'actualité"
Qu’est-ce qu’une grève du lait ?
Gilbert Guignand : Les producteurs arrêtent les livraisons de lait à leur entreprise de collecte.
Quelles sont les conditions à réunir pour une grève du lait efficace ?
G.G. : Il faut un engagement écrit de tous les producteurs et de l’ensemble des producteurs français. Il faut donc un mot d’ordre national. L’action doit durer au minimum 10 jours.
Jean Julien Deygas : Si tous les producteurs français arrêtaient de livrer pendant 10 jours, cela ne représenterait que l’augmentation de quotas accordé par l’Europe pour cette campagne, soit 2,5 %.
Yannick Fialip : Il faudrait aussi fermer les frontières françaises.
Quelles sont les conséquences pour les producteurs ?
JJD : Pour un producteur de chez nous avec en moyenne un quota de 150 000 litres, c’est une perte sèche de 1500 à 2000 euros pour 10 jours de grève. Par ailleurs, c’est très dur d’ouvrir le tank, cela revient à travailler pour rien. Et cela peut entraîner des problèmes juridiques pouvant aller jusqu’à des dénonciations de contrats…
Et sur la filière ?
YF : Une telle opération n’aurait aucun effet sur les marchés. Sur nos entreprises, dans un contexte où elles ont assez de lait, l’effet est nul.
Alors pour ou contre cette grève ?
GG : Une des forces de notre syndicat étant la démocratie, on propose à nos adhérents un sondage pour connaître leur position. S’ils se positionnent à 60 ou 70 % pour, on avisera. On se laisse 10 jours de réflexion. Néanmoins, on ne partira pas sans mot d’ordre national.
YF : La grève du lait, c’est comme la bombe atomique, c’est une arme de dissuasion. Quand on part dans une telle action, c’est que tout dialogue est rompu. Ce n’est pas le cas aujourd’hui…