"La défense syndicale, je suis dedans depuis longtemps, et ça me plaît énormément"
À presque 40 ans, Nicolas Merle vient d'être élu au poste de président de la Fédération
Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de Haute-Loire. Portrait.
À presque 40 ans, Nicolas Merle vient d'être élu au poste de président de la Fédération
Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de Haute-Loire. Portrait.
Vous venez d'être élu président de la FDSEA de Haute-Loire. Qu'est-ce qui vous a motivé à accepter ce poste à responsabilités ?
Nicolas Merle : à me porter candidat plutôt… La défense syndicale, je suis dedans depuis longtemps, depuis JA, et ça me plaît énormément. Défendre la cause des agriculteurs pour améliorer leur revenu et leurs conditions de travail, et défendre les agriculteurs tout simplement, voilà ce que j'aime dans cette responsabilité.
Qui est Nicolas Merle, l'agriculteur ?
N.M. : J'ai bientôt 40 ans, et je me suis installé en 2007 avec mes parents en Gaec sur la commune de St Martin de Fugères. Nous avions des vaches laitières et des chèvres sur une petite structure de 60 ha. En 2009 mon frère Jean-Pierre nous a rejoints, et nous avons créé un atelier de transformation du lait avec vente dans les magasins Gérentes. En 2012, ma maman est sortie du Gaec remplacée par mon autre frère Florian et sa femme Laetitia. Nous avions alors 80 vaches laitières et 450 chèvres laitières, élevées sur une surface de 250 ha. En 2021, c'est papa qui est parti en retraite. Aujourd'hui, nous sommes 4 associés et nous élevons 120 vaches laitières pour un quota de 1 200 000 litres de lait. Nous n'avons plus de chèvres suite à un problème sanitaire en 2023. Nous continuons à transformer une partie du lait produit en sarasson et fromages apéritifs, que nous commercialisons dans les magasins Gérentes, entreprise qui nous collecte le reste du lait.
… et le responsable professionnel ?
N.M. : Je suis rentré aux JA sous la mandature de Laurent Duplomb en 2005-2006. J'ai travaillé à la préparation de la Finale Nationale de Labour de 2006, puis je suis entré au Bureau en 2007 où je suis resté membre jusqu'en 2013 environ. En 2014, je deviens administrateur de JA Auvergne avant de prendre la présidence de JA AURA (Auvergne Rhône-Alpes) en 2016, à l'occasion de la fusion administrative des Régions. Je suis resté à ce poste pendant 4 ans, et j'ai travaillé en Commissions syndicales au sein de JA national. Avant d'arrêter chez JA en 2020, à 35 ans, j'ai travaillé aussi avec l'équipe en place à l'organisation de Terre de Jim 2019. À peine sorti de JA, j'ai naturellement adhéré à la FDSEA, avant d'entrer au Bureau dès 2021, pour devenir vice-président en 2022. En dehors du syndicalisme, je suis seulement secrétaire de ma CUMA locale, la CUMA de la Gazeille.
Comme vous, Anthony Fayolle, Guillaume Avinain, Laurine Rousset, Frédéric Pélisse, Aymeric Soleilhac… sont au Bureau de la FDSEA. Passer par la case JA avant de prendre des responsabilités à la FDSEA, est-ce une évidence ?
N.M. : Une évidence non ! La passerelle n'est pas systématique avec la FDSEA, mais c'est vrai que JA est une école de formation du syndicalisme. Même si à JA, on est moins sur les dossiers techniques et plus sur l'événementiel, ça nous met le pied à l'étrier. Chez JA, on a le droit à l'erreur… C'est le début de l'engagement.
Alors c'est vrai que dans cette nouvelle équipe à la FDSEA, beaucoup sont issus des JA, mais pas seulement. Céline Julien, Véronique Roux… sont entrées directement à la FDSEA. S'il est facile de travailler avec une équipe que l'on connaît bien et depuis longtemps, on a aussi besoin de toutes les personnes pour être constructifs, pour apporter des idées différentes et porter la voix du collectif..
Quels sont les grands chantiers qui vous attendent ?
N.M. : On sort de plusieurs mois de forte mobilisation syndicale, et la FNSEA a travaillé sur plusieurs dossiers, que l'on soutient également : BCAE, retraites, surtransposition des normes… On veut une véritable simplification même si on a peu de leviers à actionner au plan départemental. La simplification administrative, on doit déjà l’appliquer à nous-même et absolument contraindre l’administration à simplifier les choses. Exemple le préfet nous a proposé un arrêté sur les écobuages ou brûlage de déchets verts ; nous sommes partis d’un arrêté avec trois pages pour finir à une proposition d’un arrêté de 25 pages : c’est inadmissible.
Nous travaillons, à la FDSEA 43, à la mise en place d'un Contrôle unique ; nous sommes en pleine négociation avec la DDT et le Préfet de Haute-Loire, avec qui nous avons un rendez-vous le 16 avril.
Par ailleurs, toutes les sections de la FDSEA travaillent pour faire avancer les dossiers. Pour exemple, à la section Chasse que je préside, nous avons rendez-vous bientôt avec la Fédération Départementale des Chasseurs avec qui nous devons absolument trouver un accord sur le schéma cynégétique pour une bonne gestion des populations de grands gibiers (sangliers et cerfs), et des prix raisonnables d'indemnisation des récoltes en cas de dégâts. Sur l'environnement, on a créé 2 sections spécifiques dont une pour l'irrigation. Ces sujets-là vont prendre une telle importance, que nous devons impérativement y travailler dès maintenant.
Beaucoup de changements ont été apportés dans les équipes de la FDSEA et ses sections. Néanmoins, ce n'est pas une révolution. Nous allons poursuivre le travail engagé. Nous voulons un syndicalisme de propositions pour une agriculture de productions. Notre objectif est de redonner envie à des agriculteurs de s'installer et de produire comme on sait le faire. On ne partage pas le projet de loi présenté par le Gouvernement, qui semble ne pas nous avoir écoutés nous agriculteurs, ni écouté la population qui nous a soutenus lors de nos manifestations de ce début d'année. Pour nous, la souveraineté alimentaire passe par la production française, a minima européenne, et non par des importations comme le prévoit le PLOA.