La crise agricole gangrène les EDT
A l’occasion de leur assemblée générale annuelle, les entrepreneurs de travaux agricoles (EDT)(1) d’Auvergne et du Puy-de-Dôme sont apparus inquiets face à la situation des agriculteurs.
«Nous sommes une va-riable d’ajustement» martèle Patrice Grand, président des EDT d’Auvergne. Alors qu’au dehors la tempête gronde, en ce mercredi 27 janvier, il en est de même au sein de la collectivité des entrepreneurs des territoires. Lors de leur assemblée générale à Brioude, leurs sentiments ballotent entre la satisfaction d’une campagne de récolte réussie et l’inquiétude face à une crise agricole chronique.
Moral en berne
Les Entrepreneurs des territoires subissent également le poids d’une administration toujours plus restrictive. La réforme du CIPP (certificat individuel pour l’emploi de produits phytopharmaceutiques), l’encadrement du taillage des haies et l’inéligibilité des entrepreneurs à la prime d’activité, renforcent le sentiment d’un État à contre-courant des entreprises. «Ces réformes conjuguées aux crises sanitaires et agricoles fragilisent nos structures. Nous bloquons nos prix d’intervention depuis plusieurs années alors que l’investissement en matériels ne cesse d’augmenter. Les Entrepreneurs des territoires sont là pour apporter des solutions aux agriculteurs alors que les aides financières et administratives s’amenuisent ».
De même les entrepreneurs doivent supporter les difficultés de trésorerie de leurs clients ; en témoigne Christian Jean, président des EDT de Rhône-Alpes. «Nos clients peinent aujourd’hui à nous payer. Nous devons souvent jouer à la banque et accepter des reports de paiement pour ne pas les perdre. C’est une situation difficile, à la fois pour nous, mais aussi pour les agriculteurs. Nous sommes bien plus heureux de travailler lorsque le prix des céréales est au-dessus de 150€ la tonne !»
Une fusion au pas de tortue
Outre la crise, l’assemblée générale des EDT d’Auvergne a permis de faire le point sur le grand sujet de cette nouvelle année : la fusion régionale. A l’heure où tout le monde s’affère à se marier avec ses voisins, les présidents des EDT des deux régions ne sont pas pressés de s’unir. Non qu’il n’y ait pas d’affinités entre les deux structures, Patrice Grand et Christian Jean tiennent à conserver un esprit d’individualité pour mieux servir leurs adhérents. «Imaginez si je devais de l’Isère aller jusque dans l’Allier pour rencontrer un entrepreneur ? Nous ne voulons pas perdre la proximité» explique ce dernier. Effectivement, entre les deux territoires les routes sont longues et tortueuses. C’est pourquoi, les deux présidents pensent à créer une seule et même structure, mais conserver leurs deux sièges, souligne Patrice Grand. «Dans un premier temps, nous mettrons sans doute en place une co-présidence. Par la suite, nous fusionnerons ces deux postes. C’est encore à l’étude. »
Avec environ 150 adhérents de chaque côté et des activités similaires, le rapprochement entre les deux structures devrait se réaliser sans heurt.
(1) EDT : Entrepreneurs des territoires ex-ETARF : Entrepreneurs des travaux agricoles, ruraux et forestiers.