La crise Covid interroge les modes de production et de commercialisation
Les épisodes de confinement bouleversent le comportement des consommateurs et désorganisent les circuits habituels d’écoulement. Si certains producteurs en tirent un petit profit, d’autres sont pénalisés, mais tous reconnaissent la difficulté de s’organiser et de se projeter en ces temps de crise.

Installé sur les hauteurs de Tulle, le Gaec Maugein connaît son premier pic d’activité de fin février à début avril, lors de la commercialisation des plantes bisannuelles, vivaces et des premiers plants maraîchers. Serge Maugein n’oubliera pas de sitôt l’annonce du premier confinement. « Le 16 mars, tout s’arrête. Les jardineries et les marchés ferment, il n’y a plus de transport, notre activité de vente directe doit aussi cesser ». Les trois associés du Gaec bâtissent alors plusieurs stratégies jusqu’à se résoudre à l’idée que le confinement sera long et qu’il faut jeter l’équivalent de 25 000 euros de marchandises, en espérant ne pas rater le deuxième temps fort prévu en avril-mai, pour les plantes estivales et les plants de légumes.
Après trois semaines de confinement total et de lourdes pertes pour la filière, les jardineries commencent par rouvrir en se limitant aux semences et aux plants potagers. Le Gaec Maugein s’organise en conséquence. « Tous les plants maraîchers sont partis très vite. Il faisait beau, les gens étaient à la maison et se sont pris de passion pour le jardinage. On aurait pu écouler plus de volumes, d’autant que certains gros fournisseurs avaient complètement fermé. Mais il était bien difficile d’anticiper une telle réaction ». Les fleuristes et le rayon des plantes d’ornements des jardineries devront attendre le 11 mai pour connaître un retour à la normale qui ne sera finalement que temporaire. À nouveau, le 30 octobre, le couperet tombe. « Ce second confinement tombe encore très mal car il coïncide avec notre troisième pic d’activité annuel de la Toussaint », soupire Serge Maugein. Le Gaec produit beaucoup de chrysanthèmes et commercialise également d’autres plantes d’ornement. Malgré l’obtention d’une dérogation pour que jardineries et horticulteurs puissent vendre jusqu’au jour de la Toussaint, les ventes diminuent et certains produits ne pourront être écoulés. 1 200 pots seront à nouveau jetés.