Porc
La crise de la production n’est pas terminée
Alors que les observateurs s’attendaient à une sortie de crise dans le courant de l’année, celle-ci sera retardée. L'institut du porc table sur un repli de la consommation dans l'Union Européenne et une chute des exportations vers les pays tiers.

Il y a un mois, l’Institut du porc (Ifip) pronostiquait un prix moyen 2009 de 1,40 €/ pour la carcasse de porc. A l’assemblée générale de la Fédération nationale porcine, qui s’est déroulée à Paris, le 11 juin, Michel Rieu, de l’Ifip, n’en est plus aussi certain. « Il s’agissait d’une prévision optimiste », a-t-il indiqué. Contrairement à ce qui se passe habituellement au printemps, « la demande saisonnière ne s’exprime pas », a-t-il expliqué, les prix qui sont mieux orientés à cette époque-ci ne le sont pas. D’ailleurs les prévisions de prix pour les mois qui viennent chez nos principaux partenaires européens sont en net recul : -3 % au Danemark, -7 % aux Pays-Bas, -9 % en Allemagne. L’inquiétude des éleveurs est d’autant plus grande que le prix de l’aliment, le principal poste du coût de production recommence à augmenter. Ce n’est donc pas en 2009 que les éleveurs vont reconstituer leurs trésoreries.
Pourtant les estimations de production pour 2009 sont négatives, ce qui devrait soutenir les prix. Partout en Europe, le cheptel truie est en baisse, selon l’enquête réalisée au décembre 2008. Surtout dans les nouveaux pays de l’Est.
Eurostat estimait à -2 % en moyenne pour l’ensemble de l’Union européenne le recul des mises en marché en 2009. Avec des évolutions beaucoup plus défavorables, en Pologne et en Hongrie notamment. Ce qui logiquement annonçait une sortie de crise, dans le courant de l’année.
Exportations en chute libre
En fait, depuis l’arrêt des restitutions au mois d’août dernier, les exportations vers les pays tiers se sont effondrées. Notamment en Russie et en Corée, victimes à la fois de la crise économique et financière et de la dévaluation de leurs monnaies.
Les exportateurs ayant dû en plus faire des concessions sur les prix sur les viandes qui étaient néanmoins exportées.
En outre, la consommation de porc dans l’Union européenne n’est pas très bien orientée. Notamment en Pologne et en Hongrie. Et surtout en l’Allemagne où les consommateurs ont fait l’amalgame entre la grippe A et la viande porcine. Ce qui n’est pas le cas en France, ou contrairement aux autres pays, la demande est restée soutenue.
Au bout du compte l’Ifip table sur un repli de 2 % de la consommation dans l’Union européenne et une chute de 15 % des exportations vers les pays tiers en 2009. Ce qui ne peut que retarder la sortie de crise.
Sauf si Bruxelles consentait à remettre des restitutions pour soutenir le marché.
Jean-Michel Serres, président de la FNP, demande une cellule de crise
« Je demande qu’une cellule de crise dans le secteur porcin soit mise en place au ministère de l’Agriculture, dans quelques jours quand le nouveau ministre de l’agriculture sera nommé », a déclaré Jean-Michel Serres, le président de la Fédération nationale porcine. Il n’a pas manqué d’évoquer les difficultés de trésorerie auxquelles sont confrontés les éleveurs de porcs qu’il estime à « 100 000 euros sur deux ans pour un élevage de 200 truies ». Aussi a-t-il plaidé pour que le programme de mise aux normes « bien-être » soit reporté. L’échéance est fixée en 2013, mais compte tenu des retards administratifs (deux à trois ans pour instruire un dossier) et des coûts des investissements, les éleveurs seront dans l’impossibilité de faire le nécessaire.
Pour sa part, Jacques Lemaître, le vice-président de la FNP, n’est pas très satisfait du fonctionnement de l’Observatoire des prix et des marges. « L’observatoire tel qu’il nous est présenté ne nous satisfait pas », a-t-il indiqué. Les indicateurs qui sont actuellement retenus ne sont pas représentatifs de la réalité de la filière, juge-t-il.
Enfin, la FNP a lancé un appel à la Commission de Bruxelles pour qu’elle remette en place des restitutions qui seraient à même de stimuler les exportations et de soutenir le marché. Jusqu’ici, la demande n’a pas eu d’écho à Bruxelles. Les Néerlandais n’y sont pas favorables. Présent à l’Assemblée générale, Wyno Zwanenburg, éleveur de 1000 truies aux Pays-Bas et responsable syndical y est hostile : « C’est une mesure artificielle qui va surtout profiter aux Danois », a-t-il expliqué.